DNA a écrit :Un sage en hiver
Indispensable rouage défensif du Racing, Rodrigo a retrouvé son meilleur niveau après une légère période de creux. Le Brésilien, pour la première fois confronté au froid, ne se laisse pas défriser. Il compte même boucler l'année en beauté, demain à Caen.
C'est une scène assez hallucinante qui s'est jouée hier matin, du côté d'Ittenheim. Alors que le soleil peine à déchirer la couche de brouillard givrant, le mercure flirte avec les 7° C. En-dessous de zéro.
Sur la pelouse synthétique du petit club amateur, une armée gantée et coiffée de bonnets noirs s'ébroue dans le froid. Le Racing, dépourvu d'équipements adéquats en cas de gel à la Meinau, est à pied d'oeuvre.
« Les jours les plus froids de ma vie »
L'hiver s'est installé un petit peu avant l'heure. Et certains tombent des nues. « Ce sont les jours les plus froids de ma vie, raconte Rodrigo. Dans le vestiaire, on en a rigolé. J'ai demandé quelques conseils. On m'a répondu qu'il n'y a pas de recette, à part bien s'habiller et rester chez soi ! »
Cette sympathique matinée dans la campagne alsacienne constitue en quelque sorte un bizutage pour le natif de Sao Bernardo, quartier de la mégalopole brésilienne Sao Paulo. Wason Renteria, autre Sud-Américain non rompu à la rudesse hivernale, est, lui, resté au chaud, en raison d'un genou douloureux. Quant à Alvaro Santos, il ne craint plus les températures négatives depuis son passage, six saisons durant, en Suède et au Danemark.
« Alvaro, il aura du mal quand il s'agira de rentrer au Brésil, s'amuse son compatriote. Moi, quand j'ai débarqué en Europe, en 2000, c'était à Athènes. Puis je suis resté trois saisons à Ajaccio, où le temps n'est guère différent. Ici, c'est une autre histoire... »
Pour l'heure, les avatars du climat n'ont pas de prise sur le moral du milieu récupérateur. D'autant qu'il filera dare-dare après la rencontre de Caen passer les fêtes de Noël en famille, bien au chaud. Cette douce perspective n'altère en tout cas pas sa motivation, lui qui compte terminer « l'année en beauté » à Michel-d'Ornano.
Il n'a pas manqué une minute depuis août
Joueur le plus utilisé par Jean-Marc Furlan - en compagnie de Cassard et Paisley, il a disputé dans leur intégralité les dix-huit rencontres de L 1, plus celle en Coupe de la Ligue -, Rodrigo se verrait bien refroidir les ardeurs des Normands, qui restent quand même sur quatre victoires en cinq sorties. « Caen est actuellement en pleine réussite, ce qui doit nous motiver encore plus », dit-il.
Revenu à son meilleur niveau après un petit passage à vide - à l'image de ses deux bévues contre Paris début novembre -, le sommet du triangle défensif ratisse à nouveau un nombre astronomique de ballons. Et contribue grandement à restaurer l'équilibre d'une équipe qui n'a pas encaissé de but ces deux dernières journées.
Elevé à l'école Scolari, son entraîneur à Palmeiras, Rodrigo se garde bien de se mettre en avant. « J'essaye d'être le plus régulier possible, consent-il à dire. L'important, ce n'est pas mes prestations, mais celles de l'équipe. »
Prémunir les siens contre un coup de froid
Homme de l'ombre, le garçon âgé de 27 ans est quand même touché, de temps à autre, par la grâce. Ou tout du moins un petit rayon de lumière. Comme à Lille, en octobre dernier, où il avait ouvert son compteur but en Ligue 1 d'une superbe reprise aux trente mètres. Ou encore contre Rennes, l'autre samedi, où il avait offert à Alvaro le troisième but de la soirée.
Celui qui compte 100 matches en Ligue 1 depuis dimanche dernier n'en fait pas une affaire. Fidèle au discours du coach, Rodrigo ne parle que de « travail » pour assurer « l'objectif maintien. »
Face à Nivet ou Gouffran qui croiseront son chemin, demain soir en Normandie, le Brésilien tâchera juste de remporter ses duels et de protéger son but. Histoire de prémunir les siens contre un coup de froid. Un comble pour un Sud-Américain.