DNA a écrit :Krebs est devenu grand
Remarqué par Hasek, lancé par Duguépéroux et oublié par Papin, l'ancien grand espoir strasbourgeois a franchi le Rhin pour redonner un sens à sa carrière. A Siegen, en Regionalliga d'abord. A Hanovre, en Bundesliga, aujourd'hui où il a trouvé sa place.
Il ne faudrait pas s'y tromper, s'arrêter aux frêles apparences. C'est que derrière ses yeux immenses et son gabarit de boxeur poids plumes (1,65 m pour 55 kg), Gaétan Krebs cache une force de caractère que son physique ne dit pas d'emblée. Il y a deux saisons, il a osé le plus casse-gueule des paris pour un jeune espoir du foot en s'exilant à l'étranger. A Siegen, en troisième division allemande, la Regionalliga, où croisent vieux briscards allemands, jeunes Français frontaliers et une flopée de joueurs de l'Est qui rêvent tous d'être repérés par un club de l'Elite. Il a débarqué là -bas avec son amie Mélanie, aujourd'hui à ses côtés à Hanovre. Parce qu'à deux c'est quand même mieux. « Tout le monde me disait de ne pas y aller, que là -bas j'allais m'enterrer, explique-t-il doucement. Même ma mère était contre. Mais bon, moi je ne jouais pas au Racing alors je me suis dit qu'il fallait saisir toutes les opportunités. Siegen en était une. L'important pour moi était de jouer, de pouvoir montrer ce que je valais ».
Un an, 12 buts et 9 passes décisives plus tard, c'était chose faite. Devenu l'un des chouchous des quelque 7 000 à 8 000 spectateurs ( !) qui peuplent le Leimbachstadion, Gaétan Krebs attire l'oeil des recruteurs. Cologne lui fait des appels du pied, mais c'est Hanovre qui emporte l'affaire en lui offrant deux ans (plus une année optionnelle) de contrat et un peu plus de 400 00 € au Racing. Un club qui avait fini par l'oublier à force de le voir tous les jours. « Je ne sais pas bien ce qui s'est passé avec Strasbourg, explique le Mulhousien qui aura disputé deux matches de championnat, un de coupe de la Ligue et quatre de coupe UEFA sous le maillot bleu. Quand le club est descendu en L2, je me suis dit que j'aurais ma chance, mais Papin est arrivé et avec lui c'était comme si j'étais transparent ». Ce Racing est, on le sait, souvent ingrat avec ses enfants, fussent ils prodiges. Le petit dribbleur, passeur et organisateur de jeu loué par ses entraîneurs (« Il a survolé le CFA comme personne ne l'avait fait ces dix dernières années », avait dit de lui François Keller un jour) ne fait pas exception à la règle. Et c'est hors des frontières de l'Alsace qu'il se révélera.
Avec ses faux airs de Reynald Pedros, Gaétan Krebs (21 ans) a donc débarqué sans bruit dans le nord de l'Allemagne, au sein d'un club qui se construit en première division allemande. A son rythme. Comme lui finalement. « Oui, cette première année j'apprends, dit-il. Je suis arrivé blessé et il a fallu que je m'adapte à la cadence de la Bundesliga. J'ai été régulièrement appelé dans le groupe et joué huit matches dont quatre comme titulaire. J'aimerais bien que ça aille plus vite évidemment, mais il faut savoir être patient même si ce n'est pas ma grande qualité ». Huit matches jusqu'à avant-hier. Neuf depuis mercredi soir et la rencontre gagnée 3-0 à Rostock à laquelle il a participé en rentrant à la 81e'. Plus que pas mal pour une première année au plus haut niveau. D'autant que sa progression a été ralentie par les blessures, entrecoupée de plages de temps morts. « J'ai disputé mon premier match à Rostock face à Dorn et après j'ai été titulaire contre le Werder à la maison », explique l'ancien stagiaire du centre de préformation de Madine. Evidemment, de ce match il se souvient. De tout. « On avait gagné 4-3, c'était le derby, c'était énorme. Il y avait 50 000 spectateurs. J'ai à nouveau été titulaire le week-end suivant contre Cottbus et puis il y a eu la trêve d'hiver. Je n'ai pas pu enchaîner, même si j'ai rejoué contre le Bayern à domicile (0-3) et à Bochum (1-0). Je me suis blessé aux adducteurs et à mon retour au ménisque après un choc avec le gardien de Leverkusen ».
Depuis un mois, il est à nouveau opérationnel. Prêt à débouler sur le côté gauche, prêt à provoquer l'adversaire à coups de crochets courts. Et donc à nouveau régulièrement dans le groupe en plus des « piges » effectuées en semaine avec la réserve qu'il faut amener dans les 5 premiers en Oberliga (4e division). Après s'être coltiné les stars de l'AS Roma avec le Racing, les âpres joutes de la Regionalliga avec Siegen, Gaétan Krebs goûte sans modération aux ambiances de feu de la Bundesliga. « Ici, c'est extraordinaire, s'enthousiasme-t-il. Tous les stades sont neufs, bondés les jours de match et tout est fait pour que les joueurs soient bien ». La vie de pro dont il rêvait depuis ses débuts au FC Sentheim. La preuve qu'il ne faut jamais laisser ses rêves filer...
ESpérons que ses blessures le laissent tranquille ... Sa fragilité est une des raisons pour laquelle on ne l'avait pas gardé je crois ...