L'Alsace a écrit :Herzog serre la vis
Avec la relégation en L2, le directeur général du RCS va devoir accélérer la politique de réduction des dépenses qu'il a initiée à  son arrivée en janvier 2006. Une mission ingrate qui ne le rend pas forcément populaire. Mais il assume.
Il a beau le nier farouchement, estimant que l'affirmation ne repose sur rien. Mais Jean-Luc Herzog ne jouit pas toujours d'une grande cote de popularité au Racing. Depuis son arrivée en janvier 2006, le directeur général du RCS a fait de la réduction des dépenses son cheval de bataille. Pour justifier son action, il s'appuie sur la caution du président Philippe Ginestet, qui lui a assigné cette mission.
Jean-Luc Herzog, le Racing va devoir réduire son train de vie. Or, c'est à  vous, le directeur général, qu'incombent certains arbitrages. Ne jugez-vous pas votre mission ingrate ?
Mon rôle est de mettre en route des équilibres budgétaires qui sont malheureusement le plus souvent des déséquilibres budgétaires. Depuis qu'il a repris le club, le président Philippe Ginestet n'a cessé d'injecter de l'argent pour que le Racing s'en sorte financièrement. Si nous n'étions pas descendus, nous aurions pu en 2008-2009 tabler pour la première fois sur un équilibre entre dépenses et recettes, hors vente de joueurs. Les ventes nous auraient permis d'investir. Malheureusement, la relégation met tout par terre. Une fois encore, ces ventes vont servir à  couvrir le déficit (6 millions pour 2007-2008), pas à  financer la construction du Racing. Entre cette saison plombée par la relégation, celle que nous allons passer en L 2 et celle, si nous remontons, qui ne sera qu'une saison de consolidation, nous allons perdre 2, voire 3 ans dans notre projet. C'est très embêtant.
« 2 millions de déficit en 2008-2009 »
Avoir rehaussé le budget de 28 à  32 millions à  l'automne (avec un objectif réévalué de la 15e à  la 11e place) n'était-il pas une erreur ?
À l'époque, nous étions 6es ou 7es et viser une 11e place paraissait d'autant moins incongru que sur les 10 dernières années, les équipes ainsi positionnées à  cette époque de l'année avaient fini dans la première moitié du tableau. Malheureusement, les stats apportent parfois leur lot de désillusions. Aujourd'hui, il nous manque 6 millions, essentiellement à  cause de recettes télé inférieures.
D'où une nécessaire austérité…
Les premières restrictions budgétaires datent de deux ans. À mon arrivée, le club était en L 1. Quatre mois plus tard, il était relégué. À l'époque, nous avions procédé à  certains ajustements, mais ils avaient été plus limités que cette fois. Parce qu'une 2e descente en deux ans entraîne nécessairement des ajustements plus importants.
Si vous ne vendez pas pour 6 millions avant le 30 juin, les actionnaires devront-ils remettre de l'argent ?
C'est une solution transitoire en attendant de réaliser les ventes. Mais attention, vendre ne signifie pas déshabiller l'équipe. Avec 2 ou 3 ventes, nous devrions pouvoir boucler notre budget. Mais la saison en L 2 génère un problème supplémentaire.
Précisément. Parviendrez-vous à  réduire le budget de 32 à  18 millions sans déficit (1) ?
Soyons clairs : nous serons en 2008-2009 en situation d'exploitation déficitaire, avec un trou de 2 millions, hors vente de joueurs (Ndlr : avant le 30 juin 2009).
Jean-Marc Furlan pourra-t-il composer avec des moyens restreints ?
C'est un garçon intelligent. Il connaît les conséquences financières d'une relégation et accepte les contraintes comme je les ai acceptées en venant au Racing. Je cumule les fonctions de DG, de directeur financier et de directeur du marketing pour permettre au club de faire des économies. Nos fonds propres sont à  zéro, notre capacité d'investissement aussi. J'aimerais tellement dire à  tout le monde : « On peut faire ça. » Croyez bien que je suis plus embêté de dire : « Je ne peux pas. »
Est-ce pour cette raison que vous renvoyez une image austère au sein du club ?
C'est vous qui le dites. Moi, je ne le crois pas. Mais dans toute entreprise, un directeur général qui ne distribue pas l'argent à  tout va n'est jamais très populaire, même si ce terme ne veut rien dire. Le conseil d'administration et les actionnaires valident une politique adaptée aux moyens. Ma mission est de la mettre en place. Je dis toujours qu'un club de foot est un iceberg. L'effectif pro n'en est que la partie émergée. Mais la partie immergée - le travail de fond - est primordiale. La gestion d'un club ne répond pas aux standards d'une entreprise classique, parce que certains éléments fluctuants, comme le classement, ne sont pas maîtrisables.
La remontée immédiate ne l'est pas davantage…
Il est évident qu'il ne faudrait pas rester une 2e saison en L 2. Nous serions alors pris dans un cercle vicieux, avec l'obligation de recruter des joueurs moyens, donc d'amoindrir nos chances de remonter, à  l'image de Bastia, Montpellier ou Guingamp. Nous risquerions de rentrer dans le rang.
(1) Le budget 2008-2009 sera présenté devant la DNCG le 19 juin.
Economies tous azimuts
Masse salariale : de 9 à  5 millions. Le principal poste budgétaire visé par les réductions drastiques de la saison prochaine est évidemment la masse salariale joueurs, de 9 millions en 2007-2008. « L'objectif est de la ramener à  5 millions », annonce Jean-Luc Herzog. « Nous devons ajuster l'effectif à  la réalité de la L 2. » 
Un stage à  moitié prix. Le RCS se rendra du 25 juin au 4 juillet à  Amphion-Publier (Haute-Savoie). Le standing du lieu d'hébergement de Jean-Marc Furlan et ses hommes sera moins reluisant qu'auparavant. « Le stage coûtera deux fois moins cher que les précédents », ne cache pas le DG. «Toute la saison, nous allons nous efforcer de réduire les frais de déplacement. L'équipe voyagera en bus pour les destinations les plus proches (Sedan, Troyes, Reims, Dijon, Metz). Le TGV est également envisageable, de même que l'utilisation plus fréquente de lignes aériennes régulières. Mais pour les déplacements lointains, nous ferons toujours affréter des avions privés. En L 2, beaucoup d'équipes voyagent en bus. La catégorie hôtelière va aussi changer de standing. » Il y a quelques saisons, l'OGC Nice, en proie à  des soucis financiers, avait rogné ses frais de déplacement et économisé 300000 en un an. « Nous espérons épargner une somme de cet ordre », confirme J.-L. Herzog.
Des coûts d'organisation inférieurs. Avec la relégation, la fréquentation populaire diminuera à  la Meinau. Par ricochet, la logistique déployée pour les matches sera revue à  la baisse. « Une baisse qui concernera le nombre de caissiers, de stadiers, d'hôtesses, certaines prestations aussi », souligne le directeur général.
Centre de formation : de 3 à  2,5 millions. Il y a quelques années, le coût du centre de formation avoisinait les 4 millions. Un train de vie que Marc Keller avait entrepris de réduire par paliers. Le mouvement s'est accéléré ces dernières saisons. Cette année, le coût de fonctionnement du centre était de 3 millions, contre 3,5 en 2006-2007. Il descendra à  2,5 en 2008-2009.
Une voilure déjà  réduite. La direction du RCS n'a pas attendu l'officialisation de la descente pour tailler dans les budgets. Jean-Luc Herzog a ainsi refusé un stage à  Marcoussis pour préparer le match du RCS à  Paris le 2 avril. La location du centre technique national du rugby durant 4 jours aurait coûté 35000 . Le repli sur les installations plus modestes de Saclay a permis une économie de plus de 15000 . De même le directeur général du RCS a-t-il opposé une fin de non-recevoir à  la requête de Jean-Marc Furlan de faire installer des filets pare-balles autour des terrains d'entraînement. « Ça coûte 40000 E. A ce prix-là , je préfère perdre quelques ballons. »  
 Pas de plan social
 
Pas de plan social
Jean-Luc Herzog le certifie : la relégation n'aura aucune conséquence pour les quelque 30 salariés. « Le secteur administratif, qui est déjà  en flux tendu, ne sera pas concerné par la réduction de voilure. Nous ne taillerons pas dans les emplois. Les gens le savent. Des clubs, comme Nantes, ont été plus durs dans leur façon d'appréhender la L 2 (Ndlr : certains salariés y ont été licenciés). Il n'est pas neutre de préserver les emplois et d'essayer de trouver d'autres solutions pour résorber le déficit. »
Stéphane Godin