DNA a écrit :Une si longue attente
L'accès au stade de la Meinau a pu se révéler une drôle de galère les soirs de match, depuis le début de la saison. Malgré des affluences logiquement en baisse en raison de la relégation, il y a des problèmes de transit aux entrées. C'est grave docteur ?
En Alsace, c'est la sortie sportive récurrente numéro un. C'est un rituel bimensuel auquel se consacrent quelques milliers de régionaux. Mais on semble en passe de leur ôter le goût du plaisir pour un problème d'organisation. Depuis le début de la saison, la présence massive de spectateurs aux grilles de la Meinau, quelques minutes avant le coup d'envoi, interpelle l'observateur. L'impression se révélerait assez subjective, selon la voix officielle du club. Si le retardataire s'inquiète de ne pas entendre le premier coup de sifflet de l'arbitre, il ne le devrait qu'à un mauvais timing dans sa soirée.
« Comme on va prendre l'avion... »
« En fait, on peut considérer que l'on va assister à un match comme on va prendre un avion, souligne le directeur général du Racing, Jean-Luc Herzog. Si on arrive cinq minutes avant le décollage, il y a des chances de rater son vol. L'entrée au stade est soumise à certaines mesures de sécurité. » Effectivement, le supporteur lambda doit se soumettre à une habitude contrariante depuis que quelques écervelés ont choisi de faire du stade le champ d'expression de leur violence : la traditionnelle palpation et la fouille de ses effets personnels. Et si des hordes d'amateurs de L 2 pointent le bout du museau à la dernière minute, cela peut provoquer quelques bouchons rue de l'Extenwoerth. « On constate le même phénomène sur le parking, poursuit Jean-Luc Herzog. Quelqu'un qui arrivera une demi-heure avant la rencontre n'aura aucun souci pour accéder à sa place. » Au regard de quelques constats aussi spontanés qu'aléatoires, on demande à voir. Mais il existe tout de même une absurdité pour les suiveurs du Racing ayant fait l'acquisition de leur place à l'avance. Ils doivent se consacrer à une attente liée aux effectifs allégés de stadiers derrière les grilles. Du côté du Racing, on finit d'ailleurs par admettre qu'en terme d'accueil au stade, comme dans toutes les activités liées de près ou de loin au club, la relégation a correspondu à une drastique réduction de la voilure. Un stadier plutôt expérimenté témoigne : « A tous les niveaux, on peut considérer qu'il y a eu une réduction de moitié des effectifs. Cela concerne le nombre de caisses ouvertes, mais aussi les gens qui organisent l'accès du stade. Et ce sont eux qui se retrouvent en première ligne pour l'accueil du public. »
Le fiasco du 1er août
Avec, on s'en doute, quelques noms d'oiseau récoltés au regard d'une absurdité : remplir jusqu'à la gorge un stade de 26 000 places prendrait autant de temps que de se consacrer à une demi-jauge. Du côté du club, on ne nie pas. « On adapte, on fait des études par rapport aux habitudes des spectateurs et on déploie des moyens humains en fonction des besoins », indique Christophe Krebs, le monsieur sécurité à la Meinau. Pour évoquer plus précisément le point sensible du passage des grilles, confié à la société Access, c'est un effectif de quarante personnes qui se consacrent à laisser entrer les flots de spectateurs. « Cela donne des entrées au compte-gouttes », explique-t-on dans une profession dont la rétribution moyenne individuelle pour une rencontre est de l'ordre de 30 à 35 euros. Depuis le fiasco du 1er août, qui a conduit des spectateurs à rebrousser chemin devant les files d'attente, les scènes désespérantes pour les amateurs d'avant-match confortables se font plus rares. « On a pris des dispositions supplémentaires par rapport à ce qui est arrivé ce soir-là », avoue Jean-Luc Herzog, qui met en avant des impératifs économiques compréhensibles, mais contestables. « On pouvait compter sur une moyenne de 20 à 22 000 spectateurs la saison passée, 12 000 cette année. Il est logique que nous agissions en proportion. Et pour les 26 ou 28 000 face à Lens, toutes les portes seront ouvertes. » On pourra simplement noter que le prix des places, lui, n'a pas été divisé par deux. Mais on sait également que la relégation ne frappe pas uniquement le portefeuille Racing au niveau des affluences. Il le fait surtout au niveau des droits télévisuels. En quelque sorte, le spectateur de la Meinau doit (un peu) payer à travers son inconfort pour le téléspectateur qui, via Eurosport alors que cela aurait été le cas à travers Canal + et Orange en L 1, ne paye pas.
De 15 à 30 000 euros par match
Au final, l'organisation d'un match en termes humains s'élève à une somme variant de 15 à 30 000 euros. Il est un problème néanmoins plus sensible que de tester la patience de l'amateur de football pro en Alsace. Dans l'enceinte même de la Meinau, ce souci d'économie a conduit depuis sept semaines et cinq matches - quatre en championnat et un en coupe de la Ligue, qui, au passage, malgré l'incroyable chambrée de 4 587 spectateurs, a donné lieu à des queues aux entrées - à déployer un nombre bien moindre de stadiers. Ils sont le plus souvent un ou deux ( !) à encadrer un quart virage et les brigades volantes de quatre ou cinq sont privilégiées pour éventuellement jouer les pompiers de service aux endroits sensibles. Encore heureux, au final, que l'engouement populaire, toujours susceptible de donner lieu à une partie de bourre-pif improvisée, demeure tout relatif jusqu'à présent. Et que le seul incident significatif, relevé le 29 août avec une exaction raciste d'une trentaine de suiveurs, ait eu lieu en dehors du stade.
François Namur