Janin ne dit rien
Comme à son habitude, le technicien strasbourgeois s'est montré peu loquace durant toute la semaine de préparation sur ses intentions tactiques. Il est confronté à de nombreuses absences et dispose d'un choix limité.
« Si Ledy avait été dans le groupe, Brahmia l'aurait aussi été. » C'est en substance le seul indice que Janin a bien voulu divulguer, hier, au terme de l'ultime entraînement organisé à Munster. Seize joueurs étaient encore au vert, la nuit dernière, mais le jeune milieu appelé dans le groupe pro n'en était pas. Marcos non plus.
Le Brésilien paye ses récentes productions bien ternes, ainsi que le retour dans le groupe de Bezzaz, combiné à la première apparition de Maire. S'il est donc resté muet sur ses intentions, l'entraîneur strasbourgeois n'a eu de cesse d'évoquer sa volonté de changement.
Le schéma tactique pourrait évoluer vers la reconstitution d'un milieu à trois récupérateurs, Bah, Lacour et Rodrigo. En pointe, Fauvergue est favori pour jouer les cow-boys solitaires. A droite, Khiter dispose encore d'un peu de crédit mais Gargorov peut être une alternative envisageable. En défense, en l'absence de Sikimic, Abadie et Fanchone, il n'y a guère l'embarras du choix.
Caen confiant
Dans les rangs normands, les absents ne manquent pas non plus. Franck Dumas devra revoir ses plans avec les blessures de Deroin et de Proment notamment. L'entraîneur caennais récupère en revanche Yatabaré, l'international espoir, absent depuis la fin du mois d'août.
Devant, l'ancien Strasbourgeois Kandia Traoré devrait continuer à être préféré au prometteur Julien Toudic (6 matches, 2 buts cette saison), traditionnel joker normand. Invaincu, le technicien malherbiste ne cache pas ses ambitions avant de rendre visite au dernier.
« S'ils en sont là , c'est qu'ils ont des problèmes, a déclaré Dumas à propos des Strasbourgeois. A nous d'en profiter. » Le classique 4-2-3-1 sera déployé dans cette intention.
DNA a écrit :A la lueur des cierges
Dans un stade de la Meinau qui va sonner le creux et une ambiance globalement viciée, le Racing espère, tout à l'heure, raviver la flamme de l'espoir. Face au co-leader caennais, imperturbable jusque-là , la vacillante lanterne rouge est dans l'obligation de décrocher sa première victoire de la saison. Faut-il croire au miracle?
Assurément, les hommes de Pascal Janin ont bien fait d'aller prendre l'air ces trois derniers jours dans la vallée de Munster. Au moins leurs oreilles ne sont-elles plus exposées aux moqueries qui circulent actuellement autour des zincs, à l'heure de l'apéro, et un peu partout à travers la ville.
Là haut, « dans ce cadre champêtre qui favorise la cohésion », aux dires de Nicolas Fauvergue, l'accueil est chaleureux, l'hôte sait se montrer indulgent. Ici bas, en revanche, le club-phare du sport alsacien est devenu la risée de tous.
A force de rire jaune, les plus fidèles suiveurs ont fini par se lasser
L'histoire du chien de supporteur qui hurle à la mort dans les travées de la Meinau à chaque but encaissé par le Racing, et dont le propriétaire ignore la réaction quand son équipe favorite trouve à son tour le fond des filets, puisqu'il ne l'a « que depuis deux ou trois ans », fait un carton.
Certes, il s'agit là d'un mauvais procès. Bien que dernier, le Racing a inscrit deux buts de plus que son adversaire normand, par exemple. Qu'importe. Le blagueur soigne son effet. « Ouh ouh ouh, et trois à zéro » : éclats de rire général garantis.
Celle de l'écolier qui invente un métier impudique à son papa, parce qu'il a « trop honte de dire qu'il est footballeur au Racing », a constitué l'autre succès de la rentrée. Bref, on se bidonne et se gausse de la mauvaise fortune des Bleus.
Devant tant d'avanie assumée, les dirigeants ont fort courageusement adopté la politique de l'autruche. C'est bien simple : plus rien ne dépasse. «Surtout, faites comme si nous n'étions pas là ...»
Mais à force de rire jaune, les plus fidèles suiveurs ont fini par se lasser. Trois associations de supporteurs, dont les UB 90 qui animent en toute circonstance les soirées menoviennes, ont lancé un appel au boycottage.
Celui-ci est dirigé, en vrac, contre toutes les composantes du club. Pour la première fois depuis sa prise de fonction, en décembre 2005, le président Ginestet est aussi directement visé. Comme quoi, les responsabilités ne peuvent être éternellement délayées derrière un opaque rideau de fumée.
C'est donc dans ce contexte un brin tendu que capitaine Lacour et les siens vont s'échiner à remporter leur premier succès de la saison, en clôture de cette 8e journée. Qui plus est contre la troupe de Franck Dumas, dont la qualité principale réside dans son assise défensive, la plus sûre du championnat avec ses deux minuscules buts concédés.
« On n'est pas favori », dit lucidement Pascal Janin, entraîneur anormalement serein alors que son équipe a déjà pris quinze "pions" dans le buffet. Tout au long de la semaine, ses hommes ont en tout cas témoigné de leur esprit de revanche et de leur soif de combat. Le coach a prévenu qu'il y aurait du changement, sans jamais dévoiler ses plans.
« Les plus importants dans un club, ce sont eux, les joueurs »
« Je souhaite jouer avec mes convictions, mais quand ça ne fonctionne pas, il faut savoir changer, a-t-il reconnu. Il n'y a pas qu'une seule façon de jouer au foot. On doit privilégier celle qui rapporte des points. Tant pis pour le jeu. Mais je ne suis sûr de rien. »
La franchise de Janin est touchante. L'homme sait que sa mission peut s'interrompre brutalement ce soir. Mais il garde une foi intacte en ses hommes. « Je leur ai rappelé que les plus importants dans un club, ce sont eux, les joueurs, martèle-t-il. Dans les moments difficiles, on aurait besoin du soutien de tous. Mais on peut gagner devant des tribunes vides. »
A la lueur des cierges, les Strasbourgeois marchent en procession vers un improbable exploit. Le seul élément qui puisse interrompre cette douloureuse descente aux enfers. Le Racing vaut mieux que cela. Et si on arrêtait de rire ?
C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches. Victor Hugo
Être riche, c'est avoir suffisamment de nourriture pour toute l'année Paysan Népalais
Tout ce qu'ils veulent c'est une France qui ferme sa gueule Dub Inc