Julien Fournier

[argueti]

Julien Fournier sort de sa réserve

Le toujours PDG du Racing a accepté hier de briser le silence qu’il s’imposait depuis plus de quinze jours, annonçant la tenue d’un conseil d’administration en principe ce lundi à 18 h.

Son téléphone sonnait dans le vide depuis plus de deux semaines. Hier, Julien Fournier, de retour à Strasbourg, a reçu « L’Alsace » durant une heure dans son bureau de La Meinau. Le PDG est apparu calme, mais plus déterminé que jamais. Il campe sur ses positions et place en tête de ses préoccupations les intérêts du club et sa protection juridique et pénale.

Julien Fournier, pourquoi avoir gardé le silence depuis plus de deux semaines ?

On m’a oralement signifié qu’on allait me licencier (Ndlr : le lundi 28 décembre). La DNCG en a même officiellement été informée par l’actionnaire majoritaire Alain Fontenla. J’ai bêtement attendu ma lettre de licenciement. Je ne l’ai toujours pas reçue. J’étais sur mes gardes. Je ne voulais pas que soit fait n’importe quoi. J’ai fait en sorte qu’il n’y ait aucun mouvement de fonds au club.

Ça répond à l’interrogation de l’administrateur Nicolas Wiltberger qui, dans un courrier qu’il vous a adressé, réclame des explications sur « les paiements les plus significatifs »…

Nicolas Wiltberger m’a devancé. Je suis en train de convoquer un conseil d’administration pour le début de semaine, probablement lundi à 18 h. Le délai de convocation est en théorie de cinq jours. Mais si tous les administrateurs sont présents, ce CA peut être organisé avant.

« Pas question de signer une délégation »

Vous avez rencontré Christophe Cornelie ce samedi. Lui avez-vous signé la délégation de pouvoir qu’Alain Fontenla attend de vous ?

Jamais de la vie. Pas plus aujourd’hui (hier) que depuis mon arrivée le 4 décembre. Il n’en est pas question.

En sera-t-il question lors du prochain CA ?

C’est peu dire que j’attends beaucoup de ce conseil. Je suis un légaliste. Alain Fontenla est mon patron. S’il décide de me couper la tête, je n’y peux rien. C’est la vie. Mais si délégation de pouvoir il doit y avoir, c’est parce que le conseil d’administration l’aura décidé. Le club traverse une telle crise de gouvernance que la délégation de signature doit être l’objet de discussions en CA. En attendant, toutes les décisions communiquées par le club, comme l’arrivée du coach-adjoint Cyril Serredszum ou du recruteur Jean-Luc Witzel, ne pourront être mises en œuvre. Tant que j’aurai les pouvoirs, il n’y aura pas d’embauches.

Pourquoi Fontenla ne vous a-t-il pas encore licencié ?

Je l’ignore. J’ai montré mon désaccord à l’actionnaire sur la politique qu’il compte mener, mais je ne suis pas dans le blocage et l’opposition systématiques. Mon état d’esprit, c’est d’assurer la continuité du club. De ce CA, j’attends un débat constructif. Les états d’âme, les miens compris, n’ont aucun intérêt et devront être mis de côté, le temps de remettre le club sur les rails. Contrairement à ce que l’on croit, je ne suis pas réfugié dans le Sud avec un gros chèque. Pourtant, j’ai parfois envie d’en finir. Mais j’ai des responsabilités vis-à-vis de ce club et je me dois de les assumer jusqu’au bout. J’en ai aussi vis-à-vis de l’actionnaire. Il faut trouver un compromis. Une seule question doit occuper les esprits : peut-on dégager une solution, même transitoire, et ainsi envoyer un signal fort aux joueurs ? Aujourd’hui, on oublie le sportif et j’en suis effrayé, parce que ça reste l’essentiel. Cette convocation du CA est pour moi un cri d’alarme mobilisateur.

Négociez-vous votre départ ?

Je lis partout que je négocie, que je demande de l’argent, beaucoup, et que je prends le club en otage. Je crois avoir démontré que ce n’est pas mon moteur. Vous savez, il serait beaucoup plus confortable pour moi, avec un contrat de huit mois, assorti d’une prolongation de contrat de trois ans en cas de maintien en L 2, de composer, notamment lors du mercato d’hiver, et de « faire le canard » jusqu’en juillet. Je serais alors bien plus en position de force qu’aujourd’hui. Je comprends que Fontenla ne m’ayant pas choisi (Ndlr : l’invisible Roman Loban l’avait engagé), il désire mettre en place quelqu’un d’autre. Si j’étais simple directeur administratif, ce serait beaucoup plus simple. Parce que j’ai vraiment parfois l’envie d’en finir. C’est pour ça que je suis rentré deux jours dans le Sud pour faire le vide avant de revenir ce samedi à Strasbourg. Si j’avais été calculateur, j’aurais pu attendre le 1 er juillet. Mais j’avais bien pesé ma sortie médiatique de décembre contre Alain Fontenla. Pesé notamment ses conséquences pour moi. J’étais venu ici construire quelque chose. Je suis en échec par rapport à ça, parce que les ambitions qu’on m’avait présentées lorsque j’ai signé ont bien changé.

« Dayan ? Un aventurier »

Vendredi en conférence de presse, Luc Dayan a dévoilé vos supposés salaire et durée de contrat (35 000 euros mensuels et trois ans). Alain Fontenla l’a démenti dans la foulée…

(il sourit) J’ai vu M. Dayan arriver en début de semaine à Strasbourg. J’étais avec lui lors de sa présentation aux salariés et il s’est installé dans mon bureau. Je ne lui ai demandé qu’une chose après sa première conférence de presse lundi : ne plus parler de moi alors que je m’imposais un silence radio absolu depuis quinze jours. Résultat : il déballe vendredi mon prétendu salaire. Je ne rentrerai pas dans la guerre des chiffres, mais Alain Fontenla a lui-même rétabli la vérité. Je l’en ai remercié par texto. Nous avons eu des désaccords - c’est un euphémisme - et il n’était pas obligé de le faire. C’était élégant de sa part. Ce que je peux vous dire, c’est que je ne gagne pas plus aujourd’hui comme PDG du Racing que comme secrétaire général de l’OM. Certes, les clubs ne sont pas les mêmes. Mais les responsabilités non plus. A Strasbourg, ma responsabilité civile et pénale est en permanence engagée. Je ne veux pas bloquer le club, mais j’entends me protéger. Je ne vous dirai pas pour autant que je suis un philanthrope. Mais cette responsabilité civile et pénale est la question centrale. Elle doit être débattue en CA. C’est la seule chose que je fasse passer avant les intérêts du RCS. Que tout le monde comprenne une chose : l’argent ne guidera pas mes décisions.

Comment avez-vous perçu ces déclarations publiques de L. Dayan sur votre rétribution ?

J’ai été surpris et choqué. Je confirme qu’il est très au-dessus de la vérité. Ces propos ne correspondent pas à ce qu’il m’avait laissé entrevoir lors de nos rencontres, mais sont assez conformes à ce que les gens du milieu du foot m’avaient dit de lui. Je n’ai que faire des jugements de valeur d’un aventurier du foot. Je pense être le plus gentil des garçons. Mais il ne faut surtout pas croire que ma gentillesse et ma bonne éducation sont un signe de faiblesse.

L’avez-vous appelé ?

Non. Pour quoi faire ?

Selon vous, a-t-il été guidé par son envie de prendre votre succession à la présidence ?

Ce n’est pas moi qui l’ai dit. Mais ça y ressemble. Je ne sais pas s’il a une dent contre moi. Et si oui, j’ignore pourquoi.

Recueilli par Stéphane Godin

[NéRiK]

C'était le seul de toute la mafia Fontella qui me semblait le plus compétent et le moins louche.

[supppourtjs]

Certainement, c'est pour cela qu'il n'est pas issu de cette mafia

[télésupporteur]

C'était le seul de toute la mafia Fontella qui me semblait le plus compétent et le moins louche.

un peu sceptique sur ses compétences
quand on se fait promener comme il l'a été depuis le début

[argueti]

http://jt.france3.fr/player/regions/?id=alsace_soir3

[argueti]

Fournier passe la main

Même s’il restera en poste jusqu’à l’assemblée générale de la SASP (1), le président Julien Fournier a consenti hier en conseil d’administration une délégation de pouvoir au représentant d’Alain Fontenla, Christophe Cornelie, aussitôt nommé directeur général délégué du RCS.

Que les Alsaciens le veuillent ou non, le processus engagé est irréversible. Du moins si Alain Fontenla tient les engagements qu’il ne cesse de prendre pour l’instant verbalement. En rachetant début décembre le Racing à Philippe Ginestet, le trader londonien s’est offert un jouet dont il va désormais pouvoir faire ce que bon lui semble. Toute l’Alsace du football en est ce matin à prier qu’il ne le casse pas.

Julien Fournier, dernier garde-fou avant la prise de pouvoir total de Fontenla, a fini par rendre les armes hier en conseil d’administration. Le président du RCS, également président directeur général salarié, a accédé aux deux requêtes du nouveau propriétaire : convoquer une assemblée générale de la SASP, sans doute le 27 janvier, au cours de laquelle le CA sera révoqué ; et accepter une délégation de signature - donc de pouvoir - à l’homme lige du propriétaire, Christophe Cornelie, à qui a aussitôt été confié un mandat de directeur général délégué.

« Bon sens »

Dans les faits, Cornelie peut désormais valider tous les documents qui lui sont présentés. Même si le Racing a été placé sous recrutement contrôlé par la DNCG (2), il va donc pouvoir s’attaquer au remodelage de son staff et de son effectif. Le futur entraîneur adjoint, Cyril Serredszum, qui a assisté à l’entraînement d’hier en simple observateur, devrait très vite parapher son contrat de six mois (assorti d’une saison supplémentaire en L 2) et entrer en action. Même chose pour le préparateur physique Michel Dufour auquel Pascal Janin avait demandé de patienter.

Alors que Luc Dayan poursuivra sa mission de restructuration jusqu’à fin avril, Cornelie sera le représentant de Fontenla à Strasbourg où il travaillera au quotidien. « Le CA ne se sentait pas le droit d’empêcher Alain Fontenla de mener sa politique », concède Julien Fournier. « J’avais demandé que tous les administrateurs, moi compris, mettent leurs états d’âme de côté. Ils ont fait preuve de bon sens. Ça n’a pas édulcoré le débat d’idées. Beaucoup de choses ont été purgées. Les amoureux du Racing ont fait preuve de responsabilité. Il n’y avait aucun autre choix responsable. »

Les échanges n’en ont pas moins été « houleux », comme le raconte ci-dessous Dominique Pignatelli et le confirme un autre administrateur, Nicolas Wiltberger. « Tous les administrateurs non actionnaires — Philippe Ginestet, Jean-Luc Herzog, Eric Vogel et moi – ont présenté leur démission. » En réalité, ils la formaliseront lors de l’AG de la SASP dans deux semaines.

Julien Fournier, qui tenait à sa protection civile et pénale, reconnaît par ailleurs qu’il n’a pas obtenu les garanties espérées. « Je n’ai pas de suspicion particulière sur les mouvements de fonds appelés à intervenir ces quinze prochains jours. De toute façon, en plaçant le club sous recrutement contrôlé et en l’interdisant de recrutement onéreux, la DNCG a envoyé un signal fort. Mais si quelque chose tournait mal, ma responsabilité ne serait pas exonérée, seulement diluée. Je ne suis plus opérationnel par la force des choses. Mais ma personne n’a que peu d’intérêt. Aujourd’hui, le club est dans une situation compliquée. Je le regrette et le déplore. Je n’étais pas venu pour ça. »

Reste à savoir qui lui succédera à la présidence ? Il y a quelques jours, Luc Dayan se disait prêt à accepter un poste que lui avait proposé Alain Fontenla. Mais ses attaques répétées contre Fournier ces derniers jours ont déplu à l’actionnaire majoritaire et son entourage. Un nouveau lapin pourrait bien sortir du chapeau.

Stéphane Godin

[argueti]

« Aucun autre choix responsable »

Pendant près d'une demi-heure, le 3e président du Racing en 2009 s'est livré au jeu des questions-réponses après avoir évoqué son effacement dans l'organigramme strasbourgeois. Moins de cinq semaines après son arrivée, Julien Fournier laisse la place.

- Quelle a été la raison pour laquelle vous avez décidé de donner la délégation et donc de vous effacer au profit de Christophe Cornélie ?
- Je suis légaliste. Le propriétaire du club, c'est monsieur Fontenla, c'est l'actionnaire principal. Je ne pense pas nécessairement que la situation était bloquée. Je sais qu'être président, cela engendre des responsabilités. Mais il y a également eu un signe fort de la DNCG. Je considère qu'il était de mon devoir de réunir un conseil d'administration du club, de provoquer un débat d'idées qui a été pour le moins intéressant entre des courants représentatifs de tendances qui existent autour du club. Il y avait des gens passionnés autour de la table. Au final, le nouveau directeur général délégué dispose de la signature.

- Pensez-vous que monsieur Cornélie est passionné du Racing ?
- Joker (sourire).

« Je n'ai pas de suspicion »

- Peut-on considérer que s'ouvre une période transitoire ?
- Je reste concrètement président jusqu'à la prochaine assemblée générale (convoqué le 27 ou le 28 janvier, pour respecter les délais légaux). Mais ma responsabilité sera certainement diluée. Mais il y a un nouveau dirigeant dont le champ d'action concerne l'administratif, le financier et sans doute le sportif. On vient de vivre une étape importante, alors que depuis un mois, il y a eu beaucoup de choses négatives. On a abouti à une position raisonnable. Le conseil d'administration ne se sentait pas le droit de ne pas laisser Monsieur Fontenla mettre en oeuvre sa politique. Et je n'ai pas de suspicion. Je ne me dis pas que la nouvelle équipe vient braquer une banque.

- Y a-t-il un caractère d'urgence à la situation du club ?
- Il faut essayer de faire au plus vite. Il n'y a pas de conflit de personne. Il n'y avait aucun autre choix responsable. La seule chose, c'était de faire ce qu'on a fait.

« Pas venu à Strasbourg pour m'acoquiner avec un camp »

- Personnellement, quelle conclusion tirez-vous de cette expérience ?
- Je mesure évidemment l'écart entre les propos que j'ai tenus lors de ma première conférence de presse et aujourd'hui. Personnellement, heureusement que j'ai eu la prudence de ne pas venir avec ma famille. Mais dans le fond, ma propre personne n'a que peu d'intérêt. Le club est dans une situation pour le moins compliquée. Ce qui me fait le plus mal, c'est ce que vivent les supporteurs. J'étais venu plein d'enthousiasme et plein d'ambition. Cet épisode n'aura pas été facile à vivre. Mais par la force des choses, il fallait déléguer ces pouvoirs à monsieur Cornélie.

- Considérez-vous que vous venez de vivre un échec ?
- Je n'étais pas venu à Strasbourg pour faire de la politique ou m'acoquiner avec un camp au détriment d'un autre. Tous les dirigeants ont une part de responsabilité sur ce que vit le club. Donc j'ai une part de responsabilité.

Propos recueillis par François Namur

[argueti]

Il s'agira notamment de désigner un président. Alain Fontela le dit lui-même: «Tout est envisageable». Y compris la maintien à ce poste de Julien Fournier!...

[silex57]

ça ça serait trop fort !!

[NéRiK]

On passe déjà bien pour des cons mais là ca serait le summum de reprendre un gars qu'on vient de virer il y a deux semaines...