L'Alsace a écrit : « D’un héros à un zéro »
Logiquement associé au fiasco qui a conduit le RCS en National, l’ancien président Philippe Ginestet se tient volontairement en retrait de l’agitation qui règne autour du club. Pour lui, les propriétaires londoniens n’ont qu’une alternative : vendre des joueurs ou assumer financièrement.
Dans le chaos qui a régné depuis la relégation en National, l’information est passée inaperçue. L’ancien président du Racing Philippe Ginestet a, le 14 mai, intégralement financé le déplacement organisé par le Kop Ciel et Blanc à Châteauroux. Gardée secrète par l’association de supporters, la nouvelle avait pourtant filtré dans la semaine précédant la rencontre. À l’époque, Julien, l’un des responsables du KCB, détaillait ainsi la genèse de ce soutien. « J’ai écrit l’autre week-end à des sponsors potentiels pour qu’ils nous aident à affréter un car. Philippe Ginestet a été le premier à répondre dès le lundi à 8 h, en me disant que s’il pouvait faire en sorte que 50 supporters supplémentaires aillent aider le Racing à se maintenir, ce serait avec plaisir. Nous avions choisi de ne pas communiquer sur ce geste qu’il ne tenait pas spécialement à mettre sur la place publique. Mais maintenant que l’information circule, autant décrire les choses comme elles se sont passées. »
Une semaine plus tard, alors qu’autant que les actuels propriétaires, il essuie les tirs nourris des critiques, l’ex-président s’explique.
Philippe Ginestet, « L’Alsace » dévoilait dans son édition de mercredi qu’en cas de construction d’un nouveau stade, vous empocheriez un bonus de 1,5 million d’euros (1)…
C’est exact, mais c’est lié à un accord négocié avec Sportfive (2) qui versera 4 millions (hors taxes) au Racing si une nouvelle enceinte voit le jour. 1,5 million me sera rétrocédé. Ça réduira mes pertes financières en tant qu’ancien actionnaire majoritaire. Mais pour le club, ce sera toujours tout bénéfice.
Après la relégation en National, les Londoniens vous ont-ils sollicité pour vous demander un coup de main ?
Depuis plusieurs jours, beaucoup de gens, plus forts et plus intelligents que moi, s’expriment. Qu’ils agissent. Moi, j’ai largement donné. Aux autres, s’ils se croient plus perspicaces, de monter en première ligne. Mais il ne faut pas attendre la dernière extrémité.
« Un club toujours dimensionné pour la L 1 »
Le club va devoir boucher un énorme déficit, cette saison et surtout la suivante…
Le football français est dans une situation difficile. Depuis longtemps, son modèle économique repose sur un équilibre des comptes par la vente de joueurs. On m’a reproché d’avoir vendu des joueurs, mais quel club ne l’a pas fait, surtout après deux relégations en deux ans (2006 et 2008) ? Avec la prochaine renégociation des droits télé et une économie mondiale au ralenti, tout le monde souffre. Le Racing est un club toujours dimensionné pour la L 1, déficitaire en L 2 et qui, par voie de conséquence, le sera encore plus en National (2). Pour s’en sortir, les actionnaires londoniens n’auront que deux solutions : vendre des joueurs ou assumer.
Quel est votre plus grand regret aujourd’hui ?
Notre échec pour la remontée à un point près au printemps 2009. En quatre ans, on m’a reproché deux relégations. Mais je rappelle que j’ai racheté une équipe dernière de L 1 en décembre 2005 et que la saison était déjà plombée. J’ai aussi ramené le club en L 1 en 2007 et échoué pour un point à la 4 e place en 2009, alors que le Montpellier de Louis Nicollin a passé cinq ans en L 2. De cette expérience, je ne retiens qu’une chose : à un point près, tu es soit un héros, soit un zéro. Seul le résultat compte.
Le Racing peut-il vite se relever de sa descente en National ?
Je l’espère. Mais s’il n’y a pas d’union, à l’intérieur et à l’extérieur, il aura du mal à remonter la pente. Il faut très vite préparer 2010-2011. Le sportif doit être la priorité. Parce que sinon, tu risques de t’éloigner du monde professionnel. À mon sens, il est plus simple de monter de L 2 en L 1 que de National en L 2. Et je suis bien placé pour savoir que remonter en L 1 n’est pas simple.
Recueilli par Stéphane Godin
(1) En plus du prix de vente aux Londoniens (1,6 million) et d’un bonus d’un million en cas de remontée en L 1.
(2) L’agence qui gère le marketing du club.
(3) L’ancien président délégué Jean-Luc Herzog affirmait en début de semaine que si le Racing était remonté en L 1 à l’été 2009, il aurait, pour la première fois, bâti en 2009-2010 un budget équilibré sans vente de joueurs.