Opération séduction 
     A une semaine du début de leur championnat, les joueurs strasbourgeois sont allés à la rencontre de leurs supporteurs à la Meinau. Si ces derniers étaient peu nombreux hier, ils font l'objet de toutes les attentions de la part d'un club en reconstruction.
 Au lendemain de la victoire du petit géant vert, 50 kilomètres au sud, il y avait comme un parfum d'abîme à la Meinau hier. Le Racing n'attire plus les foules, tout du moins pour sa fête des supporteurs. Le décrassage d'une trentaine de minutes a laissé la possibilité de compter une petite centaine d'entre eux, en un dimanche maussade. 
Hilali n'est pas venu 
      Ils ne sont peut-être plus que cent à se déplacer pour observer leurs favoris, mais ils ne manquent pas d'humour. « Jafar Hilali va peut-être nous réserver un numéro de jonglage », a lâché l'un d'entre eux, à propos du propriétaire du club, invisible depuis six mois qu'il a racheté la boutique strasbourgeoise.  Non. Ni le Londonien, ni ses comparses n'ont pointé le museau. Ainsi, les dirigeants ont été rares. Le président, Jean-Claude Plessis, souffrant, n'est pas attendu en Alsace avant mardi. A la manière d'autres Bleus qui sont sommés d'entamer, en même temps que tous leurs collègues de la L1 une opération de réhabilitation après la cocasse grève des millionnaires à Knysna, les protégés de Fournier ont au moins eu le bon goût de jouer le jeu. Ils ont posé derrière une banderole de supporteurs, ils ont plongé sans rechigner dans la séance de dédicaces express étant donné le faible nombre de candidats à la récolte de signatures. Et les derniers fidèles à la cause Racing ont pu avoir le sentiment légitime d'une proximité avec le groupe professionnel et le staff technique. Jacky Canosi, l'adjoint de Fournier, et Jean-Luc Witzel, le directeur sportif, se sont accordés pour édicter, comme objectif de la saison en même temps que le remontée au mois de mai prochain, la nécessité de renouer avec la base.  « Le dernier match amical, face à Offenbourg (disputé samedi), était programmé à Ittenheim, et ça nous a vraiment embêté de jouer en Allemagne, où ils avaient finalement tout organisé », a souligné le bras droit de l'entraîneur. « Il faudra veiller à nourrir ce contact, tout au long de la saison, avec la base », a renchéri le directeur sportif dans un costume impeccable. 
Casque audio interdit en public
 
      Au passage, on apprendra que, comme dans nombre de clubs de L 1 depuis cet été, le port du casque audio est désormais interdit lors de toute apparition publique. « C'est dans le règlement intérieur », garantit Jacky Canosi. Et cela vaudra certainement amende à l'éventuel contrevenant.  Le décor est donc globalement planté, avec une foule à la densité toute relative et un groupe prié d'afficher un comportement irréprochable. Y sera néanmoins évidemment jugé le niveau des acteurs. En la matière, Laurent Fournier a veillé à récolter des renseignements aux six coins de l'Hexagone puisque les vingt concurrents ont ouvert le bal ce week-end. « Cannes viendra en leader et la première journée a montré qu'il y aurait de très bonnes équipes, tout au long de la saison, a expliqué l'entraîneur en chef. Il faudra compter avec Fréjus, Bastia, et d'autres encore, sachant qu'il ne faut pas enterrer une équipe comme Amiens (ndlr : qui a perdu en Corse). Il y a des différences de niveau, mais il y aura aussi une équipe que l'on attend pas qui sera devant. Le but, c'est de gagner un maximum de matches à la maison et de faire des coups à l'extérieur. » Le moyen, c'est de pouvoir compter sur un groupe à peu près complet. 
Outrebon, Gurtner et Genghini, a priori de la partie samedi 
      Les derniers échos en provenance de la DNCG et de la Ligue laissent entendre que Julien Outrebon, Régis Gurtner et Benjamin Genghini seront de la partie face à Cannes. En revanche, pour Anicet Enyanga, Marcio, Jérémie Abadie, Éric Nyatchou NDema - même si le jeune Camerounais pourrait finalement signer un contrat de stagiaire qui n'intégrerait pas la masse salariale des professionnels limitée - et Yohan Betsch, toutefois blessé pour de longs mois, les choses pourraient traîner.  « Il y aura examen de leur dossier mercredi, indique Jean-Luc Witzel. On espère qu'ils seront qualifiés pour la 1re journée. » Rien n'est moins sûr. Mais le Racing s'efforce de garder un petit coup d'avance, conservant dans le viseur de quoi rassurer le flanc gauche de sa défense. Du haut de ses 35 ans, Bill Tchato exprime une envie de junior. En cinq jours du côté de la Meinau, le latéral champion d'Afrique 2002 a séduit son monde.  « J'espère rapidement rencontrer les dirigeants, a indiqué le joueur le plus convaincant lors de la piteuse victoire décrochée sur le terrain d'Offenbourg la veille. Je me sens bien physiquement et j'ai envie de réussir dans ce club qui a des structure dignes de l'élite. En fait, tout est une question d'envie. Et même à mon âge, malgré mon CV, je me dis qu'il y a toujours des trucs à gagner. » Pour l'heure, le Racing se contenterait bien de s'en sortir samedi, face au leader cannois de son championnat. En enclenchant un dynamique, il devrait rallier les attentions de plus d'une centaine de supporteurs à sa cause. Pour entamer l'impératif début d'une reconquête.
François Namur