L'Alsace a écrit :Du yo-yo à tous les étages
Après onze journées de National, la saison du Racing, battu avant-hier à Beauvais pour la 2 e fois (2-1), est à l’image de sa gestion en coulisses : inconstante.
Après le médiocre nul « décroché » mardi à la Meinau contre Plabennec (0-0), Laurent Fournier avait demandé à ses joueurs de montrer un autre visage avant-hier à Beauvais. Le coach du RCS a été entendu. Le problème, c’est qu’encore une fois, les Bleus n’ont pas montré un visage, mais deux. Fébrile en première période, alors qu’ils avaient ouvert le score dès les premiers instants sur un penalty de Mathlouthi provoqué par Nouha Dicko (1). Séduisant, mais aussi terriblement inefficace après le repos, à l’image d’un Benjamin Genghini « dégoûté d’avoir raté trois occasions nettes. »
Au quart du championnat, le RCS est 14 e. À sa place en vérité, sur ce qu’il a montré jusqu’ici, plus souvent Mister Hyde que Docteur Jekyll. Samedi à Beauvais, il a de nouveau souffert d’un déficit de réalisme. Dans les deux zones de vérité cette fois. Devant, ce qui devient une fâcheuse habitude, malgré le retour de suspension d’un Mathlouthi à nouveau buteur. Mais aussi derrière où le tandem Louisy-Daniel — Tribeau (auteurs d’un but et d’une passe décisive chacun) l’a fait tourner en bourrique. « On a encaissé deux buts trop faciles », enrage le polyvalent Milovan Sikimic, obligé de jouer les « Jean-Michel Aulas du pauvre » pour calmer au coup de sifflet final les quelque cent supporters strasbourgeois ulcérés, après s’être mué en avant-centre dans les dernières minutes, sans réussite. « Si ça continue, je vais bientôt payer les joueurs », trouvait-il la force de plaisanter avant un long retour en bus.
Après dix rencontres, le Racing, dont la série d’invincibilité de cinq matches s’est achevée dans l’Oise, en est là où beaucoup de gens redoutaient qu’il soit : à un peu glorieux 14 e rang, qui ne le condamne certes pas encore à faire de la figuration jusqu’en mai. Mais peut-il vraiment plus ? Semaine après semaine, la question revient, lancinante. Dans l’esprit des acteurs en premier lieu, comme Sikimic, Stéphane Pichot, si souriant et disponible d’ordinaire, mais muré dans le silence à la sortie du stade Pierre-Brisson, ou un Laurent Fournier qui prie pour que Bill Tchato soit qualifié cette semaine, histoire de compenser la suspension de Julien Outrebon (2).
Le Racing en a pour l’argent qu’il n’a pas
Le RCS n’a pas d’argent. Sans accabler des joueurs qui n’y sont pour rien et donnent ce qu’ils ont sans - pour certains - pouvoir plus, il en a donc pour l’argent qu’il n’a pas. Est-il ainsi condamné à faire le yo-yo toute l’année sur le plan sportif, dans la droite ligne d’une gestion chaotique dont l’éviction prochaine de Jean-Claude Plessis ne sera qu’un avatar de plus ? Viré ou pas, le président ne tient de toute façon plus les rênes depuis longtemps, si tant est qu’il les ait jamais tenues. Lui répète « tenir le coup pour l’équipe. » Sans doute également pour cette sensation si douce à ses yeux d’exister à nouveau dans un monde du foot qui lui manquait depuis deux ans. Peut-être un peu aussi pour cette rémunération confortable - même divisée par 2,3 après la relégation en National - que lui octroient les « Anglais. »
Depuis le rachat du club début décembre, Jafar Hilali est en réalité un « omniprésident » qui n’a longtemps pas dit son nom. Ces jours-ci, il multiplie les appels à l’union sacrée, lui qui, en dix mois de pouvoir, s’est souvent comporté en adepte de l’adage « Diviser pour mieux régner. » Il a ainsi récemment téléphoné à certains actionnaires minoritaires pour leur réclamer leur soutien. Mais dans l’environnement strasbourgeois, il se retrouve dans la peau de celui qu’il a toujours voulu être : le décideur unique, obligé d’assumer jusqu’au bout ses responsabilités après avoir dépensé 7,4 millions dans un club englué dans le ventre très mou du National. Décideur unique ou homme seul ? La frontière n’a jamais paru aussi ténue.
Stéphane Godin
(1) Et non par Mathlouthi lui-même, comme écrit par erreur dans notre édition d’hier, après un début de rencontre perturbé par de menus soucis techniques.
(2) Le défenseur strasbourgeois est finalement passé en commission de discipline jeudi dernier et purgera son match de suspension face aux Provençaux.
L'Alsace a écrit :Fournier veut faire le dos rond. Très déçu du résultat, mais pas de la manière, le coach du RCS s’efforce de positiver après la défaite à Beauvais. « Les jeunes Nouha Dicko, qui manque de rythme après une blessure, et Raphaël Gherardi ont été intéressants. Je suis content des gamins. Ils sont appelés à prendre du volume dans l’équipe. Nos blessés, Farez Brahmia, Boubacar Kébé et Yohan Betsch, vont revenir. Il faut faire le dos rond jusqu’à la trêve et l’atteindre avec un minimum de retard. Même 10 à 12 points ne seraient pas rédhibitoires. Car nous recevrons dès le début du cycle retour des gros calibres comme Guingamp et Bastia. Avec un effectif plus complet, tout serait encore possible. »

 
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