L'Alsace a écrit :Les joueurs déjà libres ?
À supposer que les dirigeants strasbourgeois y recourent, l’appel interjeté auprès du CNOSF (1) ne sera suspensif de la rétrogradation en CFA que le jour où ce dernier signifiera à la Fédération et au RCS qu’il accepte sa mission de conciliation. D’ici là, les Bleus semblent virtuellement libres.
Les Strasbourgeois et leur staff sont las. Certes rompus aux incessants soubresauts qui agitent le quotidien de leur club, ils veulent désormais être fixés. D’aucuns auront-ils la patience d’attendre ? Rien n’est moins sûr. Beaucoup font l’objet de sollicitations et ont demandé hier à l’UNFP (2) de venir au plus vite leur fournir des éclaircissements. David Terrier, l’ex-pro messin qui en est le représentant sur l’Est de la France, sera lundi matin à la Meinau. « Je souhaitais ne me déplacer que mercredi pour avoir tous les éléments - notamment les raisons invoquées par la DNCG pour confirmer la rétrogradation en CFA - et toutes les réponses en ma possession, quitte à me déplacer avec un conseiller juridique. Mais l’urgence est telle que les joueurs m’ont demandé de me déplacer dès lundi. Ce qui est clair, c’est que ce qui a été présenté vendredi à la DNCG ne tenait pas la route. Sinon, elle n’aurait pas maintenu la sanction. Les joueurs n’en peuvent plus. Depuis le début, Jafar Hilali a toujours attendu l’extrême limite, le dernier jour : pour demander le maintien du statut pro, interjeter appel de la rétrogradation. Il a pris les joueurs en otage. Mais à un moment donné, il faut avoir le courage de dire « stop, on arrête, on ne fait pas appel » et de repartir sur autre chose. Gap, qui vient d’être définitivement rétrogradé en CFA, n’ira pas devant le CNOSF. »
Le RCS ira-t-il, lui ? Il est trop tôt pour le dire. Et quand bien même il irait, cette saisine du CNOSF peut-elle empêcher l’exode des Strasbourgeois ? Le règlement du comité olympique laisse entendre le contraire. Il stipule que sa saisine ne suspend la sanction - en l’occurrence, la rétrogradation - que le jour où il accepte de mener une mission de conciliation et en avertit officiellement les deux parties, FFF et club (3).
« Un vide juridique »
En clair, depuis la décision en appel vendredi soir et jusqu’à ce que le CNOSF se désigne lui-même comme conciliateur, les Bleus sont virtuellement libres. « C’est exactement l’interprétation que nous faisons. Il y a là un vide juridique que les joueurs peuvent exploiter », analyse David Terrier. « Prenons le cas de Julien Outrebon. Pour lui, ce vide juridique est double : non seulement le club est en CFA, mais en plus, sa prolongation d’un an, liée au maintien du statut pro, n’est pas valide. Je ne lui conseillerai pas de le faire, parce que j’attends des précisions et ne peux me permettre de m’exprimer au nom de l’UNFP sans avoir toutes les certitudes, mais il peut très bien signer au Havre et transmettre le contrat à la Ligue qui le mettra sans doute en instance. À partir de là, deux solutions : ou Strasbourg continue et il y reste lié ; ou Strasbourg plonge et son engagement au Havre est validé. Dans les deux cas, il couvre ses arrières. »
Inutile de dire que le joueur, qui attendait hier soir des nouvelles du club normand, est tenté. « J’espère qu’il n’est pas trop tard pour que je m’engage au Havre. J’ai une femme, deux enfants, et je ne peux pas prendre le risque, à 28 ans, de me retrouver au chômage. D’autant que nous ne sommes même pas sûrs que le CNOSF, à supposer qu’il soit saisi, réintègre le Racing en National. Si le HAC me confirme que l’offre de deux ans qu’il m’a faite est toujours d’actualité, je pense que je vais y aller. »
(1) Comité national olympique et sportif français.
(2) Union nationale des footballeurs professionnels.
(3) Le règlement (rubrique « La conciliation ») dit très exactement ceci : « Le fait de saisir le CNOSF d’une demande de conciliation visant à contester une décision individuelle n’a pas, à lui seul, pour effet d’entraîner la suspension de l’exécution de cette décision. La décision individuelle litigieuse n’est suspendue qu’à compter de la notification de l’acte procédant à la désignation du conciliateur, qui est le plus souvent matérialisé par l’envoi du courrier de convocation aux parties. »
S.G.