Le Pays a écrit : « Pour le moment, j’attends ! »
À Strasbourg, le football est malade, et les joueurs qui s’entraînent pour le Racing ne savent même pas exactement dans quelle division ils vont jouer cette saison ! Le CFA, sans doute, mais ce n’est pas sûr… Dans ce contexte, l’ancien Sochalien sait que son avenir est très incertain.
Novembre 2005. Fou de bonheur, Benjamin Genghini court vers le banc de touche des pros du FC Sochaux. À 19 ans, il vient de signer le premier but de sa carrière en Ligue 1, pour son premier match parmi l’élite. Il reste quelques minutes à jouer et Rennes doit déposer les armes (1-0) à Bonal. « Oh oui, bien sûr que je m’en souviens. C’est sans doute le moment le plus fort de ma carrière. En plus, on n’était pas trop bien au classement et ce but avait d’autant plus fait parler qu’il arrivait une semaine après le 1er but d’Erding en Ligue 1 à Ajaccio »… Genghini « junior » surfait sur belle vague. Mais pas bien longtemps. Les titularisations n’ont pas suivi et au fil des mois, les incertitudes ont été le quotidien de Benjamin. La faute à des blessures, à un cap, ce fameux cap, tellement difficile à franchir pour passer du statut de joueur prometteur à professionnel aguerri en Ligue 1.
Un prêt à Raon-L’étape (National), un retour sans gloire à Sochaux, une opération et une longue rééducation en 2008, ont précédé un séjour de 18 mois à Gueugnon (National), où il a été tout de même très utilisé. Puis au printemps 2010, Strasbourg l’appelle pour un challenge intéressant en National avec Jafar Hilali… ! Un contrat d’un an + un, sous-entendu, que le « + un » soit vécu en Ligue 2, ambition légitime du Racing.
Non seulement ce ne sera pas en Ligue 2, mais même pas en National non plus. Enfin, en principe pas… Les soucis du club alsacien, ces derniers mois, ont défrayé la chronique. Le Racing s’est enfoncé dans un marasme financier indescriptible. « La situation est vraiment compliquée », commente Benjamin Genghini, aujourd’hui condamné à s’entraîner avec les jeunes du centre et les quelques pros qui restent, mais qui sont sans contrat, puisqu’il n’y a plus de pro à Strasbourg! « Maintenant, j’espère que le club sera au moins en CFA cette saison avec un beau projet. La décision doit tomber mercredi. Avec un miracle, ce sera peut-être en National »… ou alors en CFA2 la saison suivante quel que soit le classement à la fin de 2011-2012 en raison du placement du club en redressement judiciaire ?
Difficile donc d’imaginer un retour de Benjamin à ses premières amours footballistiques, au stade Blum à Montbéliard ce week-end pour l’ouverture en CFA contre la réserve de Sochaux : « Pour le moment, c’est impossible, je n’ai même pas de licence ». En fait, il y a de fortes chances pour que le match soit reporté, même si demain mercredi, la place du Racing en CFA est confirmée (lire ci-contre). Benjamin Genghini patiente. Il n’a que ça à faire : « Je m’entretiens physiquement avec les jeunes et les quelques pros à l’entraînement. Pour le moment, j’attends que la situation se décante. Il n’y a rien de bien concret au niveau des contacts avec d’autres clubs. J’ai 25 ans, je peux encore retrouver des bons clubs. En National, dans un club ambitieux... Le foot, ça va vite dans les deux sens. Peut-être que je chercherai à jouer dans un club Ligue 2 étrangère. Mais après tout, s’il y a un bon projet avec Strasbourg en CFA pour remonter en National, ça peut aussi être intéressant. Jeudi, je serai un peu plus fixé sur mon avenir ». Comme le Racing Strasbourg.
Yvan Goepfert