DNA a écrit : Un vrai ratage
Incapables de prendre le large face à un gardien virevoltant, les Strasbourgeois ont connu une panne d’un quart d’heure qui a conduit à leur première défaite de la saison.
Un chauffeur-livreur au chômage a donc tout fichu par terre. Il s’appelle Olivier Laurent. Il est gardien de l’équipe de Pontarlier, s’appuie sur une technique estampillée “Europe de l’Est”, avec un souci obsessionnel de dévier le ballon plutôt que de s’en saisir.
« C’était Jésus, Judas et Mahomet à la fois »
Hier, il a pris les traits du David terrassant Goliath. Pendant une heure, son but a été pilonné par les assauts alsaciens et le portier franc-comtois a tout repoussé ou presque, à la faveur d’une double parade devant Modeste et Ledy juste avant la pause, sur un corner de Benchenane (43 e), ou encore sur une tête de Sichi, au terme d’un contre combiné avec Ledy (57 e). « C’était Jésus, Judas et Mahomet à la fois », s’est exclamé Anthony Sichi à propos du gardien, dans les couloirs de la Meinau. Le danger a donc bien rôdé sur le but du CAP, pendant une heure. Mais à force de ne pas gonfler l’avance née du 3 e but en championnat cette saison de Ledy, à l’affût sur une frappe trop croisée de Sichi (1-0, 18 e), le Racing s’est pris les pieds dans la cancoillotte. « On est évidemment déçu parce que l’on voulait prendre le plus de points à domicile, a commenté François Keller. Pontarlier n’a jamais lâché, en s’appuyant sur son bloc défensif et son gardien. On est déçu pour ceux qui nous soutiennent. Mais on peut voir que l’on a encore du boulot à abattre. » Effectivement, le manque de liant s’est fait criant quand le combat a changé d’âme. Et la défense s’est montrée d’une naïveté confondante quand une passe en profondeur de Roussel a répondu à un appel tranchant de Journot. Le milieu de terrain a bien négocié son face-à-face avec Kéhi et le Racing n’a plus répondu, ou alors mal.
« Ils ont flanché, a constaté Jean-Luc Courtet, l’entraîneur d’en face, un des… deux seuls salariés du club. Mais la préparation du match a été facile. Beaucoup d’images circulent sur Strasbourg. Mes joueurs sont motivés à l’idée d’évoluer dans un tel environnement. Et avec une préparation tronquée, Strasbourg n’est pas complètement prêt. » Les Franc-Comtois ont parfaitement mis à profit les imperfections collectives locales. Sur un long centre d’André, Letellier a dosé une tête magnifique dans la lucarne de Kehi (1-2, 73 e). Coupée en deux, partisane d’un individualisme forcené, privilégiant le fort compliqué au détriment d’une évidente simplicité, l’équipe strasbourgeoise s’est dirigée, impuissante, vers la défaite, la première à domicile depuis le 5 mars 2010. C’était face à Angers (1-2), avec un doublé d’Ecuelé-Manga à la clef. Pontarlier n’a pas eu besoin du brillant défenseur, désormais à Lorient, pour forger son succès. Un bon gardien, une intelligente organisation et un peu de patience ont suffi.
Belle tranche de rigolade pour les amateurs
Le paysan, l’horloger, le cadre du conseil général et tous les joueurs, absolument amateurs, ont pu s’offrir une belle tranche de rigolade sur la pelouse de leur exploit. Avec une mention spéciale, donc, au chauffeur livreur au chômage. Dans une semaine, à Mutzig, c’est Coupe de France pour le Racing. Mais en championnat, c’est un peu la Coupe de France à chaque journée. La chance strasbourgeoise est que l’accroc d’hier peut être raccommodé. Le plus tôt sera le mieux.
Fr.N.
L'Alsace a écrit :Pas à l’abri d’une panne
Sa défaite de samedi à la Meinau contre Pontarlier (1-2) a rappelé au RCS que l’abnégation de ses adversaires ne lui autorisera aucune baisse de régime cette saison. Un avertissement salutaire ?
« Il vaut peut-être mieux que cette défaite survienne en début de saison. Ça met les points sur les i et ça prouve, si besoin était, qu’un match n’est jamais joué d’avance. » Il est 20 h 15 samedi sur le parvis situé devant les vestiaires de la Meinau. David Ledy, auteur des propos ci-dessus, et ses coéquipiers sont vite sortis après la douche. « Parce qu’il y avait beaucoup d’énervement », soupire le buteur haut-rhinois dont le 4 e but officiel en 5 matches (le 3 e en championnat) n’a pas été suffisant pour éviter le premier revers de la saison contre Pontarlier (1-2), « La seule chose à retenir, c’est que nous avons perdu trois points qu’il va falloir récupérer contre Steinseltz (le 8 octobre) , puis à l’extérieur. Mais auparavant, nous devons nous concentrer sur le déplacement de samedi (16 h) à Mutzig en Coupe de France. Il faudra y être très sérieux. »
Cette Coupe de France, le Racing la dispute en réalité tous les week-ends. Il suffisait de voir la joie des Pontissaliens avant-hier pour le comprendre. Allongés d’aise sur la pelouse, les joueurs de Jean-Luc Courtet ont savouré un moment rare dans la vie d’un amateur : une victoire chez un ex-cador du foot français, devant 4920 spectateurs, affluence exceptionnelle pour une rencontre de 5 e division nationale.
Ce lundi, les Strasbourgeois se contenteront de soins. Ils bénéficieront de 24 heures supplémentaires pour soigner les têtes. « Il n’est jamais bon de parler à chaud », reconnaît Anthony Sichi, passeur involontaire, mais décisif sur le but de D. Ledy, « On va parler dès mardi. On a oublié qu’un match dure 95 minutes. En plus, on n’a pas su mettre les ballons au fond. »
François Keller stigmatise d’ailleurs ce manque d’efficacité offensive. « Nous n’avons pas su marquer le 2 e but. Je suis déçu parce que nous voulions vraiment faire le plein à la maison. Et désolé pour tous les gens qui nous supportent. Je n’ai pas de reproches à faire à mes joueurs dans l’envie et le contenu. On a juste connu un problème d’efficacité. Quand le score ne s’amplifie pas, l’adversaire finit par reprendre espoir. Et quand nous nous sommes retrouvés menés, tout le monde a voulu réagir. Mais surtout sur des exploits individuels. Quand c’est comme ça, le collectif réagit mal. » Est-ce si étonnant pour un groupe constitué à la hâte alors que le championnat avait déjà repris ? Samedi, Ludovic Golliard et les Bleus se sont pris les pieds dans le tapis pontissalien, après ce que David Ledy qualifie de « deuxième mi-temps catastrophique. En première période, nous avons étouffé l’adversaire. Mais nous avons gâché en 45 minutes un match que nous avions en main. » Le nul à domicile (0-0) de Vesoul face à Belfort Sud atténue toutefois la portée de l’échec strasbourgeois. Dans les rangs bas-rhinois, ce premier revers donne en tout cas un peu plus d’épaisseur au discours de François Keller. L’entraîneur, conscient du retard accumulé cet été, sait bien que l’addition de talents individuels ne suffit pas à faire une équipe. Et que le Racing, encore en apprentissage, n’est pas plus que les autres à l’abri d’une panne ponctuelle d’efficacité.
par S.G.