
L'Alsace a écrit :Au nom du renouveau
En échange d’un soutien sans précédent de la Région (600 000 euros annuels sur trois ans), ballon d’oxygène qui doit l’aider à regagner les sommets, le club bas-rhinois a été rebaptisé hier Racing-Club de Strasbourg Alsace. Une preuve de plus de sa volonté de redevenir à terme la locomotive du foot alsacien.
A bien y regarder, quand le monde politique s’invite dans celui du football, il se passe sensiblement la même chose qu’au sein d’un effectif : plus il y a de concurrence, plus le club a de chances d’en tirer profit. Partant de ce postulat, le Racing-Club de Strasbourg Alsace - puisque c’est ainsi qu’il convient de le nommer désormais - a incontestablement été cet été le grand gagnant de l’implication exponentielle et un rien concurrentielle des élus de tous bords dans la survie de celui qui fut longtemps le fleuron du foot régional et aspire à le redevenir (1). « Avec un retour au professionnalisme le plus tôt possible », annonce le nouveau président Marc Keller sans fixer de délai.
Hier midi au Salon des Présidents de la Meinau, lors de la présentation de la nouvelle dénomination sociale (RCSA donc) et du nouveau logo, contreparties « offertes » à la Région en échange de son soutien financier, il n’a pas été une seule fois question de la disparition imminente, possible ou probable du club. Ça faisait bien trois ans que ce n’était plus arrivé en conférence de presse et on en avait un peu perdu l’habitude.
Mieux même, le président UMP de la Région Alsace Philippe Richert et le sénateur-maire socialiste de Strasbourg Roland Ries ont dépassé les antagonismes et clivages politiques pour confirmer leur engagement de concert envers un club encore en perdition - financièrement parlant - fin juin.
« Le Racing fait partie du patrimoine de l’Alsace »
D’une saison à l’autre, le soutien de la Ville et la CUS (communauté urbaine de Strasbourg) est passé de 750 000 à 850 000 euros. La Région, qui, elle, s’était purement et simplement abstenue de subventionner le RCS en 2011-2012, a, à l’initiative de l’ancien ministre, choisi d’apporter une aide sonnante et trébuchante de 600 000 euros annuels sur les trois prochaines saisons. Du jamais vu qui fait d’ailleurs grincer quelques dents dans les autres clubs et/ou les autres sports, mais qui n’ébranle pas un Richert particulièrement incisif.
Après avoir confié « n’avoir pas été très chaud » lorsqu’il a été sollicité pour la première fois, le président de la Région justifie ainsi sa décision d’épauler le RCS devenu RCSA : « Deux questions se sont posées à moi : 1. Parmi tous les clubs d’excellence alsaciens, fallait-il à un moment donné accompagner le Racing pour qu’il sorte des doutes et des affres de ces dernières années ? 2. La Région devait-elle faire partie de ses soutiens ? A l’époque, le risque était grand que le club, qui avait gagné sur le terrain le droit de remonter en CFA, reparte en DH et que le travail des joueurs et du staff soit réduit à néant. L’association Ville/Région autour du Racing me paraît de bon augure. Il faut parfois être capable de reconnaître lorsqu’un intérêt général est en jeu. Le Racing fait partie de l’intérêt général pour Strasbourg et l’Alsace. »
Roland Ries adhère lui aussi à cette notion « d’aide conjointe symbolique » et, selon lui, porteuse d’espoir : « Le Racing fait partie du patrimoine de Strasbourg et, au-delà, de toute l’Alsace. Il était naturel et normal qu’entre collectivités de bonne volonté, nous puissions porter ce club et l’aider à se rapprocher des sommets. Je fais partie de ceux qui pensent qu’à quelque chose, malheur est bon. Lorsque l’on est dans les profondeurs comme le Racing l’a été, le risque est de ne jamais remonter. Nous avons atteint le fond, mais nous sommes en phase de remontée. Je suis un maire heureux parce que j’ai le sentiment qu’on est sur la bonne voie. »
RCS ou RCSA, le club bas-rhinois retrouve peu à peu une identité trop souvent foulée aux pieds par ses dernières gouvernances. Après avoir tangué, coulé même, le bateau bleu est en passe d’être renfloué - dans tous les sens du terme - avec un nouvel équipage et un nouveau capitaine à bord : Marc Keller. L’ex-international invite à « oublier les clivages. J’ai promis un club sérieux, avec du professionnalisme et de l’éthique. Nous voulons retrouver un Racing apaisé et qui gagne. D’ailleurs, ce n’est pas notre Racing - je ne suis qu’un centralisateur des énergies -, mais le vôtre. » Celui, en fait, de toute une région, comme son nouveau nom l’indique.
(1) Absent de la Ligue 1 pour la 5 e année, Strasbourg n’en reste pas moins 7 e dans la hiérarchie des clubs l’ayant le plus fréquentée, avec 56 saisons. Sans parler de ses titres de champion de France de D1 (1979) et D2 (1977 et 1988), ses trois Coupes de la Ligue (1964, 1997 et 2005), trois Coupes de France (1951, 1966, 2001) et deux Coupes Gambardella (1965 et 2006).
Trois millions
Marc Keller ne cherche même pas à le cacher : « Sans l’implication financière des collectivités, je ne suis pas certain que notre groupe de repreneurs se serait lancé dans l’aventure. » Hier, lors de la présentation du RCSA ( « Cette dénomination me paraît être la plus juste pour notre Racing »), l’ancien ailier de l’équipe de France n’a pas caché non plus que les subventions 2012-2013 « étaient nécessaires, mais pas forcément suffisantes » pour boucler un budget prévisionnel de 3 millions d’euros.
Pourtant, entre les 850 000 euros de la Ville et la CUS (1) et les 600 000 de la Région (2), plus les 50 000 euros du Département (montant minimum accordé cette saison au club), l’argent public, d’un montant global de 1,5 million, en financera exactement la moitié.
A lui seul, le centre de formation coûtera 850 000 euros. « Les 400 000 euros de la Région, les 300 000 de la CUS et les 50 000 du Département alloués au centre nous sont d’une aide précieuse, car même si nous avons dû réduire la voilure au centre, nous avons pour ambition de nous appuyer dessus dès que nous aurons retrouvé le monde professionnel », se réjouit Marc Keller, « À l’époque où je dirigeais le Racing en Ligue 1, ce centre coûtait entre 3 et 4 millions d’euros par an. Trop aux yeux de certains et j’ai été beaucoup critiqué pour cela. Or, les Kevin Gameiro, Eric Mouloungui, Anthony Weber, Morgan Schneiderlin ou Habib Bellaïd font carrière, certains dans de très grands clubs. Aujourd’hui, un club amateur comme le nôtre ne peut compter ni sur les ventes de joueurs, ni sur les droits télé. Alors, en attendant de retrouver le professionnalisme, il nous appartient de développer nos autres ressources. Nous devons axer nos efforts sur le développement du sponsoring et de la billetterie. Nous en sommes à 2300 abonnés, contre 1350 l’an passé. Et en matière de partenariat privé, nous sommes 25 % au-dessus de nos prévisions. Je suis persuadé que nous pouvons atteindre les 50 % si nous enchaînons quelques victoires. »
(1) La Ville soutient la SAS (société par actions simplifiée) à hauteur de 500 000 euros (dont 150 000 d’achat de prestations commerciales). La CUS apporte, elle, une aide de 300 000 euros à l’association amateur (donc, au centre de formation) et achète à la SAS 50 000 euros de prestations commerciales.
(2) 400 000 pour le centre de formation, 100 000 pour la SAS dans le cadre d’une opération « 17 000 jeunes à la Meinau » et 100 000 en communication sur la marque Alsace via le changement d’appellation et le nouveau logo.
Stéphane Godin

 
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