Pour rendre service au Racing, Abdelilah Fahmi n'a pas disputé la Coupe d'Afrique des Nations. Mais pendant que ses compatriotes marocains se hissaient jusqu'en finale, lui n'a joué qu'un match sous le maillot strasbourgeois. Il en a gros sur le coeur.
On ne pourra pas reprocher au Racing d'avoir abusé de la situation. Après tout, fin septembre, lorsque l'urgence recommandait de recruter un défenseur central, le choix de Marc Keller et d'Antoine Kombouaré s'était porté sur le Lillois après la promesse de ce dernier de ne pas se rendre en temps voulu à la CAN.
Placé face au dilemme, on a senti Fahmi beaucoup plus hésitant. Pourtant, après le 32e de finale de coupe de France à Marseille, le Racing perdait Cédric Kanté, victime d'une fracture du 5e métatarse, pour deux mois, puis Vaclav Drobny, cuisses tétanisées, pour deux semaines.
Pénurie dans l'axe
Pour le Racing, qui voyait sa charnière centrale partir à vau-l'eau, maintenir Fahmi à Strasbourg devenait indispensable. La question restait en suspens jusqu'au dernier moment, Fahmi assurant faire le maximum pour rester. « Le club a besoin de moi. »
Le stage préparatoire du Maroc débutait le 11 janvier, au lendemain de la funeste soirée à Guingamp. Ce jour-là seulement, Fahmi déclinait définitivement la sélection pour une entorse ligamentaire de la cheville savamment et temporairement exagérée.
La preuve, Fahmi tenait bien sa place une semaine plus tard devant Auxerre, vu qu'il était resté pour cela, le Marocain et Devaux demeurant ce soir-là les seuls défenseurs centraux aptes à jouer, sachant que l'inimaginable expérience Dorsin avait fait long feu à Guingamp.
Idées noires devant le petit écran
« Contre Auxerre, je pense avoir fait un bon match, estime Abdel Fahmi. Sauf que depuis, Drobny est revenu et Devaux est monté en puissance. Des trois matches pendant la CAN, Fahmi n'a plus joué que cinq minutes. Les cinq dernières à Ajaccio samedi.
Fahmi a beau se résoudre : « Ce sont les choix du coach et je les respecte. » Comment pourrait-il faire autrement, Drobny et Devaux donnant satisfaction. N'empêche, il se sent dans la peau du dindon. Car, pendant ce temps, ses compatriotes ont flambé en Tunisie, au point de passer à un poil, ou plutôt une toile de leur gardien, du titre de champions d'Afrique. Des moments de bonheur, d'émotion, de fierté, dont s'est privé Fahmi, forcément frustré.
« Je suis resté pour rendre service. Je me sens trahi, mais en football, c'est ainsi », regrette l'ex-Lillois, le coeur plus gros encore après avoir vu dimanche les images de ses copains accueillis triomphalement à Agadir, à Rabat, et décorés par le roi Mohammed VI.
« C'est moi qui paye ! »
Alors Fahmi tire un bilan. « Je suis parti de Lille pour jouer. Je ne joue pas. Je suis arrivé après six mois d'inactivité. J'ai beaucoup donné, avec réussite dans un premier temps, puis j'ai connu un creux. » Un déficit de foncier qui, c'est vrai, s'est prolongé.
« Je travaille toujours autant. Je n'ai jamais triché. Toute l'équipe a souffert pendant plusieurs semaines, mais c'est moi qui paye ! » L'impression est brutale. Mais il prend son mal en patience. « Si on fait appel à moi, je serais là . » En attendant, plus le temps passe, plus son avenir après le mois de juin - fin de son prêt au Racing - demeure flou. Même s'il dit ne pas s'en soucier. « Je me concentre sur mon club. Le reste, c'est l'affaire de mon manager. »