dna a écrit : Bingourou Kamara ou la renaissance
Après une saison 2017-2018 compliquée, Bingourou Kamara s’est relevé. Il grandit dans l’ombre de Matz Sels et pourrait vivre un premier sommet éclatant dans une carrière en disputant une finale qu’il cherche à aborder avec sérénité.
Les images du cauchemar ont peut-être ressurgi, à un moment. Lors de la demi-finale de coupe de la Ligue, Bingourou Kamara n’a pas réussi le match de sa vie. Ni celui de sa saison.
Alors que le Racing a pris le match par le bon bout, le gardien a boxé un peu mollement un corner visiteur. Bordeaux a ouvert la marque par Sankharé sur le coup, mais le collectif strasbourgeois a renversé la table pour se glisser en finale au terme d’une rencontre de rêve (3-2).
« Cela ne sert à rien d’être content avant »
Le joueur recruté à Tours à l’été 2017 a pu croire revivre une rencontre infernale un soir de février 2018, face au même adversaire. En effet, plutôt solide sur la première partie de saison, le garçon de 22 ans avait été pris, à l’époque, en grippe par la Meinau, coupable de quelques dégagements incertains en une soirée où tout allait de travers et pas seulement lui, avec une lourde défaite à la clef qui n’avait pas été du goût du public (0-2).
« Dans les moments difficiles, les supporters sont toujours avec nous », note néanmoins l’intéressé, pas rancunier.
Ensuite, le Racing avait ramé de longs mois pour assurer son maintien, enchaînant les mauvais résultats.
En l’occurrence, Bingourou Kamara ne pouvait être taxé d’une quelconque culpabilité, Alexandre Oukidja étant propulsé comme titulaire. À l’été dernier, le pool des gardiens a été complètement chamboulé et le club strasbourgeois a investi sur un international belge, Matz Sels, incontestable titulaire. Ce dernier lui a ramené de nombreux points.
L’international espoirs, moins régulièrement appelé avec les Bleuets, a été relégué dans l’ombre, invité à (re)faire ses gammes, à se blinder un mental et à faire ses preuves dans les épreuves à élimination directe.
En la matière, il a été impeccable. Si le Racing se retrouve en finale de coupe de la Ligue, c’est un peu (beaucoup) grâce à lui, la campagne ne pouvant se résumer à la seule demi-finale de janvier.
Il apprécie l’aventure qui doit s’achever en apothéose samedi. « Il y a beaucoup de plaisir et de fierté à se retrouver dans cette position, pour nous et pour tous les Strasbourgeois, souligne-t-il. Le club est mis en lumière et c’est bien après tout ce qui lui est arrivé. Mais on sait aussi que cela ne sert à rien d’être content avant. Si je vais vivre un premier pic dans ma carrière ? Je préfère attendre que la finale soit passée. Ce qu’on a fait jusqu’ici, c’est bien. Mais comme on dit, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. »
Le Racing n’est pas encore arrivé au sommet, il pourra seulement y accéder en battant Guingamp. Bingourou Kamara a pu se faire une idée du rapport à la fragilité, de la nécessité aussi de se relever dans le milieu particulier du foot.
« Durant notre parcours, j’ai simplement fait ce qu’il fallait, comme les autres, considère-t-il. On n’a pas eu de tirage facile, mais on a su en faire un avantage. Je me souviendrai longtemps de la joie de tout l’effectif, de tout le staff, du bonheur qu’on a partagé, du soulagement, au coup de sifflet final à Lyon (victoire dans la difficulté, 1-2). »
Le natif de Longjumeau ne risque pas de bouder son plaisir. Les quatre matches de coupe de la Ligue, ainsi que celui en Coupe de France à Grenoble, ont correspondu à autant de qualifications. La dynamique est extrêmement positive avec un Bingourou en bois de chêne dans la cage, solide quelques mois après avoir été fébrile et peut-être trop juvénile.
« On veut bien finir l’histoire »
« J’ai montré que j’étais toujours dans le coup, indique-t-il. Je ne suis pas malheureux de me retrouver remplaçant de Matz, une bonne personne, qui a joué des matches de Ligue des champions, qui réalise une très bonne saison et qui a un mode de fonctionnement dont je dois m’inspirer. Je ne vis pas cette coupe comme une revanche, ou alors sur moi-même, parce que je ne me suis pas toujours montré sous mon meilleur jour et parce que je sais que j’ai encore des lacunes. »
Dans son esprit, il est question de soigner sa régularité, de franchir un palier : « Comme le dit le coach, faire un bon match, c’est facile. Les enchaîner, beaucoup moins ».
Pour le Racing, on se contentera d’un bon match, le prochain, susceptible d’ouvrir des portes vers des territoires depuis longtemps – en fait 14 ans – perdus de vue.
L’attente est pressante. Bingourou Kamara, qui n’a jamais exprimé une quelconque assurance quant à sa présence sur la pelouse lilloise, s’efforce de garder la tête froide.
« Le match viendra en temps voulu, conclut-il. On est des êtres humains donc on y pense beaucoup. Mais on forme un groupe. Le début de la guerre, c’est samedi à 21h. On veut bien finir l’histoire, tout simplement. » Du haut de son 1,95 m, on dirait que Bingourou Kamara continue de grandir.