dna a écrit :Racing : quand Lala va, tout va
Seul Strasbourgeois à avoir débuté l’ensemble des rencontres de championnat cette saison, Kenny Lala (29 ans) constitue en quelque sorte le baromètre du Racing. Comme le latéral droit est plutôt en haute pression actuellement, il fait grand bleu avant le déplacement piégeux à Dijon, ce dimanche (15h).
Les gens qui s’intéressent aux choses du ballon rond sont forcément partagés. Quand on pense à Kenny Lala, cadre du Racing depuis maintenant quatre saisons, il y a un sentiment ambivalent qui se dégage. Sur le terrain comme sur l’échelle de la performance, le défenseur est difficile à positionner.
« J’ai confiance en moi. Je ne doute presque jamais »
D’un côté, son apport offensif est indiscutable. Impliqué sur 29 buts en Ligue 1 depuis son arrivée en provenance de Lens à l’été 2017 – 13 réalisations, 16 passes, soit au moins 13 de plus que tout autre défenseur (*) – il est devenu un homme lige de Thierry Laurey à un poste où la concurrence n’existe pas. Qu’il soit en forme ou pas, Lala joue, c’est comme ça.
De l’autre, son comportement peut aussi dérouter. En championnat, il est ainsi le joueur de champ à avoir raté le plus de passes (199) cette saison.
Qui ne tente rien n’a rien, le dédouane le dicton. Mais dans le repli défensif ou le contre-effort, son attitude un peu je-m’en-foutiste confine parfois à la nonchalance.
« Ça a toujours été mon jeu. Mais j’ai confiance en moi. Je ne doute presque jamais. Je sais de quoi je suis capable », répondait-il en décembre dernier, après le derby contre Metz (2-2) dont il était sorti « insatisfait ».
On ne sait pas d’où lui vient cette force. Mais le natif de Villepinte, sous ses airs détachés en public s’est forgé une carapace qui le rend imperméable aux critiques ou aux ondes négatives.
Dimanche dernier, son match contre Saint-Étienne (1-0) en a été la parfaite illustration. On l’a d’abord vu remettre mollement une balle en retrait vers son son gardien Kawashima, provoquant l’interception de Moueffek et le penalty que Boudebouz a eu la gentillesse d’envoyer dans les tribunes.
« Le coach m’a chambré le lendemain, raconte le fautif sans se démonter. En fait, j’avais anticipé la passe en profondeur et j’avais perdu mes repères en étant concentré sur la balle. J’ai eu peur de la mettre trop fort à Eiji (Kawashima). C’est une erreur technique, ça fait partie du jeu. Le coach m’a compris en me disant : “C’est bien, tu es lucide.” »
Comme toujours, Lala ne tergiverse pas. « Les gars m’ont tout de suite encouragé en me disant que ça n’était rien, complète-t-il. Ça ne se voit pas forcément de l’extérieur, mais on a vraiment une équipe solidaire. »
« Même si ça ne doit pas être beau, il faut savoir prendre des points » 
Le latéral qui porte le numéro 10 dans son dos s’est ensuite remis à sillonner son couloir droit et à multiplier les centres. « Ma force, c’est de donner le but à “Ludo” (Ajorque)  », dit celui qui délivre alors sa troisième passe décisive de la saison, après celles de Montpellier (défaite 4-3) et de Rennes (1-1), la première qui rapporte trois points.
« Actuellement, les choses tournent un peu plus en notre faveur, avance-t-il. Si on avait encaissé le penalty, on aurait pu être puni. Là, ça nous sourit, mais il faut aussi savoir provoquer les choses pour que le résultat tourne en notre faveur. Déjà, quand tu ne prends pas de but, c’est plus facile de gagner un match… »
Pas question, pour autant, « de se reposer sur les acquis ». L’embellie de trois victoires de rang – sept buts marqués, aucun encaissé – en 2021 ne doit pas provoquer un relâchement. « On sait que les équipes derrière ne sont pas loin, on peut très vite retomber au classement, martèle Lala. On ne va pas se mentir, les trois prochains matches contre des concurrents directs (Dijon, Reims et Brest) sont très importants. À nous de prendre le maximum de points. »
Ça commence donc par la virée dominicale contre Dijon à Gaston-Gérard, là même où Lala n’a jamais gagné avec le Racing en trois visites (un nul, deux défaites).
« Comme contre Saint-Étienne, on s’attend à un match fermé, difficile, dit l’auteur de trois penalties cette saison. Et même si ça ne doit pas être beau, il faut savoir prendre des points en tapant là où ça fait mal, peu importe où. On doit pendre nos distances sur les équipes de derrière. »
Comme lors de l’hiver 2018/19, quand les Bleus avaient réalisé la passe de quatre en championnat – succès contre Nice, Toulouse, Monaco et Bordeaux –, Lala espère revivre pareille série pour « avancer, se rapprocher au plus vite du maintien sans trop regarder le classement ».
Car Lala n’envisage en aucun cas la relégation, lui dont le contrat arrive à son terme au mois de juin. La suite, a priori, ne devrait pas se dessiner au Racing.
« Ce sont les performances qui vont faire mon avenir »
« Cela fait déjà quatre ans que je suis là, je ne suis jamais allé au-delà (comme à Valenciennes entre 2011 et 2015) , précise-t-il. Il est compliqué pour moi de me projeter. J’ai des objectifs personnels. À mon âge, j’ai envie de jouer certaines compétitions… »
L’appel de l’Europe ou d’un club plus huppé à l’étranger pourrait le séduire. « Je ne me prends pas la tête avec ça, assure-t-il. Ce sont les performances qui vont faire mon avenir. Si je suis bon avec Strasbourg, il y a de fortes chances que ça se passe bien. »
Le baromètre de l’équipe espère donc rester dans les hautes pressions. Même si Kenny Lala déambulera encore quelques fois d’un pas nonchalant sur les pelouses de Ligue 1, cela reste une assurance pour le Racing de voir un horizon dégagé et un ciel bleu jusqu’au printemps…
(*) Source: Opta