dna a écrit :Racing: un nul qui interroge
Mercredi à la Meinau, le Racing a laissé filer deux points précieux contre une équipe de Brest qui n’aurait jamais dû revenir au score (2-2). Avec cette contre-performance, les Bleus se sont remis dans le dur. Tentative d’explication.
À la veille du match contre Brest, dans une ambiance toute bretonne avec la pluie qui crachait contre les carreaux de la petite salle de presse de la Meinau, Thierry Laurey expliquait en quoi la part d’incertitude rendait le sport en général et le foot en particulier si charmant.
« Heureusement qu’un tocard peut gagner l’Arc de Triomphe ou que Calais peut aller en finale de la Coupe de France (en 2000, le club de 4e  division avait créé la sensation, ne s’inclinant que contre Nantes, 1-2, au Stade de France)  », disait-il.
À force de reculer, ils auraient pu tomber dans le Krimmeri
Depuis mercredi, il convient de rajouter à la liste – où figure quand même en première place, avec la mention hors catégorie, la remontada du Barça contre le PSG en Ligue des champions – les dix dernières minutes de Racing-Brest.
Celles qui ont permis à une formation finistérienne qui filait tout droit vers sa cinquième défaite à la suite de remonter deux buts face à des Bleus qui se sont mis à reculer comme un seul homme. Heureusement que la tribune Est a fait barrage, sans quoi ils seraient tombés dans le Krimmeri…
Abasourdi par cette issue, Laurey l’avait mauvaise. « C’est une bonne leçon pour nous tous », disait le technicien, qui a fustigé « les erreurs de concentration dans les quinze dernières secondes qui coûtent deux points ».
Comme pour toute leçon, mieux vaut bien l’analyser pour ne pas répéter les erreurs. On a donc rembobiné le film pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé sur le terrain et le banc. C’est assez édifiant.
1re - 70e  : pas de jeu et un avantage heureux
Rapidement, on comprend que le Racing n’est pas dans un grand soir. Le rythme fait défaut, les transmissions sont incertaines, les intentions ne sont pas nettes.
« On n’a pas été très bon, reconnaît Laurey. À Dijon (1-1) , on avait eu des occasions mais on ne les avait pas mises. Contre Reims (0-1) , on a été bien, vraiment, sans avoir de réussite en touchant deux fois la barre. Là, offensivement, on a moins maîtrisé. Mais on a réussi à tout verrouiller, en étant sérieux dans le replacement et dans l’organisation. »
Bien que poussifs, les Strasbourgeois ont la chance d’ouvrir rapidement le score par Thomasson (8e ). Toujours pas plus inspirés, ils profitent encore d’une erreur adverse pour doubler la mise par Aholou (70e ).
« Les Brestois naviguaient de droite à gauche mais n’ont pas tiré une fois au but, renchérit le coach. On a fait le travail défensivement. Il n’y avait aucune raison de croire que le match allait nous échapper. On était serein jusqu’au premier but brestois… »
73e - 83e  : coaching gagnant, coaching perdant
Après le second but, Thierry Laurey procède rapidement à un double changement : Koné est lancé à la place de Thomasson pour renforcer la défense qui passe alors à trois axiaux.
Diallo, qui a passé plus de temps à fermer son couloir droit qu’à attaquer – le buteur pousse la logique jusqu’à l’absurde en prêtant main-forte à Carole dans la diagonale opposée – cède sa place à Chahiri.
Les intentions offensives ont vécu. Laurey veut assurer ses arrières. « Olivier Dall’Oglio avait déjà fait rentrer Cardona ( 61e ) , avance-t-il. Faivre (68e ) , Charbonnier, Faussurier et Le Douaron (80e ) ont suivi. Face à ces joueurs à vocation offensive et à leur jeu long, on pensait qu’il serait plus simple de passer à cinq derrière. »
Mauvaise option. Mais l’entraîneur s’en défend : « Sur les buts, ce n’est pas une erreur de système, mais de marquage ».
83e - 90e +4 : la débandade
À revoir les images de la réduction du score, œuvre de Charbonnier (83e ), on ne peut pas lui donner tort. Avant la “cagade” du gardien japonais, une succession d’attitudes passives amène le but : Chahiri face à Faussurier, Sissoko et Djiku devant Lasne, et encore Mitrovic et Koné derrière Kawashima.
Personne n’a envie de faire l’effort, tout le monde se regarde en chien de faïence… « Ce premier but a fait que les gars se sont sentis en danger alors qu’il n’y avait aucune raison de le croire », avance l’entraîneur.
Face au péril imminent, on peine en revanche à comprendre pourquoi Laurey a lancé Zohi au relais de Bellegarde (85e ). Si l’attaquant ivoiro-malien était connu pour savoir mettre le pied sur le ballon, ça se saurait. « On a rentré des garçons pour apporter de la vivacité autour de “Ludo” (Ajorque) , justifie le coach. On pensait que ça allait suffire… »
Ça n’a pas suffi. Avec Chahiri comme complice, Zohi a ainsi joué le remake de France-Bulgarie 1993 dans la peau de Ginola, cheveux au vent en moins. Un ballon perdu, un contre, mais pas encore de sanction puisque Kawashima se saisit du ballon.
C’est sur l’ultime dégagement du Samouraï Blue que les choses se gâtent pour de bon. Car il n’y a plus personne devant à la réception, si ce n’est… Zohi qui ne fait rien pour empêcher Lasne de décaler Faussurier à droite.
Arrêt sur image : on voit huit Bleus dans un paquet au milieu du terrain, et personne pour empêcher la progression du Brestois – « Il n’a aucune raison d’être seul », peste Laurey. Derrière une ligne de six totalement statique, le centre est repris en force par Le Douaron (90e +4). Hallucinant.
Et maintenant, Lyon…
Fâché et frustré, Laurey ne tient pas à ruminer sa colère. « On pourrait mettre des coups de pied dans la table, mais non, on va se concentrer sur les matches difficiles qui arrivent. On n’est pas à la rue, on avance quand même. Et on a déjà pris des points contre meilleur que nous… »
Pour effacer ce goût âcre de frustration et chasser les doutes, il n’y a qu’un moyen : ne pas perdre, ce samedi (19h), à Lyon. Chiche ?