Marc Keller

[Its_me]

Marc Keller, président du Racing, à nos lecteurs et aux supporters : « J’ai envie de vous dire : “Faites confiance” »
Alors que le Racing, en pause de compétition jusqu’au 25 novembre et la venue de Marseille, suscite actuellement plus d’inquiétudes que d’enthousiasme, Marc Keller assure le service après-vente. Son club est passé sous pavillon américain cet été, le président (55 ans) veut continuer à le voir grandir.

En un week-end sans jouer, en raison du report de son match de la 12e journée à Brest, le Racing a perdu trois places au classement. Il occupe désormais le 15e rang de Ligue 1, tout proche de la zone de relégation.

Sportivement, la situation se tend, mais Marc Keller garde le cap. Face à cinq lecteurs de votre journal, invités en début de semaine à la Meinau, le président a « déminé » le terrain et réaffirmé ses ambitions pour l’avenir d’un club qu’il porte depuis plus de onze ans. Extraits d’un discours volontariste et ambitieux.

La vente
« En 2012, quand j’ai repris le club avec les investisseurs locaux en CFA (4e division) , notre ambition était d’abord de retrouver le monde professionnel, puis de redevenir un club respecté, sain financièrement, avec un stade plein. On y est parvenu, mais depuis deux-trois ans, on a atteint notre plafond.
Or je rêve de revoir le Racing en capacité de lutter pour l’Europe. Mais pour y parvenir, il fallait être aidé, d’où l’arrivée cet été de BlueCo. »

Le projet
« Il consiste à passer cette première année, puis à monter en puissance et, dans les deux ans, à lutter pour les places européennes.
En parallèle, on souhaite faire de notre académie une référence en France, avec un investissement majeur de 20 millions d’euros qui sera financé par le club. On veut aussi atteindre à terme la D1 féminine.
Au-delà du terrain, on développe un projet territorial. Ça passe par le maintien de la convivialité et de l’esprit de famille à la Meinau, un ancrage accru à travers toute la région – des actions sont en cours – l’investissement de Femmes de foot, le bras armé du club sur la partie sociale, et enfin l’aspect écoresponsable qui nous tient à cœur.
Le dernier volet est économique. Nos recettes “stade” plafonnent autour de 25 millions d’euros. On veut profiter de la livraison de la nouvelle Meinau à l’horizon 2026 pour faire beaucoup mieux, entre 40 et 45M d’euros, en y ajoutant le trading (lire phrase).
La certitude, c’est que l’augmentation des revenus sera entièrement dédiée au développement du club. »

La phrase
« Pour développer nos ressources, on va aussi à terme plus utiliser le trading. Mais l’idée n’est pas non plus de vendre pour vendre. On n’a pas investi cet été sur des joueurs pour les revendre en juin prochain. La position est extrêmement claire. »
Marc Keller justifie le fait de recruter des jeunes à fort potentiel dans l’optique de les faire progresser rapidement pour les revendre beaucoup plus cher.

La stratégie
« On était arrivé en fin de cycle la saison dernière, avec des cadres comme Djiku, Ajorque ou Thomasson au club depuis cinq ou six ans. La stabilité est une bonne chose, mais elle peut parfois être un frein. Quoi qu’il en soit, il fallait régénérer l’effectif.
Avec les moyens supérieurs des nouveaux propriétaires, on a pu investir massivement sur des joueurs de moins de 23 ans.
Le projet ne se mesure pas sur une dizaine de matches, mais au bout de deux ou trois ans. On est en train de construire le Racing de demain. »

La situation
« Je comprends votre déception. On n’a pas encore retrouvé le jeu que l’on aime voir à la Meinau, avec du caractère, où l’on ne baisse jamais les bras. Je pensais que la victoire à Metz (1-0, le 24 septembre) allait nous permettre de franchir un cap, notamment en termes de maîtrise.
Mais ensuite, on perd contre Lens (0-1). Et c’est surtout la défaite contre Nantes (1-2) qui nous a fait mal.
Depuis, je trouve que l’équipe progresse. Patrick Vieira est en train de trouver un système préférentiel, les jeunes montent en puissance. C’est la direction que l’on veut prendre avec lui. Aujourd’hui, j’ai envie de vous dire : “Faites confiance”. »

« On a choisi BlueCo, ils ont choisi Strasbourg »

Le coach
« Patrick Vieira est venu avec beaucoup d’humilité, il s’inscrit dans le projet et s’est totalement intégré au club. On est actuellement engagé dans un passage difficile, mais obligatoire avant de trouver l’équilibre qui commence à se dessiner. Je le vois travailler au quotidien avec son staff et ils le font bien. Je ne suis pas un président qui cède à la pression, ni à la panique. J’ai vu Thierry Laurey travailler durant des années. Combien de fois n’ai-je pas entendu : “Il faut changer…” Mais il a fait cinq saisons chez nous ! »

« Je continue à diriger le club comme je le fais depuis onze ans »

Les propriétaires
« La tendance mondiale est de voir plusieurs clubs avoir un même propriétaire. BlueCo , ce sont des Américains qui croient au développement du sport.
Ils ont investi aux États-Unis chez les Lakers (basket-ball) et les Dodgers (baseball). Ils ont eu l’opportunité d’acheter une marque mondiale avec Chelsea.
Leur souhait consistait à se développer aussi en France, dans une grande ville et un club sain.
On a choisi BlueCo, ils ont choisi Strasbourg. Leur but n’est pas de tout révolutionner. La Meinau restera un stade populaire et le Racing un club pour ses supporters.
On apprend encore à se connaître, on essaye d’optimiser notre relation. Si on réussit la greffe, le club sera plus fort. »

Le prochain mercato
« Le but est d’emmener cette équipe à maturité d’ici un ou deux ans. Notre vision, avec BlueCo , c’est de continuer à investir sur des jeunes.
En fonction des besoins, il est possible que l’on bouge au mercato d’hiver (du 1er au 31 janvier) avec des ajustements à certains postes.
Et si l’on doit prendre des joueurs plus expérimentés, ce sera sous forme de prêt. »

Son rôle
« Je continue à diriger le club comme je le fais depuis onze ans. Vous me demandez si j’ai les coudées franches, je vous réponds que je suis président au quotidien, engagé à 200 %.
Les propriétaires ne sont pas présents à Strasbourg, mais ils sont venus la semaine dernière pour rencontrer les élus.
La différence, c’est qu’avant, j’étais l’actionnaire principal et je fixais le cap, évidemment en accord avec mes amis actionnaires. Maintenant, je discute directement avec BlueCo.
Cet été, quand on a refusé 25 millions d’euros pour Habib Diarra (offre de Wolverhampton), je les ai évidemment appelés pour avoir leur point de vue. La réponse a été immédiate : il faut garder les meilleurs jeunes pour que le Racing progresse. »

Des abonnés parfois inquiets
Cinq abonnés de votre journal, tirés au sort pour passer une matinée en immersion au Racing, ont pu échanger durant une heure avec le président Marc Keller qui a tenu à répondre à toutes leurs interrogations. Voici leurs impressions à l’issue de la table ronde :

Lionel Buermann (Steinbourg)
« Je suis un fidèle de la Meinau, présent à chaque match dans le kop. Cette matinée m’a permis de découvrir les coulisses et l’envers du décor. L’échange avec le président Keller a été convivial. Il a accepté de parler de tout, il n’y a pas eu de sujet tabou. »

Thierry Goeuriot (Hoenheim)
« J’ai trouvé Marc Keller très abordable, il a répondu franchement à nos questions qui reflètent les inquiétudes partagées à chaque match dans les tribunes de la Meinau. Cette saison, les gens s’ennuient vraiment en venant au stade. Ses réponses ont été très pertinentes. »

Pascal Schimpf (Geispolsheim)
« Marc Keller est fidèle à l’image que l’on peut avoir de lui. On sent qu’il est amoureux de son club, qu’il agit en âme et conscience. Il ne faut pas non plus oublier son frère François qui a aussi contribué au redressement du club après le dépôt de bilan. »

Jean-Marc Messer (Hoenheim)
« On sent que le président a la tête sur les épaules. Il a un objectif précis, il sait où il veut aller. Tant qu’il restera président, je resterai très confiant. »

Joseph Martz (Offendorf)
« Avec l’âge, je ne viens plus souvent à la Meinau, comme je le faisais dans les années 1960, mais je continue à suivre de près les résultats du Racing. Pouvoir écouter Marc Keller parler de son club est très intéressant. »

[Stan]

On n’a pas investi cet été sur des joueurs pour les revendre en juin prochain. La position est extrêmement claire.

Ah ben tant mieux parce que c'était pas gagné pour faire une plus-value là

[fab]

On apprend encore à se connaître, on essaye d’optimiser notre relation. Si on réussit la greffe, le club sera plus fort. »

Rassurant...

[Kaniber]

Et si la greffe ne réussit pas le club sera mort.

[fan_racing]

Exactement ... et le comble, c'est qu'il n'était pas malade et n'avait donc pas besoin de cette greffe.

Blague à part, tous les ingrédients sont réunis pour passer un sale moment. Quand le Président dit qu'on n'investira plus que dans des jeunes et que si des joueurs confirmés viennent au mercato d'hiver, ça ne pourra être qu'en prêt : le message est on ne peut plus clair. Le reste ce sont des redites ou des arrangements avec les chiffres ("on a pu investir sur des joueurs de 23" = en réalité, on a pris que des joueurs de 18-20 ans).

[Gotcha]

mais non, il ne sera pas mort

avec l'ancien pool d'actionnaires, on aurait eu des joueurs de 2nde zone et si on descendait personne n'aurait eu la capacité à remettre au pot pour relancer le club.

là on a un actionnaire solide, même si on descend ça ne signifie pas la mort du club. On est loin de l'époque Ginestet&Co.

[Stan]

Tu as raison sur le volet économique, les actionnaires semblent avoir les reins solides.

Mais ça n'empêche pas que tant qu'ils s'obstineront à ne pas du tout considérer le critère sportif, on n'a aucune garantie de résultat, que ce soit en L1 ou en L2 (bonne chance pour remonter quand tu ne recrutes que des 18-20 ans)

Et ça me paraît fou d'écrire ça, tellement que ça me semble être la base, mais malheureusement à lire les propos de MK je considère que le critère sportif n'est aujourd'hui plus du tout pris en compte. Ca me donne un peu l'impression qu'il a été marabouté.

[Gotcha]

je n'ai pas la même lecture des propos de MK

investir massivement sur les jeunes (y compris par le développement interne), c'est un projet sportif de mon point de vue

après là où je te rejoins, c'est qu'il me semble nécessaire d'avoir quelques vieux briscards pour accompagner tout cela.

Je pense que le projet s'affinera et se développera dans les mois et années à venir. Là c'est encore tout neuf, ça demande à être poli cette affaire.

[Its_me]

L'Ajax fonctionnait ces dernières années avec le recrutement et la formation de jeunes joueurs pour les revendre ensuite bien plus chers à d'autres clubs mais comme dit, ils ont toujours été encadrés par des joueurs très expérimentés qui connaissent le fonctionnement du club et leur rôles envers leurs coéquipiers.

Je trouve ça bas, mais leur "plafond" de 23 ans peut se tenir, mais dans ce cas faut aussi en faire venir qui à cet âge là ont déjà 4/5 ans de titularisations au haut niveau dans les jambes.

[Stan]

Ben oui je suis d'accord, c'est pas tant l'âge que l'expérience dans un grand championnat qui joue. Mais se fixer une limite d'âge ça te met un gros bâton dans les roues.

Regarde, j'ai simplement fait une recherche rapide des joueurs de 23 ans max qui ont déjà une petite expérience de la L1 et dont j'estime qu'ils pourraient apporter un vrai plus au Racing.

David, Balogun, Gouiri, Caqueret, Abdul Samed, Theate, Diakite, Sofiane Diop, Vanderson, Kalimuendo, Truffert, Omari, Le Fée, Djalo, Chotard, Bard, Dieng, Ben Seghir, Dallinga, Lepenant, Chaïbi, Merlin, Ponceau, Désiré Doué, Yoro, T. Le Bris, Locko

(J'ai arrêté là car au-delà ça me semblait plutôt être des 2èmes voire 3èmes couteaux..)

Et bien, on voit assez vite que la plupart de ces noms sont des joueurs qui ne viendront jamais au Racing, soit car ils jouent déjà dans des clubs qui ont une plus plus forte notoriété, soit car se sachant encore jeunes ils vont avoir d'autres ambitions que de signer au Racing pour la suite de leur carrière.

Et puis, un joueur de moins de 23 ans, fort et déjà expérimenté, ça coûte un bras.

Alors que si tu te permettais d'aller chercher 2 ou 3 trentenaires, tu pourrais sans doute parvenir à attirer des joueurs de qualité équivalente à certains de ma liste, mais qui seraient abordables financièrement et qui pourraient être intéressés par le projet étant donné que le point culminant de leur progression sportive se trouve derrière eux et non devant.

C'est cette radicalité de 23 ans max (18-20 dans les faits) que je trouve absurde.

Sans compter bien sûr que les jeunes que tu achètes vont progresser beaucoup plus vite s'ils sont entourés par des gars expérimentés et que toute la pression de faire bien jouer l'équipe ne pèse pas sur leurs épaules.

Au Racing il y a des gars expérimentés, mais à part Sels c'est pas des mecs sur qui tu peux t'appuyer les yeux fermés en tant que titulaire.