- Marc Keller, où va le Racing ?
- Comme beaucoup, je suis frustré. Si nous visions d'abord le maintien en début de saison, nous espérions faire mieux que la saison passée et terminer en milieu de tableau. Ce ne sera pas le cas.
- Et le maintien n'est même pas assuré. Avez-vous envisagé le pire ?
- Je n'ai jamais été tranquille, même quand tout semblait aller bien. J'ai envisagé la descente sur un plan budgétaire, mais je ne l'accepte pas dans ma tête. Je déteste perdre et nous resterons en L1. C'est capital pour le Racing.
« Lâchez rien »
- Que vous inspire le match de Bordeaux ?
- Les Ultra Boys 90, qui sont venus nous soutenir, ont résumé par une banderole nos idées : lâchez rien. Même si le point du match nul ne nous assure de rien, les joueurs ont pu sortir du terrain la tête haute. Et c'est le minimum.
- Comment expliquez-vous qu'une équipe d'abord séduisante devienne à ce point crispante et crispée ?
- Il y a, bien sûr, le départ de Danijel Ljuboja. Et les longues périodes d'indisponibilité de Niang, de Kanté, de Martins, entre autres, n'ont pas facilité les choses.
« On travaille à flux tendu »
- Le Racing semble dépeuplé...
- (Il coupe) Et c'est le cas. Nous avons 23 joueurs dont trois gardiens de but, 5 ou 6 jeunes sans vraie expérience de la L1. Au Racing, faute de gros moyens financiers, on travaille à flux tendu comme une entreprise qui manquerait de stock. C'est une prise de risque de travailler ainsi, mais c'est une obligation financière. Alors, quand certains cadres de l'équipe manquent, on prend le risque de traverser certains creux.
- On vous reproche le départ de Danijel Ljuboja. Que répondez-vous ?
- Ce départ était inéluctable. Danijel était en fin de contrat en juin prochain et il souhaitait partir l'été dernier. A cette époque, nous n'avions eu qu'une proposition de Guingamp qu'il a refusée. A deux heures du coup d'envoi de notre premier match à Toulouse, nous avons prolongé son contrat en contrepartie d'une condition posée par le joueur : une clause libératoire à 3,2 millions d'€ à valoir dès le mois de janvier 2004. Danijel a été très correct avec nous. Mais nous ne pouvions pas prolonger son contrat sans accepter cette clause.
« On oublie que Ljuboja était sifflé »
- Et vous n'avez pas su le retenir...
- Nous n'avons pas pu, plutôt. Quand le Paris SG l'a contacté, il était déjà parti dans sa tête. On ne peut pas empêcher le départ d'un joueur quand il l'a décidé et quand il en a contractuellement le droit.
- Vous pensez être convaincant ?
- (il s'énerve) Ceux qui nous reprochent de l'avoir laissé partir en janvier pour 3,2 millions d'€ sont les mêmes qui nous auraient reproché de le laisser partir en juin prochain pour 0 euro. Sans parler du quart de virage, qui a encore été exemplaire face à Rennes, je n'oublie pas que Danijel a été sifflé par une partie du public de la Meinau, y compris en début de saison.
« Que Chapuis prouve qu'il a envie de se relancer »
- Et croyez-vous toujours en Mikaël Dorsin et en Cyril Chapuis ?
- On a pris Mikaël à l'essai pour un an (avec un contrat de trois derrière) alors qu'il était champion de Suède et capitaine des espoirs suédois. Il est jeune, a du mal à s'adapter au football français. Ce sera un bon joueur, mais le problème est que nous n'avons pas le temps d'attendre son éclosion.
Quant à Cyril, c'est une déception. La porte ne lui est pas fermée s'il se remet dans le coup. C'est à lui de nous prouver qu'il a envie de se relancer au Racing.
- On parle de l'arrivée de joueurs comme Pichot, Mila, Mossalem, Sakho, Chrétien, etc.. Qu'en est-il ?
- Jacky Duguépéroux et Philippe Thys multiplient les déplacements, assistent à trois ou quatre matches par semaine. Mais, pour l'instant, tout est en suspend. Notre politique de recrutement doit être, pour l'instant, une politique de coups.
- Toujours au sujet des joueurs, qu'en est-il de l'avenir de Pontus Farnerud, prêté par Monaco, et de Christian Bassila qui a une clause libératoire de 2 millions d'€ en juin prochain ?
- D'une manière générale, nous avons cessé de parler de renouvellement ou de prolongation de contrat aux joueurs comme à Antoine Kombouaré tant que le maintien en L1 n'est pas assuré. Et Pontus, qui souhaite rester à Strasbourg, est dans ce cas.
Prolongation pour Bassila ?
- Et Christian Bassila auquel vous seriez en train de proposer une prolongation de contrat de deux ans ?
- Son départ n'est pas à l'ordre du jour. Nous souhaitons le conserver. Il est l'incarnation de ce que nous voulons faire du Racing. Il est arrivé à Strasbourg pour se refaire en prenant des risques. Il s'est totalement investi. Et il a relevé la tête...
- Malgré ce que vous dites, on a parfois l'impression que la recherche de l'équilibre financier est votre seul objectif. Est-ce réducteur de penser ainsi ?
- Très réducteur, même. Presque insultant. Faire attention financièrement ne veut pas dire que nous manquons d'ambitions. Mais nous sommes obligés d'en passer par là .
Le Racing était très malade, avait 12 millions d'€ de déficit d'exploitation la saison passée. Il n'en n'aura plus que 2,2 en juin comme nous l'avions annoncé. Le Racing est en convalescence. Et il devrait arriver à l'équilibre en juin 2005.
« Il faut générer de nouvelles ressources »
- Ça ne va pas faire rêver les foules...
- Oui, mais pour la première fois, on ne présentera pas notre budget devant la DNCG avec des intentions de vente, mais bien avec des intentions d'achat. Pour équilibrer, nous n'aurons plus besoin de vendre obligatoirement. En clair, jusqu'ici, nous travaillions pour réduire les charges. Désormais, notre priorité est de générer de nouvelles ressources.
- En cas de maintien en L1, à combien ce budget se montera-t-il ?
- Il sera de 20 millions d'€...
- Ça reste dérisoire par rapport à une bonne moitié des clubs de L1, non ?
- Il faut trouver de nouvelles ressources financières. Hormis Nice, qui est une exception cette saison, tous les clubs sont à leur place en L1, nous compris.
- D'où l'arrivée possible de Sportfive et de Jean-Claude Darmon pour le marketing ?
- En clair, nous faisons une recette commerciale et de marketing de 4 700 000 € annuels quand Nantes en fait plus du double. Ce poste ne serait plus fait en interne, mais serait réalisé par des gens qui ont une surface nationale.
- Vous escompteriez 6 000 000 d'€ la prochaine saison ?
- Il est inutile de donner des chiffres.
« Ne penser qu'au maintien ne m'intéresse pas »
- Le Racing est-il condamné à lutter chaque saison pour ne pas descendre ?
- On s'est donné cinq ans pour réussir quelque chose de concret. On est au milieu du gué. Ne lutter que pour le maintien ne m'intéresse pas. J'aime trop gagner pour me contenter de cet objectif minimum.
- Mais le Racing va mal...
- On ne le juge qu'à travers son équipe première. Si elle va mal, tout le Racing va mal. Il est injuste de dire ça. On est en train de structurer ce club à tous les étages. Nous faisons un travail de fond tant au niveau administratif qu'au plan sportif.
C'est en structurant le Racing qu'il ne vivra plus artificiellement et c'est en le structurant que nous limiterons les risques de son instabilité. Ceux qui vivent ça au quotidien le voient, les autres ne veulent voir que l'équipe première...
- N'êtes-vous pas las ?
- Je m'accroche au temps et j'ai appris à prendre du recul dans les bons comme dans les mauvais passages, à ne pas prendre de décisions à chaud dans les moments d'euphorie comme dans les périodes de déception. Mais, quand vous travaillez pour le Racing, vous ne pouvez pas le faire à moitié. Vous le faites à 150%.
« Je respire Racing, mais je veux avancer »
- Et c'est votre cas...
- J'aime ce club comme tous ceux qui sont venus le sauver l'été dernier. Depuis trois ans, je me réveille, je respire, je mange et je dors Racing. Et même quand je suis chez moi, mon téléphone portable ne me quitte pas. Je suis même en train d'intoxiquer mon fils.
- Comment ça ?
- (Il éclate de rire) Il porte continuellement un maillot du Racing sur le dos et, samedi, au lieu d'aller voir Yannick Noah en concert, il a préféré rester à la maison regarder le match à Bordeaux à la télé. Et il n'a que cinq ans et demi...- On dit que des clubs anglais et français vous auraient contacté pour intégrer leur équipe dirigeante. Qu'en est-il ?
- Je travaille pour le Racing et j'en suis heureux. Mais je veux avancer...
« On a besoin d'une pression positive »
- A quoi sert votre travail ou plutôt estimez-vous être payé de votre investissement ?
- On a besoin d'être aidés. Avoir des gens passionnés et travailleurs à la tête du club, à chaque échelon de sa hiérarchie ne suffit pas. Je comprends l'impatience du public, mais on a besoin de lui pour grandir. Je comprends la frilosité du milieu économique, mais on a besoin de lui pour s'installer. Le Racing a besoin d'une pression, mais elle doit être positive.
- N'est-ce pas au Racing de faire le premier pas ?
- Nous avons présenté un projet à la Ville, propriétaire de la Meinau, pour moderniser le stade et améliorer l'accueil du public. On voudrait faire évoluer ce stade à moyen terme en augmentant les services (tribunes, restaurant, boutique, etc.). La priorité est la mise aux normes de tous les terrains d'entraînement du centre de formation, en y ajoutant un terrain synthétique.
- Et les abonnements, votre dada ?
- Nous en sommes à 4 200 abonnements, l'objectif est d'arriver à 6 000 la saison prochaine. Nous allons faire un effort en direction des familles, des étudiants ou des footballeurs amateurs. Les abonnements des tribunes Sud et Nord seront les mêmes désormais avec un prix de 400 € annuels.
Et nous allons lancer une opération d'un mois fin juin - début juillet pour un abonnement à 95 € en tribune Ouest. Contre Lyon, il y aura un tarif pour les moins de 16 ans à 5 € la place.
« Le CFA ? J'ai commis une erreur »
- Reste aussi le souci de la formation sur laquelle vous compter vous appuyer dans l'avenir. Mais l'équipe de CFA lutte pour ne pas tomber.
- Elle a gagné dimanche, comme elle avait gagné la semaine d'avant. Elle est en train de se sauver. On ne peut pas juger le travail de Jean-Marc Kuentz et de Freddy Zix sur le CFA qui a également travaillé en flux tendu car les pros ont rarement pu le renforcer. Je reconnais une erreur, celle de ne pas avoir demandé à Claude Fichaux ou à mon frère François de continuer à jouer et à tenir le rôle de grand frère.
Et puis ne parler que du CFA, c'est oublier de dire que nos « 16 » et « 18 » ans sont prometteurs, une dizaine d'entre-eux fréquentent les sélections nationales.
- Votre conclusion ?
- Les gens qui sont au Racing ne sont pas là pour s'en servir, mais pour le servir. On essaie d'avancer avec nos idées, en adaptant aussi à Strasbourg ce qui peut se faire dans les autres clubs. Maintenant, il nous reste sept matches de Coupe à disputer. Nous sommes sur le fil du rasoir. Mon souhait, c'est de voir tout le monde se mobiliser avec et derrière nous.
Maintenant c'est clair


 
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