C'est pas gagné !
Toujours aussi désespéré dans le jeu, le Racing a longtemps cru avoir arraché hier soir une victoire précieuse voire inestimable face à Lens. Avant de se faire rejoindre à 3' de la fin et de ne même plus trouver la force de cacher la misère.
Que le choeur des vierges effarouchées ne vienne surtout pas mettre son nez là -dedans. Ni se demander pourquoi il y a si peu de monde à la Meinau. Il parait qu'il y a longtemps, l'endroit était un stade de foot et que c'est pour ça que les gens venaient. Aujourd'hui, mais ça ne date pas d'aujourd'hui, c'est un îlot d'ennui. Un rocher de tristesse.
Le football a donc disparu des rives du Krimmeri, ne subsistent que des vestiges. L'envie est réapparue, certes, mais bon, c'est bien le moins. Des joueurs qui se battent, il y en a partout en L1 et ça n'a jamais fait un alibi et encore moins une équipe.
Et trois points en six rencontres, ça n'a jamais fait un candidat au milieu de tableau. Tout juste un parfait profil de relégable. Ce qu'est toujours le club strasbourgeois ce matin.
« Etat d'esprit »
Chronique énervée donc. Un petit peu désespérée même par l'urgence d'une situation qui semble échapper à tout le monde. Pas de jeu, pas de passion, pas de ballon. Confisqué par les Lensois celui-là .
En seconde période surtout quand, acculée sur son but, l'équipe strasbourgeoise a regardé les hommes de Muller jouer à la passe à dix. Dans l'exercice dit du « toro », le taureau, c'était elle.
Alors, évidemment, il sera question de ces deux buts inscrits. De cet « état d'esprit retrouvé », dixit Camadini et Le Pen. De ces occasions en fin de rencontre qui auraient pu, dû permettre au club alsacien de repartir avec les trois points. Cache-misère, évidemment.
Hier, le Racing a failli gagner sans jouer. Il aurait même pu en mettre trois ou quatre après la rentrée pleine de punch de Niang dans le dos d'une défense partie à l'abordage. Comme quoi les apparences sont trompeuses.
Le Pen était là
Car il est arrivé qu'on s'ennuie moins à trois heures du matin devant une rediffusion de « Très chasse, très pêche » portant sur la reproduction des chamois dans le Haut-Jura qu'hier à la Meinau. Un point, c'est tout ? C'est rien. Pas dans cette configuration-là .
Ce samedi, il y a si peu de jeu qu'il a fallu s'en remettre à un miracle. Il parait que c'est le luxe des pauvres. Le Pen s'est chargé de jouer les marchands de bonheurs en marchant 70 m durant sur les arpions d'une défense adverse aussi agile qu'une paire de rideaux. Pas un hasard que c'est de ce garçon-là que soit venue l'étincelle. Pas suffisant pourtant.
Petite lueur
Alors, on peut reparler tactique. Pourquoi pas. D'orgueil aussi puisqu'il y en a eu. On peut parler de tout en fait, y compris des deux tirs lensois sur le poteau pendant qu'on y est.
La vérité est que cette équipe a peur, qu'elle se bat avec ses moyens qui sont plus importants qu'on ne le soupçonne mais complètement bridés par cette trouille.
Forcément, Antoine Kombouaré veut, comme ses joueurs, voir le côté positif. « C'est un bon point de pris même si on a eu deux balles de match, expliquait-il en fin de rencontre. On a pris un coup sur la tête parce qu'on a encaissé le but de l'égalisation très tardivement mais on a tenté. On joue avec nos valeurs du moment. Bien défendre, contrer. J'ai retrouvé une équipe qui n'a pas lâché. C'est grâce à des matches comme ça qu'on peut voir une petite lueur ».
Petite la lueur alors....
Pascal Coquis
Il resume tres bien ce qui se passe ...
La réponse du coeur
Malmenés par les Lensois, avec un Eric Carrière à la baguette et un Alou Diarra mangeur de ballons, les Strasbourgeois ont surtout eu leur coeur à opposer. Mais ont (encore) manqué d'une suffisante attention pour éviter une égalisation tardive.
CASSARD () : Il n'a rien à se reprocher sur les deux buts qu'il encaisse. Il est à créditer de deux ou trois arrêts déterminants comme sur cette frappe à bout portant d'Utaka (10e') ou sur ce centre tendu du même joueur (79e').
ABDESSADKI () : Non seulement, il a eu le mérite d'être à la conclusion de la seule « occasion » du Racing de la première période, mais il s'est battu comme un chien dans le couloir droit. Il a perturbé, voire cassé, un grand nombre d'offensives lensoises. Un vrai bon match.
HAGUI () : Des jaillissements, un sens du duel derrière un milieu de terrain qui prenait trop facilement l'eau. A limité la casse, et c'est déjà pas si mal.
KANTE () : Comme ses partenaires de la défense, il passe son temps à subir, à voir les adversaires déferler sur lui sans opposition. Irréprochable dans son jeu défensif, on peut le taquiner sur la qualité de ses relances. Mais relancer pour qui ?
BOKA () : Il a beaucoup couru, a dû parfois se sentir seul face aux vagues lensoises (Leroy et Utaka) sur son côté. A mieux terminé son match qu'il ne l'avait commencé. Il a du punch à revendre, reste à bien l'utiliser. Il en est encore resté à l'état des promesses.
CAMADINI () : Même s'il a été l'un des rares strasbourgeois à essayer d'ordonner un minimum le « jeu » de son équipe, il n'a pas eu de vraie influence. Mais, heureusement, c'est lui qui sert Abdessadki pour l'ouverture du score. Et il a tellement couru, sans jamais s'avouer vaincu. Remplacé par LACOUR (81e').
BASSILA () : Il n'est pas bien en ce moment, et ça se voit match après match. Si utiles auparavant, ses grands compas et son jeu de tête en deviennent (presque) inutiles. Il n'a pas cessé de courir après les Lensois et le ballon. Il commet trop de fautes. Il s'est repris en deuxième période. Mais où est passé le Bassila de l'été et de l'automne derniers ?
JOHANSEN () : On attend beaucoup de lui et, après les 45 premières minutes, on attendait toujours. Heureusement, sa deuxième période, où il osera enfin plus, sera autre. Un match méritant, après une première période plus que timide. Remplacé par DEVAUX (85e')
ARRACHE () : il a tenté deux ou trois dribbles sans réussite. Il s'est battu en pure perte pour animer le jeu offensif du Racing, oubliant parfois d'aller aider Boka quand Keita et Cubilier venaient, avec Utaka, créer le surnombre sur le côté gauche du Racing. Remplacé par NIANG (73e'). Il a apporté son punch et a la balle du KO au bout de son pied.
PAGIS () : privé de ballons, on ne l'a que très peu vu durant les 45 premières minutes. Il a beaucoup couru, sans trouver la récompense de ses efforts.
LE PEN () : Que dire sur Le Pen ? Qu'on ne l'a pas beaucoup vu en première période, c'est vrai. Qu'il n'a pas touché beaucoup de ballons, c'est vrai. Oui, mais voilà , il est du genre teigneux, bagarreur. Et s'il n'a vraiment eu qu'un ballon à bonifier, il est allé au fond du but d'Itandje. Avec lui, c'est la prime au non renoncement. Et par les temps qui courent, c'est beaucoup.