DNA a écrit :« La pression sur leurs épaules »
Alex Vencel porte un regard éclairé sur le « sommet » de cette Ligue 2. Vendredi soir, le Racing a tout à  gagner en Normandie. D'où l'intérêt de se déplacer serein. Un message que le Slovaque s'évertue à  transmettre aux siens.
A quoi ça sert, qu'il se décarcasse, pour en arriver là  ? Cette question, Pierre Ducrocq a dû longuement se la poser dans les vestiaires de Grenoble. L'expérimenté défenseur havrais, auteur d'une glissade dans le bourbier isérois, tout au bout du temps additionnel, a involontairement contribué au bonheur des Strasbourgeois. Lundi soir, le HAC a donc perdu (2-1). Ça ne lui était plus arrivé depuis le 17 novembre et un revers à  Dijon. Entre-temps, les hommes de Thierry Uvenard avaient amassé 20 points sur 24 possibles, délogeant à  deux reprises le Racing du podium. Après ce coup d'arrêt, ils pointent à  trois longueurs de leur prochain adversaire, qui se présentera vendredi soir à  Jules-Deschaseaux.
« Pas injuste »
 Alex Vencel, l'entraîneur des gardiens alsaciens, n'a pas manqué une miette de ce que Uvenard qualifie amèrement de « parodie de football. » Lui qui a passé six ans en Normandie, avant de rallier la Meinau cet été, comprend la frustration de son ancien club. « Sans la présence de la télé, ce match n'aurait jamais été joué, reconnaît le Slovaque. Maintenant, je ne parlerais pas d'issue injuste. Le Havre a quand même été dominé en seconde période. Disons que le nul aurait été plus logique. » S'il ne le clame pas haut et fort, Vencel sait que cette défaite change en partie la donne. « Au pire, on rentrera vendredi du Havre à  égalité de points avec eux, au mieux, on en aura six d'avance », synthétise-t-il. Ce qui lui fait dire que « la pression est sur leurs épaules », parce qu'ils seront « dans l'obligation de gagner. » Une contrainte qui peut vite se retourner contre soi en cas d'opposition coriace. Vencel, justement, compte mettre à  profit sa parfaite connaissance de l'adversaire pour instiller le doute dans les esprits normands. Car si les Havrais font peur à  la plupart des équipes, ils ne l'impressionnent pas plus que ça.
« Tout sur Lesage et Traoré »
 « On connaît leur façon de jouer, ajoute-t-il. Ils cherchent constamment Lesage et Traoré sur des ballons longs, comme lundi à  Grenoble ou contre Ajaccio (4-1) sur le premier et le troisième buts. Si on parvient à  bloquer les deux attaquants, il va falloir qu'ils trouvent autre chose. »
 La réussite de l'entreprise alsacienne dépendra de la capacité à  « trouver le bon compromis entre le fait de jouer bas ou haut. » Soit entre la tentation de laisser venir, quitte à  prendre le risque de subir, et l'inévitable exposition au contre « assassin », l'équilibre ne sera pas évident à  établir... Le Slovaque, en tout cas, ne compte pas sur un début de démobilisation liée à  la fatigue et à  l'amertume de la défaite en Isère. « C'est un match au sommet, ils seront prêts et ne ménageront pas leurs efforts, prévient-il. Samedi matin, ils seront morts, mais pas vendredi... »
Deuxième vendredi soir ?
 Bref, Vencel s'attend à  une âpre empoignade, d'autant que son ex-équipe sait désormais « se montrer constante. » Le retour au bercail de Jérémy Hénin (ex-Sedan) cet hiver, l'implication « discrète mais efficace » du milieu Aït Ben-Idir ou encore l'éclosion du jeune gardien Steve Mandanda participent à  cette montée en puissance. « Il ne faut pas s'en faire une montagne, de ce déplacement, conclut-il. Même si le Havre se montre supérieur à  nous, comme Reims ou Metz, tout ne sera pas perdu. Si ça se trouve, on sera deuxième (*) vendredi soir. Ça peut changer pas mal de choses... » Le sourire en coin, Alex Vencel a bien sa petite idée en tête. Puisse-t-il ne pas se décarcasser pour rien.
Séb.K.
(*) Caen, qui a deux points d'avance sur le Racing, ne joue que lundi à  Tours
L'Alsace a écrit :Vencel rêve du grand écart
Portier du RCS de 1994 à  2000, puis Havrais de 2000 à  2006, le Slovaque, revenu l'été dernier à  Strasbourg pour y entraîner les gardiens, est ravi d'aller au Havre vendredi… avec trois points d'avance.
Tout l'effectif strasbourgeois ou presque a gardé le nez rivé sur sa télé lundi soir. Jusqu'au bout. Il le fallait d'ailleurs pour assister à  l'incroyable dénouement de l'ultime match de la 26e journée de L 2, Grenoble - Le Havre (2-1). Les Normands menaient depuis la 14e grâce à  Medaci. Ils ont tout perdu sur la fin, en à  peine plus de cinq minutes, rejoints d'abord sur un but de Pelé (85e), puis crucifié sur un autre de Giroud dans les arrêts de jeu (92e). Ce succès in extremis des hommes d'Yvon Pouliquen offre au Racing, 3e, trois points d'avance sur Le Havre avant son déplacement à  Deschaseaux ce vendredi (20 h 30). Un « joker » qu'Alexander Vencel, entraîneur des gardiens strasbourgeois qui connaît bien les deux clubs, apprécie.
Alex, on se trompe ou vous avez déjà  appelé votre ami Yvon Pouliquen (Ndlr : le coach de Grenoble qui a passé dix ans au Racing de 1991 à  2001) pour le remercier ?
(Il rit) Je l'ai fait dès lundi, sitôt la victoire de Grenoble sur Le Havre, mais je suis tombé sur sa messagerie. Forcément, nous sommes très contents.
Contre Tours, en renversant la vapeur sur la fin (2-1) et en profitant de l'égalisation de Caen au Havre (1-1), vous aviez repris aux Havrais 5 points en 5 minutes. Cette fois, vous en avez gagné 3 en à  peine plus. Le sort vous sourit vraiment en ce moment…
On ne va pas s'en plaindre, mais cette saison, Le Havre a lui aussi connu pas mal de réussite (1). Il est important d'aller là -bas vendredi avec trois points d'avance. Même en cas de défaite, nous resterions à  sa hauteur. Tout est ouvert. Après ce match, l'écart entre les deux clubs sera de 0, 3 ou 6 points. Si nous sommes bons, nous pouvons nous offrir une avance intéressante. La défaite du Havre à  Grenoble ne change rien : ce sommet sera très difficile.
Avant ce revers en Isère, le HAC restait sur 8 matches sans défaite (6 victoires, 2 nuls) et semblait inarrêtable…
(Il coupe) Nous sommes aussi sur une bonne série (4 victoires, 3 nuls) et je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas rivaliser avec les Havrais chez eux. Il est plus facile d'y aller avec trois points d'avance, même si ce n'est pas ce qui va guider le résultat. Si nous ne gagnons pas, ou même si nous perdons, ce ne sera pas la fin du monde. Ce match à  l'extérieur est bien plus excitant à  jouer que certains à  la Meinau contre des adversaires mal classés.
« Je signe pour que les deux montent »
Vous avez passé six ans au Havre (cinq comme gardien, un comme entraîneur au centre de formation). En quoi le HAC a-t-il changé ?
Ces dernières années, il était capable du meilleur comme du pire. L'an passé notamment, l'équipe a souvent mené 1-0, conduit le match à  sa guise et terminé… sur un nul. Finir 7e avec une paire d'attaquants, Jean-Michel Lesage (16 buts) - Kandia Traoré (14 buts), qui plante 30 buts, vous trouvez ça normal ? Cette saison, les deux sont sur les mêmes bases (Ndlr : 14 buts pour le premier, 13 pour le second), mais l'équipe est dans le coup. Les Havrais ont gommé certains de leurs défauts. Le retour de Jérémy Hénin, revenu de Sedan, a stabilisé la défense.
Gardez-vous des contacts avec votre ancien club ?
Avec Jérémy, que je n'ai jamais perdu de vue, même quand il était à  Sedan, Olivier Blondel, le gardien remplaçant, le directeur du centre de formation aussi. On se chambre un peu, mais j'espère qu'on va tous faire le nécessaire pour que les deux clubs montent. La lutte se résume désormais aux quatre premiers. Seul Amiens peut éventuellement revenir. Mais les Amiénois ont 8 pts de retard sur nous à  12 journées de la fin. Entre les quatre, ça va se jouer à  peu de choses. Si, aujourd'hui, on me disait que Le Havre et le Racing vont monter, je signerais tout de suite. Mais si un seul doit être promu, je choisis évidemment Strasbourg.
C'est la première fois que vous retournez à  Deschaseaux. Vous attendez-vous à  un accueil spécial de la part du public ?
Honnêtement, non. Parce que j'avais arrêté ma carrière un an avant de quitter Le Havre et que je n'y retourne pas comme joueur. Ce n'est pas pareil.
(1) Les Normands ont arraché le nul à  Châteauroux à  la 93e (2-2), gagné à  Guingamp à  la 93e aussi (2-1), battu Reims à  la 90e (1-0), puis Châteauroux à  la 92e (1-0), avant de s'imposer à  Créteil à  la 81e (1-0). À l'inverse, ils ont été rejoints par Metz à  la 88e (1-1), puis battus à  Grenoble avant-hier dans les circonstances que l'on sait.
Recueilli par Stéphane Godin