Lacour, conquérant discret
La détermination de Guillaume Lacour peut s'avérer précieuse au moment de défier le double champion de France, l'Olympique lyonnais. (Photo DNA - Y. Dieffenbacher)
Parti au vert hier matin, le Racing s'apprête à relever le défi lyonnais, demain soir (20h45) à la Meinau. Dans ses rangs, Guillaume Lacour n'est pas le moins motivé à l'idée de désarçonner son club formateur, sur le chemin du maintien.
Guillaume Lacour ne fait jamais de vagues. Sage et posé, ce poids plume aux cheveux ras et au sourire charmeur passerait presque inaperçu. Dans la vie comme sur un terrain de foot, le garçon de 23 ans reste un modèle de gentillesse, d'écoute et de disponibilité. Le rêve pour tout entraîneur dont le quotidien est généralement fait de gestion de petites contrariétés et de grandes dissensions entre jeunes gens à l'ego imposant.
Antoine Kombouaré l'a bien compris. Au moment d'échafauder sa liste restreinte de seize joueurs amenés à partir au vert, l'entraîneur strasbourgeois n'a pas dû longuement tergiverser. Le nom de Lacour s'impose presque comme une évidence, tant l'intéressé sait se montrer irréprochable.
Cap à gauche
L'air de ne pas y toucher, dans un registre plus proche de l'ombre que de la lumière, Guillaume Lacour a su trouver sa place. A Bordeaux, voilà une semaine, ce Parisien formé à l'Olympique lyonnais a disputé son dix-neuvième match de la saison sous le maillot bleu, soit déjà un de moins que son total du dernier exercice.
Dans un dispositif défensif repensé et renforcé, Kombouaré avait alors lancé Lacour sur le flanc gauche de la défense. Un rôle à contre-emploi pour ce droitier porté sur l'offensive dans ses plus jeunes années.
« S'adapter »
« Moi, j'évolue là où on me dit de jouer, explique posément ce titulaire d'un bac scientifique. Que ce soit au milieu ou derrière, j'essaie de donner le maximum. Ce que je peux apporter, c'est mon engagement et ma volonté. A Bordeaux, je me suis adapté. Même si j'ai un peu péché au niveau de la relance. C'est plus dur quand tu es sur ton mauvais pied. »
Malgré quelques coups de boutoir de son vis-à -vis Jemmali, Lacour s'est acquitté de sa tâche sans sourciller. Et comme le Racing n'a pas perdu en Gironde (1-1), le crédit du latéral gauche improvisé reste entier.
« Impressionné par l'envie »
Même si Fabrice Ehret, l'habituel homme de couloir, a été réintégré par Kombouaré dans le groupe des 16 partis hier matin au vert, Lacour pourrait bien prolonger son bail demain soir face à son club formateur. Une perspective qui ne l'effraie en rien.
« Malgré son élimination en Ligue des Champions et sa défaite contre Marseille, Lyon est une grosse équipe qui sait régir rapidement, raconte Lacour. J'ai été impressionné par l'envie et la détermination affichées lors de leur première mi-temps contre Porto (2-2). Tout dépendra de notre capacité à les mettre en difficulté dans l'impact physique. Il faudra conserver le même état d'esprit qu'à Bordeaux. Et surtout se montrer plus conquérant qu'eux. »
« Irréprochable »
Conscient de l'urgence de la situation - Toulouse, le premier relégable, pointe dans le rétro à trois petites longueurs -, Lacour sait qu'il faudra laisser son coeur sur le terrain pour espérer épingler le double champion de France. « On n'a plus le choix, ajoute-t-il. Chaque match est dorénavant un combat. A nous de montrer un état d'esprit irréprochable. »
En la matière, Lacour n'aura pas à forcer sa nature, lui qui ne rechigne jamais à l'effort. Si d'aventure Kombouaré devait lui renouveler sa confiance, le lutin bleu s'appliquera à porter sa pierre à l'édifice. Histoire aussi de prouver au club du président Aulas qu'il a eu tort de ne pas lui donner sa chance.
« Pas amer »
« Je ne suis pas amer, sourit Lacour. Pour les jeunes, c'est très compliqué à Lyon. Hormis Govou, que je côtoyais à l'époque en CFA, aucun gars de ma classe d'âge n'a percé. Balmont est parti à Toulouse, Montoya à Rouen et moi je suis bien à Strasbourg. J'ai fait mon chemin et je ne me retourne pas sur le passé. »
Ballotté au gré des besoins au milieu ou à l'arrière, à gauche ou à droite, Guillaume Lacour sait où il va. La tête bien vissé sur de frêles épaules, le Strasbourgeois est un conquérant sur qui on peut compter.
Sébastien Keller