dna a écrit : Rénovation du stade de la Meinau : un feu vert et des cartons jaunes
Le portage de la rénovation du stade de la Meinau va pouvoir entrer en phase opérationnelle : les élus de l’Eurométropole, propriétaire et principal financeur, ont voté pour, ce vendredi. L’occasion de distribuer des satisfecit et de lancer les dernières piques politiques, avant le démarrage des travaux cet été.
Il fallait un vote pour sceller l’engagement du principal financeur de la rénovation du stade. C’est fait depuis ce vendredi midi : le chantier de la Meinau peut désormais officiellement démarrer cet été. Le conseil de l’Eurométropole (EMS) a donné son feu vert à cette réfection régulièrement repoussée - comme l’a déploré l’écologiste Gérard Schann, en regrettant les « occasions manquées » pour partager la note avec l’État, lors de précédentes compétitions internationales organisées en France.
Faire entrer le stade dans l’ère moderne
Ce vote permet à l’EMS, propriétaire du stade et principal financeur des travaux (47 % des 160 millions d’euros, soit près de 76 millions d’euros), de faire entrer la Meinau dans l’ère moderne du football. L’histoire du Racing Club de Strasbourg va donc continuer à s’écrire dans ce stade « à l’anglaise » - élément du patrimoine construit en 1984 et où bat le cœur du football alsacien, a rappelé l’ancien premier adjoint Alain Fontanel. Dans cette enceinte sportive remise aux normes qui pourra, à la livraison des travaux dès l’été 2026, accueillir d’autres rendez-vous internationaux dans de bonnes conditions.
Nombre d’élus ont fait part de leur attachement sincère au club et à ce stade. Mais certains ont regretté la façon dont le projet final leur est parvenu : tout ficelé, sans pouvoir apporter leur pierre à l’édifice de la coconstruction et de la concertation, qui concernait un volet important d’intégration dans le quartier.
Opacité de la concertation, foot business et vertu
Jean-Philippe Maurer (LR) a ainsi sorti un carton jaune à la présidente de l’exécutif de l’EMS, Pia Imbs, et à la maire Jeanne Barseghian, regrettant d’avoir été mis sur la touche. Tout comme Jean-Luc Herzog, maire de Niederhausbergen et ancien dirigeant du Racing, qui a dénoncé cette opacité de la concertation et le flou d’une délibération « mal ficelée »… Par rapport aux informations qu’il trouvait dans les DNA. Une forme d’« amateurisme », selon lui, pas à la hauteur des enjeux. Même sanction pour Pierre Perrin, maire de Souffelweyersheim, qui a déploré la suppression du parking en silo - à l’instar de l’élu strasbourgeois Jean-Philippe Vetter (LR).
Du côté des écologistes, les vice-présidents de l’EMS, Alain Jund et Syamak Agha Babaei, farouches opposants (lors du mandat précédent) considérant le « pognon de dingue » de cette rénovation portée par les finances publiques, ne sont pas intervenus. En revanche, l’élu bischheimois Gérard Schann a reconnu que le modèle du « foot business » n’avait rien de « vertueux », tout en saluant cependant le projet du stade qui va dans l’intérêt général et qui sera le plus accessible de France par les transports en commun et les modes doux.
Volte-face assumée des écologistes
Cette volte-face écologiste est « assumée » par Jeanne Barseghian, au nom de la « continuité républicaine », d’un certain « pragmatisme » et d’un « sens des responsabilités ». Le projet, selon l’élue, bonifie la copie laissée par l’équipe du mandat précédent, et en particulier la clé de répartition des finances qui intègre un cinquième partenaire, comme l’a salué aussi la présidente de l’Eurométropole Pia Imbs : le Racing lui-même, pour un montant de plus de 9 millions d’euros. Surtout, les « autres projets d’investissements pluriannuels ne seront pas obérés », malgré l’augmentation substantielle (60 millions d’euros) de l’enveloppe consacrée aux travaux, depuis la première version du montage financier présentée en 2019.
En réponse à Jean-Philippe Vetter (LR) qui lui reprochait son « écologie verte et rouge - qui rajoute des problèmes aux problèmes » deux jours avant en conseil municipal , la maire de Strasbourg a tenu à s’excuser auprès de lui d’avoir qualifié son « écologie bleue » comme relevant de « l’inaction et l’immobilisme » : « En réalité, c’est de la régression ! C’est le Moyen-Âge ! » a-t-elle fustigé de plus belle, saluant au contraire le travail avec le président du RCSA, Marc Keller, sur les « mobilités décarbonées ». Glissant un dernier tacle à l’élu des Républicains : « Les lignes bougent : actualisez vos logiciels » !
Un loyer et des charges réglées par le club
Enfin, le vice-président de l’EMS en charge des sports, Vincent Debès, a rappelé que la Meinau accueillait la plus grande proportion de femmes et d’enfants de toute la Ligue 1. Et de rappeler que le montant du loyer payé par le locataire – le Racing – à la collectivité allait fortement augmenter : en passant de 440 000 euros par an à 1,5 million (montant minimal si le club tombe en Ligue 2), voire deux millions (s’il se maintient en L1), dès la livraison du stade à l’été 2026. Qui plus est, les charges d’entretien et de chauffage vont être réglées par le club lui-même. Avec la végétalisation du secteur, l’ouverture de la fanzone en semaine aux riverains ainsi que les mobilités alternatives à la voiture, tous ces arguments auront fini par convaincre les plus sceptiques des élus verts de rénover la Meinau. Pour le plus grand bonheur des supporters au cœur bleu.