[1939/40] Le Racing champion de Dordogne

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argueti
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[1939/40] Le Racing champion de Dordogne

Message par argueti »

DNA a écrit :L'amour Bleu de M. Wolff

Comme quelque 375 000 Alsaciens en septembre 1939, Paul Wolff a été évacué à  Périgueux, en Dordogne. L'étudiant qu'il était y avait fait revivre le Racing dont les activités avaient été suspendues quelques jours après la déclaration de la guerre. Témoignage d'un jeune homme de 88 ans.

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Il a signé sa première licence au Racing en 1929. Il deviendra même champion d'Alsace jeunes en 1937. « Avec Emile Stahl et Marcel Lergenmuller comme coéquipiers. » Paul Wolff avait vu grandir ce club, l'avait vu passer professionnel, profitant du refus de l'AS Strasbourg, il l'avait vu finaliste de la Coupe de France en 1937 face à  Sochaux et deuxième du championnat derrière... Sochaux deux ans plus tôt.

« On a vite été surnommé les Manchots »

Le 25 mars 1935, il était dans les tribunes de la Meinau pour le match décisif entre les deux clubs. « C'était de la folie. Le président de l'époque, M. Heintz, était venu me chercher en voiture. J'étais à  11 h au stade. Il y avait la queue devant les guichets. Le Racing avait perdu 0-1 devant 25 000 spectateurs. C'était une belle équipe avec les Walter, Rohr, Heisserer... »
Plus tard, ce Neudorfois, fils d'industriel- son père avait une usine de bonbons juste à  côté du stade de la Meinau -, ira faire ses études à  Paris, assistera à  la finale de la Coupe du monde 1938 gagnée par l'Italie face à  la Hongrie (4-2) au stade Yves-du-Manoir, à  Colombes. Alors, quelques semaines après son arrivée à  Périgueux, celui qui avait créé la section sportive de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris, « parce que la vie sans sport est impensable », va lancer l'idée de refaire vivre le Racing loin de chez lui. « Je suis allé voir les présidents des deux clubs de la ville : le CO Paris-Orléans et le CA Périgueux. Ils étaient surtout portés sur le rugby. J'ai été très bien accueilli. On a vite été surnommé les Manchots. » Il le dit, tout a été facilité par les Périgourdins. « C'était très chaleureux. Ils n'avaient presque rien, mais ils nous ont vêtus de la tête au pied, semble sourire Paul Wolff. Et, en plus, ils nous avaient trouvé des maillots bleu rayé, pas loin de notre maillot bleu ciel. » Quant au recrutement, il avait été fait par voie de presse. « J'avais fait paraître un petit article dans la Dordogne Libre et dans Sud-Ouest, dit celui qui deviendra le correspondant de presse pour l'Auto, ancêtre de l'Equipe. M. Rumbold, qui était l'entraîneur du Racing avant la guerre, avait été le premier à  répondre. C'était un sacré bonhomme. » Qui interdisait, par exemple, aux spectateurs de fumer le long de la ligne de touche. Le rendez-vous avait été donné au Grand Café de Paris, un jeudi soir à  Périgueux. « On a reconstitué une équipe avec des anciens du Racing, mais aussi avec des joueurs venus d'autres clubs. Il y en avait du 06, du Red Star ou de l'ASS. »

L'exploit de Bordeaux

Le premier match de ce Racing aura lieu le 22 octobre 1939 face à  l'équipe de la ville accueillante pour l'inauguration du stade Roger-Danton. « Le jour de Noël, profitant d'une permission de quatre jours, Oscar Heisserer était même venu nous renforcer pour un match amical joué à  Castillon-sur-Dordogne. C'était un beau cadeau. Plutôt que de se reposer, il était venu avec nous. » A Périgueux, les Marcel Lergenmuller, Ali Messaoud, Jacques Oesch, Paul Engel, Louis Gall, Paul Wolff, Gérard "Bouwi" Schaaf, Erwin Pagani, Marcel Fuhrer, Charles Heitz, René Lang, Ben Bouali, Emile Stahl, sans oublier les locaux Daniel Huraud, Roger Pebay et quelques autres (Ammerich, Bohn, Strub, Bury), sont (presque) inarrêtables. Ils remportent 17 des 24 matches (5 défaites) qu'ils disputent. Le Racing est champion de Dordogne - finale face au Club Olympique Paris Orléans, le COPO (4-0 -, mais il marque les esprits en Coupe de France. « J'étais allé au siège de la Fédération française, rue de Londres à  Paris, plaider notre cause. Là -bas aussi, les gens étaient heureux de voir le Racing continuer à  exister. Ils nous avaient autorisés, Gabriel Hanot en tête (joueur, entraîneur, journaliste et créateur de la Coupe des clubs champions), à  participer à  la Coupe de France. Pour le championnat de France de guerre, c'était trop tard. » Au stade des Chartrons, le 14 janvier 1940, devant 5 000 spectateurs, le Racing élimine les professionnels des Girondins de Bordeaux FC en 16e de finale (3-2) grâce à  un doublé de Pagani et un but de Schaaf sur la pelouse de leur adversaire. « On devait jouer ce match à  Périgueux, mais M. Rumbold a préféré l'inverser. Quelques semaines plus tôt, les Bordelais nous avaient largement battus en amical. » Dans l'équipe girondine, Paco Matéo, futur Strasbourgeois de légende (il disputera avec les Alsaciens la finale de la Coupe de France en 1947), ne pourra rien faire. « Chez les Girondins, il y avait beaucoup d'Espagnols, réfugiés politiques. Et il y avait aussi un gamin nommé Kraemer. C'était le ferblantier du Neudorf, se souvient Paul Wolff avant de reprendre. Georges Briquet, le Thierry Roland de l'époque, était venu dans les vestiaires nous interviewer. Il ne pouvait plus nous quitter. C'était fabuleux. Marcel Lergenmuller, notre gardien de but, avait été porté en triomphe. » Au retour à  Périgueux, c'est la liesse. « M. Peyrau, le président du CAP, nous avait offert quelques bouteilles de champagne au Régent, l'équivalent de l'Aubette à  Strasbourg. Il était presque plus heureux que nous. » Si le Racing sera, « après un voyage de douze heures et avec pas mal d'absents », éliminé par les stars du FC Sète au tour suivant, il marquera les esprits à  Périgueux. « Cette période est un très bon souvenir. Les gens de là -bas étaient devenus nos frères. »

Ce Racing en bleu-blanc-rouge

Après la capitulation de la France le 16 juin 1940, quelques semaines après l'intronisation du père de Paul Wolff comme président du club (M. Peyrau, vice-président et Marcel-Edmond Naegelen, président d'honneur, représentant la Ville de Strasbourg), les Alsaciens sont "invités" à  rentrer au pays, passé sous le joug de l'Allemagne nazie. Paul Wolff, encore mineur, revient à  Strasbourg « pour éviter des problèmes à  (sa) famille ». Il sera dans les tribunes de la Meinau quand le Racing (rebaptisé Rasensport Club), vêtu en bleu-blanc-rouge grâce à  la roublardise de ses dirigeants, M. Heintz en tête, et à  cause d'une erreur de l'administration allemande (elle n'avait pas donné suite aux demandes d'obtenir des chaussettes jaunes, vertes ou bleues), battra le Red-Star (rebaptisé Sportgemeinschaft et réquisitionné par les SS avec la tête de mort sur les maillots). « Les gens criaient "Allez Racing" en français. C'était une joie immense. ». Paul Wolff finira par fuir l'Alsace en 1942 pour éviter l'incorporation, retournera à  Périgueux. Gérard Schaaf n'aura pas cette chance-là , lui qui tombera en Pologne un jour de 1943. Aujourd'hui, Paul Wolff vit à  Vence. Et a un club préféré qui le fait encore souffrir. « Je suis toujours le Racing grâce aux DNA et à  France 3 Alsace ou Eurosport, comme je suis câblé. J'aime le Racing et je n'aime pas le voir là  où il est. ». Il a si bien porté ce maillot bleu que le voir pâlir le dérange.

Jean-Christophe Pasqua

La rédaction de « Saisons d'Alsace » a entièrement consacré son numéro de septembre, qui vient tout juste de sortir en kiosques (112 pages, 7,50 €), à  l'histoire de l'évacuation des Alsaciens dans le Sud Ouest. Le « déménagement » du Racing à  Périgueux y fait d'ailleurs l'objet d'un long reportage.
Page marquante et "originale" de l'histoire du Racing !
L'histoire est en marche ...
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Keating
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Re: [1939/40] Le Racing champion de Dordogne

Message par Keating »

On dirait un mafiosi le mec à  droite :lol: :lol: :lol:
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silex57
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Re: [1939/40] Le Racing champion de Dordogne

Message par silex57 »

C'est clair qu'il est plus que louche !!
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Re: [1939/40] Le Racing champion de Dordogne

Message par Tenor »

Si à  chaque homme costumé on lui attribue une étiquette de louffoque, où va t-on ? ;) :lol:
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