L'Alsace a écrit : Dérapages incontrôlés
Le budget 2009-2010 du RCS est passé d’un déficit prévisionnel de 1,7 million d’euros en mai 2009 à 7,7 millions un an plus tard. Comment expliquer une telle dérive ? Après les deux premiers volets publiés lundi et mardi, voici le troisième épisode de notre série intitulée « L’enfer du décor ». Ou la saga d’un club relégué pour la première fois de son histoire au 3 e niveau national.
29 mai 2009. Battu 2-1 à Montpellier, le Racing échoue pour un point dans sa course à la remontée immédiate en Ligue 1. Des deux hypothèses budgétaires préparées pour 2009-2010, l’option Ligue 2 est fatalement retenue. Selon la projection établie quinze jours plus tôt, le club bouclera l’exercice suivant – autrement dit, celui qui s’achèvera le 30 juin 2010 – avec un déficit de 1,7 million d’euros. Le Racing est alors censé enregistrer 15,6 millions de recettes, contre 17,3 millions de charges.
Ce budget prévisionnel englobe une rentrée financière non négligeable, mais très aléatoire : la prime de 3 millions que Sportfive, l’agence qui gère le marketing du RCS, doit lui verser contractuellement en cas de remontée en L 1.
On connaît la suite : un début de saison catastrophique, une guerre sans précédent dans les coulisses du club et l’obligation de ranger très vite aux oubliettes l’éventuelle prime de 3 millions. À la mi-novembre, Philippe Ginestet et son président délégué Jean-Luc Herzog revoient leur copie. Les chiffres valsent. Les millions aussi. Pas forcément dans le bon sens.
Les recettes ne s’élèvent alors plus qu’à 12,798 millions. Une baisse d’environ 3 millions d’autant plus logique qu’elle correspond au bonus prévu dans le contrat de Sportfive. Il y a belle lurette en effet que le rêve d’une accession s’est évanoui.
Mais si les recettes ont subi une déflation sensible, les charges, elles, ont déjà sérieusement augmenté. Le nouveau budget détaillé fin novembre devant la DNCG ( 1) fait état de 19,3 millions de dépenses. Deux millions de plus qu’estimé six mois plus tôt. Conséquence : à quelques jours de la revente au fantôme Roman Loban, qui cache derrière son suaire Jafar Hilali et Alain Fontenla, les propriétaires actuels, le déficit a grimpé à 6,5 millions. « Oui, mais après la campagne foireuse du recrutement estival, nous avons dû enrôler en dernière minute Nicolas Fauvergue, Habib Bellaïd et Arnaud Maire pour renforcer l’équipe », se défend Herzog, « ce qui a engendré 1,5 million de charges supplémentaires. Ce montant, ajouté à la prime de Sportfive à laquelle nous ne pouvions plus prétendre, explique le différentiel entre mai et novembre (2). Avec les derniers renforts de l’été, la masse salariale est passée de 4,5 à 6 millions. »
8,6 millions de trou si la Ville ne paie pas
Malgré un mercato hivernal sous masse salariale contrôlée, le Racing va poursuivre son dérapage financier avec les nouveaux propriétaires. Le mercredi 12 mai, l’actionnaire majoritaire Alain Fontenla, le directeur général Christophe Cornelie et le président Jean-Claude Plessis présentent en conseil d’administration la dernière mouture d’un budget 2009-2010 qui n’a cessé d’évoluer. Si, en six mois, les recettes sont restées sensiblement les mêmes (12,9 millions), les charges se sont encore alourdies de 1,3 million, pour culminer à 20,6 millions. Le déficit s’élève désormais à 7,7 millions (Ndlr : hors cessions de joueurs et abandons de comptes courants d’actionnaires), alors qu’il inclut pourtant le partenariat de la Ville (900000 euros environ) toujours pas versé.
L’indemnité de départ versée à Herzog (200000 euros) et les émoluments de Luc Dayan, Benoît Rousseau, Christophe Cornelie (3) et Hervé Seck (et de l’expert financier Bernard Barberi ?) payés par la holding Racing Investissements, mais refacturés à la SASP Racing (4), expliquent en partie le creusement du déficit. Le justifient-ils ? C’est une autre histoire. Et encore ne tient-on pas compte ici du litige en cours avec l’ex-président Julien Fournier, licencié sans ménagement. La procédure engagée par ce dernier devant la commission juridique de la Ligue, (voir ci-contre) qui pourrait déboucher sur un procès aux Prud’hommes si aucun accord amiable n’était trouvé, fait courir un risque maximum de 1,3 million à un RCS déjà méchamment plombé.
Stéphane Godin
(1) Direction nationale du contrôle de gestion de la Ligue de Football Professionnel.
(2) Philippe Ginestet et Jean-Luc Herzog avaient aussi intégré à ce budget présenté fin novembre une baisse des recettes de billetterie pour 300000 euros.
3). Le directeur général délégué reste officiellement salarié de Carousel Finance, la société de Jafar Hilali, qui facture ses prestations à la SASP pour un montant estimé à 12500 euros bruts par mois, plus 2000 euros de frais.
(4) Société anonyme sportive professionnelle. Ce subterfuge a été dénoncé par l’actionnaire minoritaire Dominique Pignatelli après le dernier CA (« L’Alsace » de lundi 17 mai).


 
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