A 12 jours de son 19e anniversaire, Rudy Carlier devrait fêter sa première titularisation en équipe pro, demain soir à  Sedan. Une chance à  saisir pour cet attaquant de pointe qui n'a pas froid aux yeux et dégage une véritable âme de buteur.
« J'avais quatre ans. » Pour Rudy Carlier, la carrière de footballeur professionnel fut une vocation précoce. Aujourd'hui, il est tout près de franchir le pas. Le dernier. Le plus dur.
 Tout petit encore, il avait déjà  trouvé son modèle, au poste duquel, comme par hasard, il évolue : « Van Basten ». Pour ce qui est des joueurs en activité, ses références sont du même tonneau : « Trezeguet, Van Nistelrooy ».
« Jamais un détail »
 Tous de véritables chasseurs, animés de cet instinct de buteur sans état d'âme qui fait la différence. Avec sa gueule d'ange à  qui l'on donnerait le bon Dieu sans confession, et qui pourtant frappe sans scrupule dès que l'occasion se présente, Carlier se rapprocherait plutôt du Turinois. A ceci près, évidemment, qu'il lui reste tout à  prouver.
 A la 89e' du 8e de finale de Coupe de la Ligue contre Lille, il croit inscrire son premier but chez les pros. La balle semble avoir franchi la ligne malgré la parade désespérée de Malicki, mais l'arbitre, M. Piccirillo, et son assesseur, lui refusent cette joie qui, pour la race des buteurs, change beaucoup de chose. « J'y ai pensé 25 fois depuis », lâche-t-il dans un sourire, mais geste de rage à  l'appui.
 Importante, cette première tant attendue, ou un détail ? « Comment ça, un détail ? Un but n'est jamais un détail. Quant à  celui-là ... » Le gamin est bien habité de l'obsession du buteur. « Une volée de 25 m dans la lucarne ou un pointu de deux mètres, peu importe. L'essentiel est de la mettre au fond. »
« Le bon choix »
 Ce geste victorieux, il l'a accompli à  vingt reprises depuis son arrivée à  Strasbourg, à  l'été 2003, en provenance de l'AS Cannes, où il a grandi pendant trois ans. « J'ai fait le bon choix. J'étais un peu perdu. Ici, j'ai retrouvé le goût à  tout. Je me sens vraiment chez moi, je me sens alsacien. Je le dois surtout à  Jean-Marc Kuentz, le directeur du centre, et François Keller, qui m'entraîne depuis deux ans. »
 Son arrivée, à  17 ans, tenait du challenge. « Je voulais me prouver que j'étais capable de m'imposer. » Et il y parvient, dès sa première année, en tant que meilleur réalisateur des moins de 18 ans avec 11 buts, auxquels s'ajoutent cinq réussites lors de ses apparitions en CFA. Dans la foulée, il marque avec les pros, en amical, à  Kehl face au FC Synot, lors de la préparation de la saison actuelle, qu'il suit de bout en bout, dans le groupe alors élargi d'Antoine Kombouaré.
Première à  Lyon...
 Ce dernier ne lui accordera néanmoins pas sa chance, malgré les déboires de Mamadou Niang en début de championnat, ce qui ne suscite aucun commentaire de l'intéressé. « Je devais encore travailler. » C'est donc Jacky Duguépéroux qui fera appel à  lui. « Pour une première à  Lyon (NDLR : entrée à  la 84e'), sur le terrain du champion. Je ne pouvais rêver mieux. »
 Depuis, il est apparu trois nouvelles fois, pour un total de 90 minutes environ, dont 53 en Coupe de la Ligue, tirs au but en prime. Rudy Carlier ne fanfaronne pas pour autant. « Ces six derniers mois, j'ai connu des hauts et des bas. Jacky Duguépéroux s'appuie beaucoup sur les jeunes du centre. Si je suis là , c'est par rapport aux blessés. Je ne m'enflamme donc pas. »
 Le chemin est encore long, même s'il avance à  grands pas. « Chez les pros, tout se passe un niveau au-dessus. Dès lors, on progresse vite. Dans la concentration, la technique, l'exécution des gestes. »
... une autre à  Sedan ?
 Cet automne, il a fait mouche à  trois reprises en CFA, où il se doit désormais de montrer l'exemple, et marqué une fois lors de ses quatre sélections en équipe de France des moins de 19 ans. A Sedan demain soir, il devrait franchir un nouveau cap en matière d'apprentissage. En l'absence de Niang et malgré le retour de Pagis, il pourrait connaître sa première titularisation.
 « Si ce devait être le cas, je dis bien si, je considérerais cela comme une chance à  saisir. La boule au ventre sera bien là , mais on ne peut se permettre de jouer avec le frein à  main. Je ne me prends pas trop la tête. »
 Et si d'aventure, l'affaire devait se conclure aux tirs au but, il s'y collera. Comme face à  Lille. Car tout buteur qui se respecte se doit de prendre ses responsabilités.