L'Alsace a écrit :On avait déjà  vu le film ! 
Alors qu'il menait à  Lens, le Racing a tout perdu en dix minutes hier (1-2), au terme d'un scénario épouvantable, marqué par les blessures de Cassard et Gameiro et l'expulsion de Pontus Farnerud. 
Il est dit que rien ne sourira cette saison au Racing. Une fois encore, une fois de plus, une fois de trop, les Strasbourgeois se sont inclinés hier à  Lens dans les toutes dernières minutes au terme d'un scénario qu'Alfred Hitchcock lui-même aurait jugé irréaliste. Ils croyaient avoir vécu le pire à  Nantes ou à  Bordeaux où ils s'étaient fait crucifier au bout du bout des arrêts de jeu. Mais le cruel épilogue de ces deux échecs n'était rien en comparaison de ce qu'ont traversé Devaux et les autres en Artois. Le forfait de dernière minute de Yacine Abdessadki, victime d'une douleur abdominale et d'une gêne à  la cuisse, aurait d'ailleurs dû constituer un premier signal d'alerte sur la rude soirée qui les attendait. Le milieu strasbourgeois reste confiant sur son rétablissement dans l'optique de la réception, toujours hypothétique à  cause de la météo, du PSG mercredi. Contraint et forcé par les événements, Jacky Duguépéroux a donc choisi l'option offensive qu'il évoquait la veille en alignant conjointement Kevin Gameiro et Alexander Farnerud. Ainsi – bien — disposé, le Racing Strasbourg va d'ailleurs confirmer d'entrée ses intentions et ses ambitions. Mais une grossière erreur d'arbitrage va le priver d'une juste récompense. Sur un centre venu de la gauche, Nicolas Gillet balaie le pied d'appui du cadet des Farnerud. Le penalty semble évident à  tout Bollaert, excepté au théâtral M. Cailleux, pourtant placé à  cinq mètres de l'action. Jacky Duguépéroux peut secouer la tête de gauche à  droite en signe d'incrédulité, rien n'y fera. Malgré ce contretemps, ses joueurs résistent sans trop souffrir aux réactions sporadiques des « Sang et Or », essentiellement dangereux par Jussié (19e et 25e). Mais rien de vraiment inquiétant pour un Racing qui, sans un contrôle trop long de Diané devant Itandje (36e), aurait pu rentrer aux vestiaires avec un petit bonus pas immérité.
Dix minutes de folie
Cet avantage, les Bleus vont se l'offrir sitôt la reprise sur une énorme bévue de Hilton. Anticipant la passe en retrait trop molle du Brésilien à  destination d'Itandje, le renard Gameiro intercepte et s'en va comme un grand ajuster le portier artésien pour inscrire son premier but en L 1 (51e). Comme à  Nantes et Bordeaux donc, le Racing mène au score. Et comme en Loire-Atlantique et en Gironde, il va rater le K-O définitif. Sur deux centres millimétrés d'un Le Pen virevoltant, Alex Farnerud (reprise trop enlevée, 60e) et Diané (un peu trop court, 62e) auraient pu achever des Lensois dans leurs petits souliers à  cet instant de la partie, mais que ces échecs bas-rhinois vont requinquer. En plein coeur de la révolte « Sang et Or », les événements vont se succéder à  une vitesse hallucinante. Jugez plutôt ! 74e : sortie de Gameiro, victime d'une entorse de la cheville droite et remplacé par Nemeth. 74e toujours : déboulé de Thomert que Cassard fauche en pleine surface de réparation. Touchés dans ce télescopage, les deux hommes devront quitter le terrain après un arrêt de jeu de 4 minutes. 78e : Puydebois, qui n'avait pas stoppé le moindre tir au but à  La Duchère, repousse le penalty de Cousin, mais le ballon revient dans les pieds de l'attaquant lensois qui égalise d'une mine sous la transversale. 80e : Pontus Farnerud et Demont, qui en sont venus aux mains, sont expulsés. 83e : Seid Khiter, qui n'est entré en jeu que « grâce » à  la blessure de Thomert, enrhume la défense strasbourgeoise sur son aile gauche et vient tromper Puydebois avec un formidable sang froid. Voilà . En moins de 10 minutes, le Racing a tout perdu : trois joueurs (Pontus Farnerud suspendu contre Paris, Cassard et Gameiro, blessés) et, sans doute, ses dernières illusions. Il a raté une énorme occasion, au propre comme au figuré, avec cet immanquable… manqué par Nemeth dans les arrêts de jeu (90e + 3). Comment croire encore au maintien quand le vent contraire refuse obstinément de tourner ?
Stéphane Cassard à  l'hôpital 
Nicolas Puydebois n'a pas hésité une seconde. Alors qu'on lui demandait une réaction à  l'impensable scénario qui avait plombé le Racing en toute fin de match, le remplaçant de Stéphane Cassard a d'abord pensé à  son concurrent, très sévèrement blessé dans un choc avec Olivier Thomert (lui-même recousu pour une entaille sur le genou). « On ne sait pas encore ce qu'a Stéphane. Au-delà  de la défaite, c'est ce qui nous préoccupe. »
« À être dégoûté du football »
Le portier du Racing a en effet été évacué à  l'hôpital où il a passé la nuit en compagnie du kiné Eric Moerckel. « Il a l'arcade gauche ouverte et la pommette gauche enfoncée », indiquait Jacky Duguépéroux, entré dans une colère noire contre l'arbitrage et écoeuré par un sort qui s'acharne contre son équipe, « C'est à  être dégoûté du football après une partie comme celle-là . Le match a été pourri par un arbitre incompétent qui a oublié de siffler un penalty flagrant sur Alex Farnerud en début de match. C'est quand on voit ça qu'on se dit que l'arbitrage ne pourra jamais faire partie de la famille du football. L'arbitre a perdu les pédales dans un match où il ne se passait pas grand-chose. Après chaque déconvenue, on trouve les ressources pour se motiver et rebondir. Dans cette saison noire, nous trouvons les ressources pour nous remotiver à  chaque fois. Mais ça devient de plus en plus dur, parce qu'on n'en finit plus de prendre des claques dans la gu… Je n'ai jamais vécu une saison pareille. Quand, comme joueur, je suis descendu avec Valenciennes et Strasbourg, c'est que nous le méritions. Là , j'ai vraiment l'impression que nous ne le méritons pas. Je vous avais parlé d'une simulation que j'avais faite jusqu'en fin de saison. Eh bien, je peux vous dire que je n'avais pas prévu de point à  Lens. Ça veut dire que c'est encore possible. Et si nous devons descendre en fin de saison, nous n'aurons pas de regrets, parce que le groupe ne lâche rien. Excepté, peut-être, de n'avoir jamais su mettre au fond les occasions qui nous auraient permis de remporter bien davantage de matches. »