Christian Bassila : "On ne baissera jamais les bras"
Le milieu de terrain strasbourgeois est l'auteur d'un début de saison époustouflant. Mais loin de se contenter de bonnes performances individuelles, Christian Bassila porte une attention particulière à l'attitude collective d'un Racing où les ambitions se font à nouveau légitimes. Entretien avec le joueur du mois.
Christian Bassila a bon espoir defaire progresser le Racing dans
la hiérarchie cette saison.
Vous avez affiché une forme impressionnante à l'occasion de la reprise du championnat et tout au long du mois d'août, au point que supporters et observateurs ont changé d'opinion à votre endroit. Y-a-t-il un nouveau Bassila pour cette saison 2003-2004 ?
Des événements sont intervenus dans ma vie, comme mon mariage, qui m'ont permis de gagner en sérénité. Dans ma tête, je me sens parfaitement bien. J'ai tendance à croire que vie privée et vie professionnelle sont étroitement liées. Avec les nouvelles responsabilités que j'ai endossées par rapport à ma vie de famille, j'ai une autre approche de mon métier. Je ne me mets plus la pression de manière inconsidérée.
Pour évoquer une autre explication, l'intersaison s'est révélée idéale. J'ai suivi toute la préparation tout à fait normalement. Je ne suis pas à 100% physiquement, mais je m'en approche, tandis que la saison passée, j'avais débarqué dans le groupe quelques jours avant le début du championnat, j'avais été lancé dans le grand bain et je me suis retrouvé cuit assez rapidement. Et puis je pense également que mon travail commence à payer, tout simplement. Au bout de deux ans d'efforts, c'est un peu normal qu'il y ait des résultats.
Ne portez-vous pas un œil amusé par rapport aux nombreuses critiques dont vous avez pu faire l'objet ?
Je n'aime pas trop me mettre en avant, ce n'est pas dans mon tempérament. Je n'apprécie pas comme une revanche personnelle ma forme actuelle. Je me réjouis du changement d'état d'esprit à l'œuvre au Racing. Et la carte collective mérite vraiment d'être privilégiée. D'un point de vue personnel, j'ai surtout la satisfaction de ne pas voir apparaître le nom de Bassila dans les faits divers depuis quelque temps. Et s'il y a eu une progression, elle concerne tout autant Yves Deroff, Danijel Ljuboja, Fabrice Ehret, Cédric Kante ou Yacine Abdessadki qui sont revenus plus forts de leur prêt, ou encore les jeunes du centre de formation qui ajoutent à l'émulation. Cela prouve qu'il y a du bon travail réalisé dans l'ensemble du club. Et cela ouvre de belles perspectives. Parce que le groupe est jeune, qu'il dispose d'une marge de progression. Depuis le début de saison, en revenant souvent au score, en ne baissant jamais les bras, l'équipe agit plus qu'elle ne parle. On ne pourra pas être bon à tous les matches. Mais on peut au moins s'engager à ne jamais abandonner.
"L'équipe est plus libérée"
Christian Bassila capitaine
en fin de partie contre Guingamp.
Quel regard portez-vous sur votre nouvel entraîneur, qui semble déjà avoir apporté sa touche personnelle ?
Ivan avait sa méthode et sa présence a largement contribué à nous responsabiliser. En ce qui concerne Antoine, le message s'articule autour de quelques notions fortes, comme l'honnêteté, l'intégrité et la simplicité. Globalement, les joueurs savent précisément ce qu'ils ont à faire une fois sur le terrain. Quelques consignes à la mi-temps servent juste à recadrer ce qui n'a pas été. Antoine se montre précis dans la communication et laisse s'exprimer son passé de formateur. Depuis le bord du terrain ou des tribunes, il n'a pas besoin d'hurler. En fait, s'il y a peut-être eu changement, il s'est fait dans la continuité. On sait pertinemment qu'on n'est pas les plus forts du championnat, mais on a la certitude de ne pas être les plus mauvais non plus. Et de ce fait, on joue sans doute un peu plus libéré depuis le début de saison.
L'arrivée des quatre recrues nourrit-elle le jeu plus spectaculaire développé depuis août ?
Un groupe professionnel ne peut pas se contenter de disposer de 16 joueurs pros. Les dirigeants l'ont bien compris. Les nouveaux joueurs donnent l'impression d'un recrutement assez judicieux dans l'ensemble. Avec l'expérience de Dutruel, la vélocité de Niang et le désir de Dorsin et de Farnerud d'intégrer leur sélection, un souffle nouveau touche le groupe. Il provient également de Yacine et de Cédric, comme je vous l'ai dit précédemment. L'enthousiasme provient également de ces promotions internes constatées, de ces jeunes joueurs qui décrochent un contrat pro et cherchent à intégrer le groupe, puis l'équipe.
Dans ce panorama, votre ancienneté dans l'effectif (ndlr : Bassila entame sa troisième saison sous le maillot strasbourgeois) ne vous amène-t-elle pas à endosser un autre rôle dans le vestiaire et à porter un regard de connaisseur sur les réalités du club ?
J'ai peut-être gagné sur le plan de la maturité. Je me contenterai de tenter d'en faire bénéficier mes partenaires. Je ne vais pas me transformer parce que je commence à bien connaître le club. Je m'efforce d'apporter ma joie de vivre au groupe, ma façon d'être.
"Je veux apporter ma pierre à l'édifice"
En fait, j'ai de bonnes sensations par rapport à la saison qui commence. Depuis notre saison en D2, le Racing a énormément changé. Il a progressé, il a bien travaillé. Il me fait penser à un œuf. Et pour cette saison, le poussin pourrait très bien sortir la tête de la coquille. Nous continuons à vivre une phase d'apprentissage. Mais dans un coin de notre tête, il y a de la place pour de belles ambitions. On ne va pas s'enflammer parce que l'on a réussi deux ou trois bons matches. Mais il y a de belles choses à envisager… une fois le maintien acquis.
Il s'agit essentiellement de ne pas retomber dans les erreurs du passé. Le discours tenu par le coach est honnête. Par rapport à ça, à nous joueurs de se dire les choses en face. Mais je me refuse totalement à endosser un rôle de "taulier". Car jouer un rôle, c'est s'installer dans une forme de routine. Et il n'y a aucune raison, sous prétexte que l'on a accumulé de l'expérience de ne pas écouter le conseil d'un plus jeune. Dans le projet club qui est en œuvre depuis quelques saisons, je veux simplement apporter ma pierre à l'édifice.
Mes sincéres veux a madame Bassila
