L'Alsace a écrit :« Dugué » à travers les âges
Champion de France de D 2 (1977) et de D 1 (1979) comme joueur, double vainqueur de la Coupe de la Ligue (1997 et 2005) comme entraîneur, Jacky Duguépéroux, parti en fin de saison dernière sur une relégation en L 2, reste l'homme le plus titré de l'histoire centenaire du RCS.
Il ne sera pas demain à la Meinau pour les festivités du centenaire, même s'il a reçu une invitation. « J'avais prévu de longue date un week-end prolongé en famille et je n'ai pas envie de le sacrifier. » Il faut dire que le nouveau job de Jacky Duguépéroux ne lui laisse que peu de week-ends. Depuis son départ fin mai, l'homme le plus titré de l'histoire du Racing a en effet rebondi où on ne l'attendait pas : il entraîne les… débutants du FC Kertzfeld qui l'a sollicité. L'ex-coach du RCS y habite. Son fils Gaël joue dans l'équipe. Et il prend son rôle très à coeur. « Je suis parfaitement intégré au village et même si mon fils n'avait pas joué, j'y serais allé. J'entraîne les gamins le mercredi et je viens de passer mes trois derniers samedis sur les plateaux de débutants. C'est ma façon de rendre aux enfants ce que le football m'a donné. Les débutants sont avec les benjamins la seule catégorie que je n'avais pas entraînée (rire). Et comme ils ne jouent pas ce week-end, j'en profite.»
Jacky, vous avez été joueur du Racing de 1973 à 1979, puis vous n'y êtes revenu qu'en 1992 comme coach des 17 ans. Pensiez-vous un jour vous retrouver à la tête de l'équipe pro ?
Non, pas du tout. Je ne pensais même jamais revenir dans le milieu. Si Bernard Tapie, en rachetant Adidas, ne m'avait pas licencié lorsque j'étais commercial pour le Coq Sportif (dont Adidas était propriétaire), je n'y serais sans doute jamais revenu. Je dois ce retour à un concours de circonstances.
« Huit entraîneurs en six ans »
Quels souvenirs gardez-vous de vos six années de joueur ?
Les gens me disent souvent : « A votre époque… » Mais à notre époque, les trois premières saisons, nous avons galéré, lutté pour ne pas descendre et nous avons fini par tomber en 1976. C'était il y a 30 ans. Les salaires étaient parfois payés avec une quinzaine de retard. Tout n'était pas rose. En revanche, les trois années suivantes ont été formidables, entre le titre de champion de France de D 2 en 1977, la 3e place en D 1 en 1978, la campagne en Coupe UEFA et le titre de champion de D 1 en 1979 qui était la concrétisation du travail commun d'un groupe que Gilbert Gress connaissait parfaitement. Ces trois années ont été, pour moi, les meilleures, individuellement et collectivement, dans un contexte jamais recréé depuis. Il ne me manque que d'avoir joué la Coupe d'Europe des clubs champions en 1979-80. Le club et moi n'étions pas tombés d'accord sur une prolongation de contrat. Je voulais deux ans, il ne m'en offrait qu'un. J'ai claqué la porte et stoppé ma carrière pro à 31 ans, alors que j'étais au summum de mes capacités. En six ans, j'avais connu huit entraîneurs, dont deux ans Gilbert. Alors, quand, au printemps 1995, j'ai accepté de succéder à Daniel Jeandupeux, je savais ce à quoi je m'exposais. Mais c'est une opportunité qui ne se refusait pas.
Comme coach, vous avez étoffé votre palmarès au Racing au point d'en devenir l'homme le plus titré. Est-ce une fierté ?
Oui. Quand je serai plus âgé et que j'en parlerai avec mes deux garçons, il ne restera que les bons moments. Mes premiers pas d'entraîneur pro ont été faciles. En 1995, le club disposait de l'effectif le plus talentueux depuis le titre. Marc Keller est devenu international, Frank Leboeuf aussi. On a tout de suite joué la finale de la Coupe de France (perdue 1-0 contre le PSG). On s'est qualifié pour l'Intertoto et on a affronté le Milan AC. En 1997, on gagne la Coupe de la Ligue et on termine 9e en D 1, avec 60 points, à seulement 4 longueurs du podium. Nous gagnons 19 matches sur 38. David Zitelli marque 19 buts, Pascal Nouma 14. Ce n'est plus arrivé depuis. Mon regret, c'est de n'avoir pu entraîner une équipe capable de jouer le haut de tableau. Mais ça viendra peut-être encore.
« Je peux me regarder dans la glace »
De tous les titres que vous avez gagnés, quel est celui qui vous a procuré le plus d'émotion ?
Le titre de champion, bien sûr, parce que quand on est joueur, on se sent 100 % impliqué. Mais la Coupe de la Ligue 2005 reste un souvenir particulier, tout comme notre parcours européen de l'an passé que j'ai peut-être été l'un des seuls à apprécier.
Avez-vous digéré les mauvais moments ?
Dans une vie, professionnelle et personnelle, la roue tourne. Ce que je sais, c'est que quand je me rase le matin, je peux me regarder dans la glace. Je n'ai pas le sentiment d'avoir triché avec qui que ce soit. De mes années aux Grands Moulins de Strasbourg où je travaillais comme commercial dès l'aurore, sans compter les heures, j'ai appris la dureté du travail. Ces années-là resteront pourtant l'un des meilleurs souvenirs de ma trajectoire. Elles m'ont appris à relativiser ce que j'ai ensuite vécu dans le foot. Elles m'ont enseigné l'humilité et la simplicité que j'essaie aujourd'hui d'inculquer à mes enfants.
« Je suis prêt »
Jacky Duguépéroux est actuellement un entraîneur au chômage. C'est ainsi qu'il se définit lui-même. Mais l'ancien défenseur n'en est pas pour autant inactif. On l'a récemment vu à la télévision comme consultant sur Eurosport à Gelsenkirchen lors de Schalke 04 - Nancy en Coupe UEFA, puis à Guingamp pour Guingamp - Caen en Ligue 2. Un début de reconversion ? « Non », répond-il, « mais Christophe Jammot (commentateur du foot sur Eurosport) est l'une des rares personnes du milieu à avoir pensé à moi depuis mon départ de Strasbourg. Je n'ai pas d'engagement sur la durée avec la chaîne. Ça se fera au coup par coup. Aujourd'hui, j'attends qu'on me propose un travail dans le foot où j'ai à peu près occupé tous les postes. » Après quatre mois de - relative - inactivité, « Dugué » se dit donc prêt à reprendre du service. « Oui, mais pas n'importe où. Sinon, j'aurais déjà trouvé un club. Je n'ai pas envie de retourner dans une autre galère. Ma vie actuelle me convient bien. Je reprends goût à la vie de famille, je m'occupe de mes enfants, je fais des tas de choses que je n'avais pas le temps de faire. Mon genou va ainsi beaucoup mieux, parce que je fais beaucoup de vélo. Je suis même très affûté (il rit) et j'ai envie de montrer à tout le monde que si la saison dernière a mal tourné, ce n'était peut-être pas la faute de l'entraîneur. Je ne regrette rien et j'ai du mal à croire qu'en six mois, j'ai pu passer du statut de sauveur en Ligue 1 et vainqueur de la Coupe de la Ligue à celui de mec qui ne comprenait plus rien. J'avoue qu'une expérience à l'étranger me tenterait. »
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C'était ça le WE en famille qui lui fait manquer le centenaire du Racing ? 
