DNA a écrit :Gameiro reprend son vol
Sept mois après sa blessure aux ligaments croisés, Kevin Gameiro retrouve doucement son meilleur niveau. Le petit attaquant strasbourgeois attend avec impatience de retrouver le chemin des filets. Une question de jours ...
C'était à Lens, une froide nuit de février. Le Racing de Jacky Duguépéroux était engagé dans une course éperdue au maintien en Ligue 1. Ce soir-là , un fol espoir avait germé l'espace de quelques instants.
Kevin Gameiro, 18 ans à l'époque, venait d'ouvrir son compteur en championnat. Déjà auteur d'un doublé en UEFA, contre l'Etoile Rouge de Belgrade, et d'un autre aux dépens de Nancy, en Coupe de France, cette fois, l'attaquant de poche avait glacé les travées de Felix-Bollaert. Tout le talent de Gameiro est contenu dans ce but inscrit de sang froid. Une bonne dose de clairvoyance, quand il intercepte une passe en retrait de Hilton à l'adresse d'Itandje. Un soupçon de culot, sur sa frappe dans un angle complètement fermé. Une pointe de réussite, enfin, lorsque le gamin voit la balle filer au ras du poteau opposé. « Oui, je m'en souviens bien, de ce but, sourit l'intéressé. D'autant que c'est mon dernier. »
« Comme j'étais le dernier attaquant sur pied, je m'étais mis une grosse pression »
Si l'élan du Racing a été brisé net ce soir-là , puisque Lens était parvenu à inverser la vapeur en fin de match (2-1), celui de Kevin Gameiro a été suspendu trois semaines plus tard. Contre Troyes, sur une action anodine, l'attaquant s'effondre sur la pelouse de la Meinau. Les ligaments de son genou gauche viennent de céder, sa saison est terminée. « Peut-être que toutes les conditions étaient réunies pour que survienne ce genre de blessure, explique le natif de Senlis. Je découvrais le haut niveau, j'enchaînais les matches, j'étais un peu fatigué. Comme j'étais le dernier attaquant sur pied, je m'étais mis une grosse pression. Je n'avais pas envie de décevoir. Bon, c'est arrivé. Ça fait partie des risques du métier. »
Gameiro entame alors une période incompressible de convalescence qui le tiendra éloigné des terrains sept mois durant. Il assiste, impuissant, à la chute puis à l'éclatement d'une équipe dans laquelle Duguépéroux l'avait convié en deuxième partie de saison. Le petit gabarit recommence à trottiner au moment où Jean-Pierre Papin s'assoit sur le banc alsacien. Entre-temps, les dirigeants lui avaient proposé de parapher son premier contrat pro, d'une durée de trois ans.
« Si j'ai pu revenir rapidement, c'est que j'avais le moral »
« C'est un signe de confiance que de signer tout en étant blessé, reconnaît-il. Mais je n'avais qu'une hâte : rejouer. Sept mois sans toucher le ballon, c'est long. J'ai pu compter sur le soutien de mes parents, de mes amis. Cette blessure se gère autant dans la tête que lors des séances de rééducation. Si j'ai pu revenir rapidement, c'est que j'avais le moral. » Gameiro met tellement de coeur à l'ouvrage que Papin accélère sa réintégration. D'autant que les autres attaquants, de Perbet à Rangelov, tardent à trouver la bonne carburation. Mi-septembre, en Coupe de la Ligue à Auxerre, il signe sa rentrée. Avant de... rechuter en fin de mois, à l'entraînement. « J'ai voulu en faire de trop, admet le revenant. Quand j'avais mal, je ne disais rien. Cette élongation à la cuisse a freiné mon retour. Je n'ai pas trop forcé. Maintenant, je prends le temps. »
« L'objectif, c'est de retrouver le chemin des filets »
Contre Grenoble (1-0), il y a deux semaines, Kevin retrouve enfin la pelouse de la Meinau, en fin de partie. Et dimanche, il est titularisé aux côtés d'Hervé Tum pour affronter Caen (3-2). Remplacé par Mathlouthi à un quart d'heure de la fin, il laisse une bonne impression et reçoit les félicitations de Papin. « C'est plus facile de rentrer dans une équipe qui gagne, tempère Gameiro. Je reviens doucement à mon niveau de l'an dernier. L'objectif, maintenant, c'est de rester titulaire à côté d'Hervé et de retrouver rapidement le chemin des filets. Ça, je ne pense pas l'avoir oublié. » Celui qui dit être sorti « renforcé » de cette épreuve ne se pose pas mille questions. « C'est sa force, assure Yacine Abdessadki, son capitaine. Il ne calcule pas et joue avec spontanéité. On manque de buteurs, son retour tombe bien. » Vendredi à Gueugnon, les Forgerons devront garder à l'oeil ce petit phénomène. Car cette fois, Kevin Gameiro a repris son vol.
Séb.K.