L'Alsace a écrit :Racing : l'élan Furlan
Le nouveau manager du RCS s'appuie sur des méthodes auxquelles il entend ne pas déroger. Décryptage avec les joueurs après moins d'un mois de compétition.
Jean-Marc Furlan ne nous en voudra pas de le dire : il est bavard. Pour faire passer son message, le nouveau manager du Racing ne compte pas son temps, ni ne lésine sur les explications. Auprès de ses dirigeants, de ses joueurs, de son staff, de la presse aussi. Ce qui pourrait passer chez certains comme du verbiage est perçu par ses hommes comme de la pédagogie. « Et la pédagogie, c'est souvent la répétition. À l'entraînement, tu n'apprends pas de nouveaux gestes tous les jours. Mais tu progresses en répétant ceux que tu connais », convient un Pascal Camadini qui, à 35 ans, a eu l'occasion « d'user » quelques coaches durant sa longue carrière. « Chacun a sa méthode », poursuit le Corse. « C'est presque une lapalissade que de le dire. Il y a la méthode Perrin, la méthode Gourcuff. Jean-Marc Furlan nous demande de réfléchir, d'être à l'écoute, de ne pas nous jeter la tête la première. Il insiste sur ce qui fait la différence entre une équipe de L 2 et une de L 1. Nous essayons de nous déplacer avec cohérence, de combler les espaces inoccupés. »
Jouer. En toutes circonstances. Telle est la base du discours « furlanesque ». « Partout où il est passé, il a toujours fait jouer ses équipes », disait l'autre jour un journaliste parisien. À Troyes l'an passé, l'ex-pro est « mort » avec ses idées. Son équipe est tombée en L 2, non sans avoir séduit. « Aucune équipe ne nous a donné la leçon », se plaît-il à rappeler. « Seulement, nous n'avons pas su être efficaces. Offensivement, l'ESTAC avait moins de talent que le Racing aujourd'hui. »
Sa marotte : la préparation mentale
Le technicien s'appuie donc à Strasbourg sur des préceptes inchangés. Et après quatre journées, le RCS signe son meilleur début de saison en L 1 depuis douze ans. « Le coach essaie de nous inculquer des valeurs et des principes de jeu », observe Yacine Abdessadki, « Il nous apprend autre chose avec des méthodes différentes de celles que j'ai pu connaître. Des conceptions très enrichissantes, axées sur la communication et la pédagogie. Il essaie d'optimiser le potentiel de chacun. »
« Depuis la reprise de l'entraînement fin juin, son discours est clair : il a des idées précises et les martèle », lui fait écho le capitaine Guillaume Lacour, « De fait, nous savons parfaitement où nous allons. »
En Alsace, J.-M. Furlan a aussi apporté l'une de ses marottes : la préparation mentale, parfois utilisée par le passé à la Meinau, mais jamais sur la durée, ni à si haute fréquence. Sa compagne, Cécile Traverse, en est chargée, comme à Troyes déjà . Ces dernières semaines, elle est intervenue à plusieurs reprises. Vendredi encore, à la veille du déplacement à Toulouse, les joueurs ont été conviés à une séance de relaxation, avec lumière tamisée et ambiance feutrée. « C'est le truc le plus nouveau », ne cache pas Camadini, « Nous sommes 28 et l'intérêt est d'abord collectif. À titre personnel, je suis ouvert à tout dans la mesure où ça peut m'apporter quelque chose et du moment qu'on ne me demande pas de garder des électrodes sur le crâne toute la journée. Sinon, je ne serais pas d'accord. C'est une partie du foot largement inexplorée, alors que la préparation mentale est très usitée dans certains sports individuels, notamment aux Etats-Unis. À la limite, je préfère changer de méthode tous les ans pour apprendre toujours, plutôt que de rester avec la même personne durant dix ans et risquer de voir la routine s'installer, même si ça se passe bien. »
En ce début de saison, le Racing a en tout cas trouvé la recette idéale. Il enchaîne prestations haut de gamme et bons résultats. On n'a jamais fait mieux pour se forger un mental d'acier.
L'Alsace a écrit :« Il n'y a pas de bannis »
En rupture avec un Jean-Pierre Papin très directif, au point parfois de se heurter de front avec certains de ses joueurs, Jean-Marc Furlan double sa méthode, elle aussi très encadrée, d'une certaine souplesse.
S'il a opéré certains choix dès son arrivée, il essaie aussi de respecter ceux des joueurs.
Exemple avec Eugène Ekobo à qui il a indiqué dès sa prise de fonction qu'il ne faisait pas partie de ses priorités. « Eugène est quelqu'un de très professionnel, de très agréable à diriger. Mais je reste persuadé que son intérêt est de trouver un club ailleurs pour continuer à progresser, plutôt que de jouer très peu à Strasbourg. Lui m'a dit que son rêve était d'évoluer en Ligue 1 et qu'avec un contrat courant jusqu'en 2010, il était prêt à tenter sa chance à Strasbourg. Je respecte le rêve des joueurs et il n'y a pas de problème. »
« Dans son esprit, il n'y a pas de bannis », témoigne Yacine Abdessadki, « Regardez Abou : mercredi dernier contre Auxerre (3-0), il a souffert, mais a réalisé le sauvetage qui a changé la physionomie du match (Ndlr : l'Egyptien a évité l'égalisation à 1 partout). Jean-Marc Furlan fait confiance à tout le monde. Et quand un entraîneur donne pleine confiance à ses joueurs, ça va tout seul. Dans le groupe, tout le monde s'entend bien. Il n'y a pas d'états d'âme. En fait, il y a plus de saine émulation que de concurrence. »