DNA a écrit :Kébé à contre-courant
A cinq jours de la venue de Boulogne, à l'occasion de la dix-huitième et dernière journée de l'année, le Racing tente de se remettre en ordre de bataille. Depuis hier, le club alsacien compte un nouvel élément dans son effectif. Boubacar Kébé s'est engagé jusqu'en 2012. L'attaquant est censé être opérationnel lundi prochain.
Il est arrivé d'un pas alerte, le sourire aux lèvres. Hier matin, au sortir de la première séance d'entraînement de la semaine - un jogging en forêt -, Boubacar Kébé a serré quelques mains. Celles des trois ou quatre inconditionnels du Racing, venus accueillir la recrue offensive, et même celle d'Albert Gemmrich, président de la Ligue d'Alsace (LAFA), de passage à la Meinau.
Petites chicaneries qui prêtent à sourire
Le garçon s'est donc montré poli et avenant, mais il n'a pas été autorisé à causer. Si ce n'est pour répondre à une question lancée à la volée, qui avait trait à sa nationalité. Malien de par sa mère et Burkinabé du côté paternel, Kébé dispose donc de deux passeports. Le joueur a ensuite été invité à filer aux vestiaires puis à se taire. A cette heure avancée de la matinée, il est vrai que le joker du Racing était toujours Nîmois, son contrat le liant au club strasbourgeois n'étant paraphé que dans l'après-midi. Très respectueux du protocole, pour ne pas dire tatillon, le directeur général, Jean-Luc Herzog, a opposé son veto à tout épanchement public avant l'heure. Ces petites chicaneries, certainement habituelles à Milanello ou à la Commanderie quand une « pointure » internationale débarque, prêtent à sourire sur les bords du Krimmeri. En-dehors des exégètes de la Ligue 2 et de quelques recruteurs consciencieux, qui connaît aujourd'hui Boubacar Kébé, jeune homme de 21 ans jugé « très prometteur » par le président Ginestet ? Eu égard à son mode de communication, il faut croire que le Racing est un grand club. En cette période mouvementée, les amoureux de la maison bleue se contenteraient de voir leur équipe camper le rôle d'un prétendant à la remontée. Une voie dont les hommes de Jean-Marc Furlan se sont écartés depuis quelques semaines, leur place sur le podium ne tenant plus qu'à un fil. Dans ce qui s'avère être la semaine la plus importante de l'année, puisque le Racing doit repartir de l'avant après la pantalonnade vécue contre Sedan en coupe (2-4), le coach se serait bien passé de cette épisode risible. Gêné aux entournures, Furlan a dû recourir à d'incroyables circonvolutions oratoires pour retomber sur ses pieds et justifier la venue d'un joueur qui ne constituait pas, en ce qui le concerne, une priorité. « C'est un pari sur l'avenir, mais comme c'était la première occasion, j'ai accepté, reconnaît-il. On quantifie l'effectif. Autant avoir un joueur de plus. » De ces propos ne transpire pas un enthousiasme débordant. En même temps, l'entraîneur revendique la paternité de l'idée : « Le nom, c'est moi qui l'ai donné. Mais je ne voulais pas que l'on se précipite. Sportivement, il a flambé trois mois. C'est son CV. » Sur un petit air de "je te veux, je ne te veux plus, enfin pas tout de suite", la musique ne sonne pas tout à fait juste, en dépit de tous les efforts déployés.
Voir si le Racing a la carrure pour viser une place en élite
Quant à savoir si l'auteur de cinq buts sous le maillot nîmois étrennera son nouveau numéro 10 contre Boulogne, il est un pas que Furlan se refuse à franchir. « C'est une forme de pari, mais je doute qu'il entre dans le onze de base dès lundi, poursuit-il. Quatre jours d'entraînement, c'est un peu court en termes d'intégration collective. » S'il évoque encore brièvement le recrutement - « Darbion, on force pour lui, mais ça n'avance pas », dit-il - et allume quelques mèches « à l'étranger » pour meubler le couloir gauche, Furlan entend se concentrer exclusivement sur le match de lundi et à y consacrer toute son énergie. A défaut d'être un grand club, on saura au moins si le Racing a la carrure pour viser une place en élite. Avec ou sans Kébé sur le pré. Qu'importe, finalement.
Sébastien Keller