L'Alsace a écrit :Fontenla en première ligne
Même s’il devra attendre l’assemblée générale du jeudi 28 janvier (18 h) pour avoir les pleins pouvoirs, le nouveau propriétaire du RCS a désormais les mains à peu près libres. Les administrateurs en partance ont cependant obtenu quelques concessions, certes symboliques et provisoires.
La délégation de pouvoir et de signature : tel était l’enjeu du conseil d’administration un brin houleux qui s’est tenu lundi soir durant deux bonnes heures à la Meinau. Le PDG et président de la SASP (1) Julien Fournier l’a consentie au bénéfice de Christophe Cornelie, représentant d’Alain Fontenla, pour que celui-ci puisse mettre en œuvre la politique impulsée par le nouveau propriétaire.
Résultat : le lendemain - hier donc - Cornelie, nommé directeur général délégué, n’était plus à la Meinau. Rien n’a ainsi pu être signé, notamment pas le contrat du nouvel entraîneur adjoint Cyril Serredszum, opérationnel depuis ce mardi, mais qui ne devrait pas être régularisé avant jeudi. « Ce n’est qu’une question de jours », dédramatise le coach Pascal Janin. « J’accueille cette délégation de pouvoir comme une nouvelle prenant enfin en compte les intérêts du club. C’est intelligent de ne pas le scléroser, de ne pas l’empêcher de fonctionner. »
Fontenla devra néanmoins attendre l’assemblée générale de la SASP le jeudi 28 janvier (18 h) pour avoir une mainmise totale. Car en contrepartie de la délégation de pouvoir accordée à Cornelie, les administrateurs du RCS représentant les courants minoritaires ont obtenu que « l’encadrement de la masse salariale joueurs imposée par la DNCG (2) soit étendue à la masse salariale générale du club », selon Me Nicolas Wiltberger, démissionnaire comme les autres administrateurs non actionnaires Philippe Ginestet (le seul à s’être abstenu avec Dominique Pignatelli), Jean-Luc Herzog et Éric Vogel.
Ainsi, jusqu’au 28, tout mouvement de fonds supérieur à 10 000 euros devra-t-il obtenir l’assentiment du toujours PDG J. Fournier. Une manière pour ce dernier de se protéger pénalement et de ne pas obérer davantage une trésorerie toujours précaire.
Une trésorerie à crédit
À ce sujet, Luc Dayan affirmait vendredi que contrairement aux assertions de la presse, les premiers soucis de trésorerie n’interviendraient pas début février, mais plus tard. Il en avait même pris le pari. On comprend mieux aujourd’hui pourquoi. Le club a en effet récemment actionné un levier licite, mais qui ne fait que déplacer et retarder le problème : l’affacturage. Une méthode qui consiste à demander une avance de trésorerie à un organisme spécialisé (souvent la filiale d’une banque de référence), garantie par des rentrées d’argent attendues et acquises, comme le reliquat des droits télé versés par la LFP. L’établissement prêteur empoche au passage une commission confortable, à la charge, bien entendu, du club. Cet affacturage ressemble à s’y méprendre aux crédits relais pratiqués dans l’immobilier. Les problèmes de trésorerie n’apparaîtront du coup qu’à la mi-mars.
D’ici là, l’actionnaire majoritaire Alain Fontenla, qui a décidé d’ouvrir le capital de Racing Investissements, aura peut-être trouvé des partenaires financiers - et donc des subsides - pour l’aider à faire la soudure jusqu’en juin.
Le procédé n’est ni illégal, ni contestable. Il est même usuel dans le monde du foot. Il accrédite juste un peu plus la thèse qu’à court terme, Alain Fontenla n’a nullement l’intention de mettre la main au portefeuille. Avec ce recours à l’affacturage, il s’est juste accordé un délai. La réalité économique le rattrapera bien un jour ou l’autre.
Wendling réfléchit
Même s’il s’est violemment emporté lundi lors du CA contre Christophe Cornelie, le nouveau directeur général délégué, avant de retrouver son calme, Thierry Wendling, actionnaire minoritaire d’EuroRacing (1,06 %), a choisi de ne pas démissionner de son poste d’administrateur. « À un moment donné, il ne sert à rien de faire de l’obstruction. Alain Fontenla a acheté le club. Il a désormais tous les pouvoirs ou presque. À lui de jouer. Nous verrons bien ce qu’il fera et je le jugerai sur ses actes, à commencer par ceux des quinze prochains jours. J’ai été tenté de présenter ma démission, mais sur les conseils de Léonard Specht, je me suis ravisé. Pour la simple et bonne raison qu’indépendamment de mon statut d’actionnaire minoritaire, je suis aussi prestataire du centre de formation (Ndlr : comme formateur) et que je me sens un devoir de responsabilité et de représentativité envers les salariés du centre. Aujourd’hui, ils sont inquiets, comme tous les employés. J’estime que pour défendre leurs intérêts, il vaut mieux pour moi être à l’intérieur du conseil d’administration - si tant est qu’Alain Fontenla accepte après l’AG du 28 de conserver au CA les minoritaires - qu’en dehors. Que je sois actionnaire ou non n’y change rien. Ce n’est pas mon intérêt financier qui guide ma volonté de représenter les gens du centre. Ce matin (hier), j’ai rencontré Hervé Seck. Il prône l’ouverture. Tout est possible. »
Stéphane Godin