L'Alsace a écrit :Un nouvel horizon ?
Soutenus par la Ville, qui, avec la CUS, maintiendra la saison prochaine son niveau de subventions 2011-2012, et la Région, qui s’engage à aider le RCS à hauteur de 600 000 euros annuels sur trois ans, les nouveaux dirigeants, qui seront reçus ce matin (9 h) à la DNCG (1), espèrent la validation de la montée en CFA. Ils ont levé 1,2 million de fonds privés en quatre jours.
Le 4 juin, le président de l’association amateur RCS Patrick Spielmann et ses deux administrateurs Henri Ancel et Erny Jacky étaient allés sur la pointe des pieds à la DNCG. Car depuis deux ans et demi, le club bas-rhinois s’était toujours fait matraquer par le gendarme financier de la Ligue ou de la Fédération. Les trois hommes avaient pourtant obtenu un sursis. Malgré l’absence du « patron » virtuel Frédéric Sitterlé, évanoui dans la nature depuis l’annonce de son retrait fin avril, les arguments développés par le trio avaient suscité l’indulgence de l’organe de contrôle. « Je suis content parce que tout ce que j’ai annoncé aux membres de la DNCG ce jour-là est en train de se faire », souligne H. Ancel trois semaines plus tard. « La vente du club est actée. Le tour de table est bouclé. À l’époque, nous nous étions présentés la queue entre les jambes. Là, je suis soulagé de constater que nous serons beaucoup plus nombreux (2). »
Tout l’aréopage des soutiens du club sera en effet présent ce matin à Paris. La Ville et la Communauté Urbaine de Strasbourg se sont engagées à reconduire à l’identique en 2012-2013 leurs subventions 2011-2012 : 650 000 euros au total (+ 100 000 euros - 50 000 chacune - d’achat de prestations).
La Région Alsace sera, elle aussi, à pied d’œuvre dans la capitale. Et pas pour y faire de la figuration. Son vice-président Antoine Herth et le directeur de cabinet de Philippe Richert, Christophe Kieffer, seront porteurs d’un engagement écrit pour un soutien annuel de 600 000 euros sur trois ans. Une promesse signée par l’ancien ministre, un peu supérieure à ce qu’il avait annoncé le 14 juin (500 000) et qui ne va pas manquer de faire jaser dans le monde sportif alsacien. « C’est une belle aide », pointe C. Kieffer. « L’appellation Alsace sera ajoutée à la dénomination Racing-Club de Strasbourg et nous avons aussi posé certaines conditions sur le fonctionnement du centre de formation. »
Si le bilan financier 2011-2012 n’a pas changé en trois semaines (Ndlr : il affiche un déficit de 1,462 million et un besoin en fonds propres de 850 000 euros au 30 juin), le budget prévisionnel 2012-2013 va, grâce à cet apport sans précédent du Conseil régional, subir un sérieux coup de « booster ». La première mouture présentée il y a trois semaines mettait en lumière un trou estimé à 700 000 euros (3), avec une subvention de la Région circonscrite à 200 000 euros. Le bonus de 400 000 euros débloqué par la collectivité territoriale va donc le réduire à 300 000. Et les besoins pour 2011-2012 et 2012-2013, à 1,15 million (850 000 + 300 000).
Des fonds suffisants pour 2011-2012 et 2012-2013
Or, depuis l’accord trouvé avec Frédéric Sitterlé jeudi soir pour le rachat de la marque RCS - qui vient d’être offerte par le pool de repreneurs à l’association amateur - et de la SAS (4) pour un euro chacune, le futur président Marc Keller a, en quatre jours, levé 1,2 million. Suffisant pour assumer la saison qui s’achève et celle qui s’annonce. Huit actionnaires se sont invités dans le premier tour de table : M. Keller lui-même, mais aussi Egon Gindorf, Paul Adam, Pierre Schmidt, Christophe Rempp (le recruteur bas-rhinois de Stuttgart dont le contrat au VFB s’achève le 30 juin), Ivan Hasek, Thierry Wendling et Thierry Herrmann. Hier soir, l’ancien international devait encore échanger par téléphone avec le champion du monde des rallyes Sébastien Loeb qui a donné son accord de principe, mais dont la participation n’était pas formalisée. L’ex-vice-président du RCS Patrick Adler pourrait, par ailleurs, prendre une participation symbolique pour avoir droit de cité.
Bref, toutes les conditions et surtout tous les fonds semblent réunis pour que la DNCG valide le projet porté par les nouveaux dirigeants. « Ce n’est pas une simple formalité », tempère néanmoins l’adjoint aux finances Alain Fontanel. « Le risque d’une mesure de contrôle de la masse salariale existe. Ce serait bien de l’éviter. En trois semaines, le plus dur a été fait. Mais il ne faut pas rater le coche. »
Le RCS l’aurait surtout raté si, entre le 4 et le 26 juin, il n’avait pu conclure sa passation de pouvoir. Il espère aujourd’hui que la normalisation de ses coulisses et l’apport d’argent frais lui permettront de composter définitivement son ticket pour le CFA.
Vers un 2 e tour de table ?
S’ils ne participeront pas immédiatement à l’augmentation de capital de la SAS Racing, Jean-Luc Jaeger (patron du traiteur Effervescence) et Lionel Burstin (président de la société immobilière Immoval) ont donné leur feu vert pour entrer dans la danse dans un 2 e temps. L’ex-milieu de l’équipe de France Olivier Dacourt, approché par son ancien coéquipier Marc Keller, s’est également déclaré intéressé. « Mais comme le délai était très court pour réunir l’argent, nous n’avons pas pu intégrer tout le monde tout de suite », indique l’enfant de Balgau, « l’essentiel est d’avoir pu réunir le 1,2 million nécessaire. »
(1) Direction nationale du contrôle de gestion de la Fédération française de football.
(2) Seront présents ce matin : Marc Keller, Alain Fontanel, Serge Oehler (adjoints strasbourgeois aux finances et aux sports, Fontanel étant aussi vice-président de la CUS), Christophe Kieffer, Antoine Herth, Patrick Spielmann et Henri Ancel.
(3) 2,7 millions de charges pour 2 millions de recettes.
(4) Société par Actions Simplifiée.
Stéphane Godin