Salim Arrache a connu huit jours pleins. Passeur face à Toulouse, buteur avec l'Algérie mercredi, il a permis (avec Alexander Farnerud) au Racing d'engranger son premier point de la saison sur une nouvelle passe décisive.
Il est d'une race en voie de disparition. Celle qui rappelle les Didier Six, Loïc Amisse ou Christophe Cocard. Il est ailier, côté gauche. « Depuis tout gamin, je joue à ce poste. Quand je suis arrivé au Racing, on avait essayé de me recentrer. Sans résultat », confie le Marseillais. Depuis tout gamin, donc, il file vite, crochète sur l'extérieur, déborde et centre.
Sang chaud
Pas vraiment un buteur, mais plutôt une machine à centrer. « Je suis un peu ça. Il faut que j'étoffe mon jeu. J'ai encore beaucoup de travail et de progrès à faire, je le sais. On apprend tous les jours », reprend Salim Arrache.
Il dit qu'il est en cours de mûrissement, dit qu'il essaie de gommer ses travers, dont son principal était d'aller chercher querelle aux quatre coins du terrain. « J'ai le sang chaud. Mais Antoine Kombouaré m'a demandé de garder mon énergie pour le jeu, de ne plus perdre mon temps à m'énerver. »
Le cadeau de Kombouaré
A Saint-Etienne, il a été titularisé pour la première fois de sa carrière en L1. « Je m'y attendais », répond-il avec aplomb. Ne devinez pas dans ses propos une trace d'arrogance, mais plus sûrement une envie de jouer. « Ulrich Le Pen s'est blessé vendredi. Donc, pour moi, c'était le jour où jamais pour voir si Antoine Kombouaré comptait sur moi. »
Passeur décisif face à Toulouse, buteur avec l'Algérie face au Burkina-Faso mercredi, Salim Arrache a su, deux heures avant le coup d'envoi, sa titularisation à Geoffroy-Guichard. « Je l'ai prise comme un cadeau. Surtout dans un stade mythique comme le chaudron. Le coach m'a demandé de jouer simplement, d'aller provoquer dans les 25 derniers mètres et, aussi, de ne pas... m'énerver. »
« J'avais la rage »
Alors, quand au bout de 84 minutes, après avoir perdu des ballons, mais s'être battu pour les récupérer, puis s'être fait ratatiner le nez par Feindouno sans se rebeller, il dépose Sablé et Garrido avant de servir Alexander Farnerud pour l'égalisation, on se dit que le pari est gagné. « J'avais la rage », se contente-t-il de dire.
Comme ses coéquipiers, il ne voulait pas perdre sans avoir tenté sa chance. « Nous sommes allés chercher les Stéphanois plus haut, et on les a ennuyés dans leur jeu. »
Un des ses autres centres, quelques minutes plus tard, aurait pu et même dû offrir un penalty au Racing. M. Lannoy, absent, oubliera de voir la faute de Camara sur Mphela. « 1-1, c'est déjà pas mal. C'est bon pour le moral. Mais ce point comptera si nous battons Istres. »
L'exemple Le Pen
Plus à l'aise dans ce 4-4-2, qui l'oblige à moins de rallyes sur son côté gauche, Salim Arrache est désormais plus qu'un simple joker. « Je ne me prends pas la tête avec ça. Si je retrouve le banc demain, je l'accepterai. »
Et il ne voit pas vraiment en Ulrich Le Pen un concurrent. « Il n'est pas ça. Ulrich me conseille, me guide. Il m'aide dans ma progression. Je le vois comme un exemple. Et lui a su modifier son jeu, apprendre à marquer des buts. »
Il parle aussi de Christian Bassila, son capitaine de route. « Il ne me pardonne rien sur le terrain et il a raison », sourit Salim Arrache, coiffé d'une casquette colorée.
Déclic
A 22 ans, il a enfin confiance en ses moyens. « Le fait de jouer avec l'Algérie m'a permis de m'épanouir. Dans mon pays ou, récemment au Nigeria, je joue devant 80 000 et 100 000 personnes, explique-t-il. Et puis, la prolongation de mon contrat a été un déclic. » Un déclic dont le Racing pourrait bénéficier durablement, donc.